Appels :
« Tout nous pousse, dans l’époque qui est la nôtre, aux exils passagers ou durables : engagement humanitaire, études à l’étranger, défis lointains, expatriation, relations amoureuses? Nouveau dogme contemporain : une vie sans départ ne pourrait se concevoir comme réussie. En quarante ans, la planète a entamé une mutation sans précédent. Un million de Français vivent d’ores et déjà à l’étranger. Six millions d’entre eux ont désormais au moins un parent, si ce n’est eux-mêmes, né à l’étranger et partagé entre plusieurs cultures. Le grand va-et-vient des identités a commencé ! Daniel, un ami d’enfance français vivant à Lima et marié à une Péruvienne, m’a fait part de sa surprise et de sa fascination : dans la file d’attente pour obtenir la nationalité de sa terre d’accueil, il était entouré d’une myriade de destins incongrus, inimaginables quelques années plus tôt. Devant lui, un Japonais souhaitant créer son entreprise d’informatique sur les rives du Pacifique, “parce qu’il aime le surf”. Derrière lui, un Allemand impatient de cultiver des plants de quinoa sur les contreforts des Andes. En face, un Vietnamien parlant couramment français, qui venait apprendre le quechua. Au même instant, je vivais au Caire, en Égypte, et je conversais avec un étudiant sénégalais qui s’ennuyait ferme à l’université islamique d’al-Azhar. Il partait le mois suivant poursuivre ses études dans une université aux antipodes de son pays d’origine, celle de Wuhan, en Chine. La même semaine, un autre ami français, mélomane passionné d’opéra et de spectacle vivant, larguait les amarres pour s’installer à Buenos Aires, dans l’espoir d’intégrer le prestigieux théâtre Colón? Une nouvelle façon de vivre son identité est en marche. Il est évidemment délicat de comparer les exils volontaires de tant d’autres motifs de migration. Réfugiés politiques, environnementaux, économiques ne sont pourtant pas si différents des immigrés, expatriés ou simples voyageurs. Toutes ces catégories de nomadisme que Paul Virilio nomme “l’exotisme du malheur ou du bonheur”. En 2040, un milliard d’hommes vivront loin de leur terre natale. Ils font de chacun de leurs exils une odyssée moderne. »
Le chant du départ (p. 32-34)
La fin de l’exotisme (p. 55-56)
Vivre à l’étranger (p. 62-66)
« Tout nous pousse, dans l’époque qui est la nôtre, aux exils passagers ou durables : engagement humanitaire, études à l’étranger, défis lointains, expatriation, relations amoureuses? Nouveau dogme contemporain : une vie sans départ ne pourrait se concevoir comme réussie. En quarante ans, la planète a entamé une mutation sans précédent. Un million de Français vivent d’ores et déjà à l’étranger. Six millions d’entre eux ont désormais au moins un parent, si ce n’est eux-mêmes, né à l’étranger et partagé entre plusieurs cultures. Le grand va-et-vient des identités a commencé ! Daniel, un ami d’enfance français vivant à Lima et marié à une Péruvienne, m’a fait part de sa surprise et de sa fascination : dans la file d’attente pour obtenir la nationalité de sa terre d’accueil, il était entouré d’une myriade de destins incongrus, inimaginables quelques années plus tôt. Devant lui, un Japonais souhaitant créer son entreprise d’informatique sur les rives du Pacifique, “parce qu’il aime le surf”. Derrière lui, un Allemand impatient de cultiver des plants de quinoa sur les contreforts des Andes. En face, un Vietnamien parlant couramment français, qui venait apprendre le quechua. Au même instant, je vivais au Caire, en Égypte, et je conversais avec un étudiant sénégalais qui s’ennuyait ferme à l’université islamique d’al-Azhar. Il partait le mois suivant poursuivre ses études dans une université aux antipodes de son pays d’origine, celle de Wuhan, en Chine. La même semaine, un autre ami français, mélomane passionné d’opéra et de spectacle vivant, larguait les amarres pour s’installer à Buenos Aires, dans l’espoir d’intégrer le prestigieux théâtre Colón? Une nouvelle façon de vivre son identité est en marche. Il est évidemment délicat de comparer les exils volontaires de tant d’autres motifs de migration. Réfugiés politiques, environnementaux, économiques ne sont pourtant pas si différents des immigrés, expatriés ou simples voyageurs. Toutes ces catégories de nomadisme que Paul Virilio nomme “l’exotisme du malheur ou du bonheur”. En 2040, un milliard d’hommes vivront loin de leur terre natale. Ils font de chacun de leurs exils une odyssée moderne. »
(p. 20-22)
Le chant du départ (p. 32-34)
La fin de l’exotisme (p. 55-56)
Vivre à l’étranger (p. 62-66)