La Poésie du rail, Petite apologie du voyage en train
Baptiste Roux
Voyager en train est une routine et une jubilation. Le charme des machines, l’atmosphère chaleureuse ou lugubre des gares ou encore la torpeur d’un compartiment bondé renvoient à l’instant immédiat et convoquent également les souvenirs diffus d’une vie itinérante. Que l’on soit seul ou en groupe, dans une micheline ou à bord d’un TGV, le parcours ferroviaire impose naturellement son temps et son espace, transformant le paysage en durée, contractée ou dilatée selon la vitesse. Voyager en train, c’est aussi reprendre instinctivement des habitudes qui, sans renvoyer à la seule expérience intérieure, posent la question de la présence de l’autre, dans le partage plus ou moins imposé de son intimité. Rencontres, projections, rêves sur les grandes lignes mythiques : le train semble être par nature l’un des meilleurs stimulants de l’imaginaire.