Le chant du départ :
« Je perçois le voyage comme un acte fondateur. Notre aspiration à l’inconnu en est le ciment. À l’heure où j’écris ces lignes, il me suffit de regarder autour de moi pour découvrir tous les amis ou simples connaissances qui s’engagent sur leurs chemins de traverse. À chaque génération son vent de routes nouvelles. La variété infinie des ambitions qui animent tant d’anonymes aujourd’hui fait du chant du départ un acte éminemment sensible et humain. Ils dessinent en permanence un magnifique inventaire des horizons individuels qui guident chacun de nous? Fabien est médecin. Il est parti un jour, dans un geste radical, seul, au Cameroun. Il a fait le choix d’un hôpital de brousse au nord de ce pays. Fuyant la bonne conscience des générosités trop encadrées, la liberté de son projet s’exprime dans son refus d’intégrer les structures prévues pour cette forme d’engagement. Les ONG et institutions internationales – instruments libérateurs d’hier pour tant de générations de médecins – ne sauraient désormais répondre pleinement à son désir d’absolu. Comme s’il devait construire lui-même le fil de son rapport à ce pays, transgresser les frontières culturelles et sociales du lieu qu’il a choisi tout comme celles de ses limites, il a préféré la richesse et la précarité de la solitude. Il a entrepris là un acte éminemment libre, brisant les chaînes des itinéraires balisés de son identité professionnelle autant que personnelle. Plus que des mots, c’est la beauté du geste qui importe. Elle évoque une poésie intime, une volonté délibérée d’éprouver dans sa chair les aléas d’existences qui s’épanouissent à la marge des identités sédentaires. Le voyageur moderne prend le mot “utopie” à sa racine et renoue avec son origine sémantique – un hors lieu, un non-lieu – avec la clairvoyance de celui qui embrasse le monde à pleines mains. Par l’éloignement aux autres, ce retrait volontaire exprime un souhait. Loin du brouhaha de ses origines et de ses certitudes, il part pour observer, pour forger l’acuité de son esprit critique. »
La fin de l’exotisme (p. 55-56)
Vivre à l’étranger (p. 62-66)
Extrait court
« Je perçois le voyage comme un acte fondateur. Notre aspiration à l’inconnu en est le ciment. À l’heure où j’écris ces lignes, il me suffit de regarder autour de moi pour découvrir tous les amis ou simples connaissances qui s’engagent sur leurs chemins de traverse. À chaque génération son vent de routes nouvelles. La variété infinie des ambitions qui animent tant d’anonymes aujourd’hui fait du chant du départ un acte éminemment sensible et humain. Ils dessinent en permanence un magnifique inventaire des horizons individuels qui guident chacun de nous? Fabien est médecin. Il est parti un jour, dans un geste radical, seul, au Cameroun. Il a fait le choix d’un hôpital de brousse au nord de ce pays. Fuyant la bonne conscience des générosités trop encadrées, la liberté de son projet s’exprime dans son refus d’intégrer les structures prévues pour cette forme d’engagement. Les ONG et institutions internationales – instruments libérateurs d’hier pour tant de générations de médecins – ne sauraient désormais répondre pleinement à son désir d’absolu. Comme s’il devait construire lui-même le fil de son rapport à ce pays, transgresser les frontières culturelles et sociales du lieu qu’il a choisi tout comme celles de ses limites, il a préféré la richesse et la précarité de la solitude. Il a entrepris là un acte éminemment libre, brisant les chaînes des itinéraires balisés de son identité professionnelle autant que personnelle. Plus que des mots, c’est la beauté du geste qui importe. Elle évoque une poésie intime, une volonté délibérée d’éprouver dans sa chair les aléas d’existences qui s’épanouissent à la marge des identités sédentaires. Le voyageur moderne prend le mot “utopie” à sa racine et renoue avec son origine sémantique – un hors lieu, un non-lieu – avec la clairvoyance de celui qui embrasse le monde à pleines mains. Par l’éloignement aux autres, ce retrait volontaire exprime un souhait. Loin du brouhaha de ses origines et de ses certitudes, il part pour observer, pour forger l’acuité de son esprit critique. »
(p. 32-34)
La fin de l’exotisme (p. 55-56)
Vivre à l’étranger (p. 62-66)
Extrait court