Le Triomphe du saltimbanque, Petit essai sur les arts de la rue
Stéphane Georis
Par la magie d’un cercle tracé à la craie sur le trottoir ou d’une balle de ping-pong rouge pincée sur le nez, la vie urbaine et les passants s’arrêtent. Quel est cet être qu’un instant avant on n’aurait pas pris le temps de dévisager ? Comment, lui, le saltimbanque parvient-il à nous retenir – il en va de la recette récoltée dans le chapeau posé au sol – et à nous intéresser au sort du monde auquel nous restions indifférents ? Y a-t-il un rire universel ? Y a-t-il des thèmes qui, de Rio à Singapour, de Melbourne à Saint-Pétersbourg, enchantent et émeuvent ? Alors que la plupart des gens de scène attendent que le public vienne à eux, l’artiste de rue va au-devant de lui : il s’expose à l’incompréhension, aux gardiens municipaux et aux intempéries ; il parodie ou reconstruit le monde avec des objets insignifiants sortis de sa musette ou de sa valise en carton. Et aussitôt il redevient possible, dans la grisaille de la vie quotidienne, de sourire et de se reprendre à rêver.