Des causses à la steppe :
« Il est en France un îlot de rocaille baigné de lumière et de vent où l’herbe pousse plus librement qu’ailleurs. L’endroit dépasse en austérité bien des œuvres de la nature mais l’élevage y constitue une ressource majeure depuis les transhumances des semi-nomades néolithiques. Ses dolines jalonnent encore le parcours de milliers de brebis et accueillent le cheval de Prjevalski, disparu à l’état sauvage des plaines turco-mongoles. Ce plateau calcaire – le plus montagnard et isolé du Massif central – auquel le destin a donné un caractère farouchement oriental, c’est le causse Méjean. Je me souviens distinctement du froid matin d’hiver par lequel la succession de ses reliefs arrondis m’a envoûté : d’emblée, j’ai eu envie de troquer le confort de ma chambre contre la poésie spartiate d’un feu de camp. Au lendemain du premier bivouac, le plaisir né de la contemplation de l’aube sur la végétation rase m’a convaincu de porter mon regard plus à l’est pour fouler une autre terre d’élevage, nomade celle-là. Les habitants nomment ce terroir steppique “la petite Mongolie” et prétendent que le dessin de ses limites ressemble à celui des frontières dudit pays. Ce n’est donc pas tout à fait un hasard si j’ai pris la clé des steppes en Mongolie, y parcourant 7 000 kilomètres à pied pour découvrir sa géographie à l’étalon de mes pas. Deux années de terrain réparties en six séjours de deux à six mois, sac au dos ou accompagné d’un cheval, ont ainsi ponctué une décennie de lectures sur les cultures nomades sans étancher pourtant ma soif de connaissances. Sans doute parce que mon penchant pour l’Asie centrale s’enracine dans un instinct profond. »
Un monde pétri d’immensité (p. 15-18)
Creuset d’idées reçues (p. 36-41)
Rencontre avec le divin (p. 85-89)
« Il est en France un îlot de rocaille baigné de lumière et de vent où l’herbe pousse plus librement qu’ailleurs. L’endroit dépasse en austérité bien des œuvres de la nature mais l’élevage y constitue une ressource majeure depuis les transhumances des semi-nomades néolithiques. Ses dolines jalonnent encore le parcours de milliers de brebis et accueillent le cheval de Prjevalski, disparu à l’état sauvage des plaines turco-mongoles. Ce plateau calcaire – le plus montagnard et isolé du Massif central – auquel le destin a donné un caractère farouchement oriental, c’est le causse Méjean. Je me souviens distinctement du froid matin d’hiver par lequel la succession de ses reliefs arrondis m’a envoûté : d’emblée, j’ai eu envie de troquer le confort de ma chambre contre la poésie spartiate d’un feu de camp. Au lendemain du premier bivouac, le plaisir né de la contemplation de l’aube sur la végétation rase m’a convaincu de porter mon regard plus à l’est pour fouler une autre terre d’élevage, nomade celle-là. Les habitants nomment ce terroir steppique “la petite Mongolie” et prétendent que le dessin de ses limites ressemble à celui des frontières dudit pays. Ce n’est donc pas tout à fait un hasard si j’ai pris la clé des steppes en Mongolie, y parcourant 7 000 kilomètres à pied pour découvrir sa géographie à l’étalon de mes pas. Deux années de terrain réparties en six séjours de deux à six mois, sac au dos ou accompagné d’un cheval, ont ainsi ponctué une décennie de lectures sur les cultures nomades sans étancher pourtant ma soif de connaissances. Sans doute parce que mon penchant pour l’Asie centrale s’enracine dans un instinct profond. »
(p. 11-12)
Un monde pétri d’immensité (p. 15-18)
Creuset d’idées reçues (p. 36-41)
Rencontre avec le divin (p. 85-89)