La fin de l’exotisme :
« Je garde toujours cette anecdote en réserve : je voyageais pour la troisième fois au cœur des Andes, sans trop bien savoir ce qui m’attirait dans cette région du monde. J’y revenais encore et toujours avec, à chaque fois, le besoin de conserver intactes les clés de l’enchantement. Un jour, je parlais à une couturière, formatrice dans une ONG de fabrication artisanale de poupées. Tout, le décor de maisons en briques et en torchis, la nature rude des 4 000 mètres d’altitude, la tenue traditionnelle de cette femme et l’atmosphère du lieu, contribuait à me faire croire à une scène “authentique”, quête futile et dépassée s’il en est. Quand elle sortit de sa poche, sous mon regard médusé, son téléphone mobile de dernière génération pour répondre à son fils exilé dans le sud de la France, je n’en menais pas large avec mon illusion d’exotisme ! Puis elle me confia qu’elle allait regarder, le soir même, un jeu télévisé au concept exporté sur tous les écrans de la planète. Je pris à cet instant conscience que tous ces départs répétés dans les mêmes lieux de la Cordillère, loin d’être une quête répétitive à la recherche d’un dépaysement non satisfait, me permettaient surtout de construire ma liberté. Du déracinement, je souhaitais aller vers l’enracinement. Du dépaysement, qui n’existait plus à force de retours sur ces mêmes lieux, je touchais à l’“empaysement”. Alors que j’écrivais à un ami resté en France, quelques jours plus tôt, que je me sentais parfois “interdit de voyage” pour ne plus réussir à croire à l’enchantement de l’exotisme andin, je me rendais compte que mes départs n’étaient plus, et depuis longtemps, autre chose qu’un chemin personnel à construire. »
Le chant du départ (p. 32-34)
Vivre à l’étranger (p. 62-66)
Extrait court
« Je garde toujours cette anecdote en réserve : je voyageais pour la troisième fois au cœur des Andes, sans trop bien savoir ce qui m’attirait dans cette région du monde. J’y revenais encore et toujours avec, à chaque fois, le besoin de conserver intactes les clés de l’enchantement. Un jour, je parlais à une couturière, formatrice dans une ONG de fabrication artisanale de poupées. Tout, le décor de maisons en briques et en torchis, la nature rude des 4 000 mètres d’altitude, la tenue traditionnelle de cette femme et l’atmosphère du lieu, contribuait à me faire croire à une scène “authentique”, quête futile et dépassée s’il en est. Quand elle sortit de sa poche, sous mon regard médusé, son téléphone mobile de dernière génération pour répondre à son fils exilé dans le sud de la France, je n’en menais pas large avec mon illusion d’exotisme ! Puis elle me confia qu’elle allait regarder, le soir même, un jeu télévisé au concept exporté sur tous les écrans de la planète. Je pris à cet instant conscience que tous ces départs répétés dans les mêmes lieux de la Cordillère, loin d’être une quête répétitive à la recherche d’un dépaysement non satisfait, me permettaient surtout de construire ma liberté. Du déracinement, je souhaitais aller vers l’enracinement. Du dépaysement, qui n’existait plus à force de retours sur ces mêmes lieux, je touchais à l’“empaysement”. Alors que j’écrivais à un ami resté en France, quelques jours plus tôt, que je me sentais parfois “interdit de voyage” pour ne plus réussir à croire à l’enchantement de l’exotisme andin, je me rendais compte que mes départs n’étaient plus, et depuis longtemps, autre chose qu’un chemin personnel à construire. »
(p. 55-56)
Le chant du départ (p. 32-34)
Vivre à l’étranger (p. 62-66)
Extrait court