Offrir l’envol :
« S’il peut apparaître comme une activité solitaire, le parapente possède une dimension collective insoupçonnée. Le premier élément qui vient à l’esprit est évidemment le vol en tandem. Il permet notamment d’initier des néophytes aux sensations du vol. Que ce soit dans un cadre commercial ou amical, le pilote endosse à la fois une responsabilité énorme – l’intégrité même de son passager – et le privilège de rendre le rêve d’Icare accessible. Il n’est pas rare qu’un vol en tandem débouche sur une inscription à un stage pour le passager souhaitant poursuivre l’aventure aérienne.
Lors de la formation pour ma qualification biplace, j’ai découvert à mon tour le plaisir d’offrir l’envol. Prendre une personne sous son aile, quitter avec elle le plancher des vaches, s’élever et percevoir son émotion sont des moments intenses. Telle une cordée d’alpinistes, le pilote et son passager, reliés par des sangles et des mousquetons, unissent temporairement leur destin le temps d’un voyage dans les airs. Comme toute expérience forte vécue à deux, le vol en tandem renforce le lien qui unit le duo. Voire le crée. Combien de couples se sont ainsi formés à la suite d’un vol en biplace !
Au-delà de sa dimension technique et pratique, la formation pour devenir “biplaceur” offre au pilote des opportunités de réflexion et de travail sur soi inattendues. Adopter la posture du “sachant” implique de faire preuve d’empathie afin de se rendre disponible pour le passager, l’informer sur ce qui advient, décrypter ses états d’âme, ses joies, ses peurs et même, plus prosaïquement parfois, ses haut-le-cœur. Rassurer un passager inquiet, éclairer un curieux, accompagner un enthousiaste nécessite également d’apprendre à dominer ses propres émotions au profit d’une écoute et d’un dévouement sincères. Renseigner sur le nom des montagnes survolées, expliquer simplement les spécificités techniques de l’aéronef, les mécanismes de la masse d’air, l’origine des ascendances et des turbulences, tout cela tient de la vulgarisation scientifique ! Une dénomination inélégante pour une mission pédagogique, une transmission exigeante mais éminemment précieuse et passionnante.
Pour certains, le vol en tandem est un partage incontournable. Enfants, parents, conjoints, amis. Pour une poignée de minutes ou pour un grand voyage. “Une paire dans le ciel”, c’est ainsi que François et Auréliane Lehen ont nommé leur traversée des Alpes en vol bivouac. Suspendus à la même voile, au gré des caprices d’Éole, ils ont vécu à l’unisson pendant six semaines entre Nice et Ljubljana. Quelques mois plus tard, ils se mariaient ! »
Sans frontières (p. 40-42)
La liberté du libériste (p. 50-53)
Extrait court
« S’il peut apparaître comme une activité solitaire, le parapente possède une dimension collective insoupçonnée. Le premier élément qui vient à l’esprit est évidemment le vol en tandem. Il permet notamment d’initier des néophytes aux sensations du vol. Que ce soit dans un cadre commercial ou amical, le pilote endosse à la fois une responsabilité énorme – l’intégrité même de son passager – et le privilège de rendre le rêve d’Icare accessible. Il n’est pas rare qu’un vol en tandem débouche sur une inscription à un stage pour le passager souhaitant poursuivre l’aventure aérienne.
Lors de la formation pour ma qualification biplace, j’ai découvert à mon tour le plaisir d’offrir l’envol. Prendre une personne sous son aile, quitter avec elle le plancher des vaches, s’élever et percevoir son émotion sont des moments intenses. Telle une cordée d’alpinistes, le pilote et son passager, reliés par des sangles et des mousquetons, unissent temporairement leur destin le temps d’un voyage dans les airs. Comme toute expérience forte vécue à deux, le vol en tandem renforce le lien qui unit le duo. Voire le crée. Combien de couples se sont ainsi formés à la suite d’un vol en biplace !
Au-delà de sa dimension technique et pratique, la formation pour devenir “biplaceur” offre au pilote des opportunités de réflexion et de travail sur soi inattendues. Adopter la posture du “sachant” implique de faire preuve d’empathie afin de se rendre disponible pour le passager, l’informer sur ce qui advient, décrypter ses états d’âme, ses joies, ses peurs et même, plus prosaïquement parfois, ses haut-le-cœur. Rassurer un passager inquiet, éclairer un curieux, accompagner un enthousiaste nécessite également d’apprendre à dominer ses propres émotions au profit d’une écoute et d’un dévouement sincères. Renseigner sur le nom des montagnes survolées, expliquer simplement les spécificités techniques de l’aéronef, les mécanismes de la masse d’air, l’origine des ascendances et des turbulences, tout cela tient de la vulgarisation scientifique ! Une dénomination inélégante pour une mission pédagogique, une transmission exigeante mais éminemment précieuse et passionnante.
Pour certains, le vol en tandem est un partage incontournable. Enfants, parents, conjoints, amis. Pour une poignée de minutes ou pour un grand voyage. “Une paire dans le ciel”, c’est ainsi que François et Auréliane Lehen ont nommé leur traversée des Alpes en vol bivouac. Suspendus à la même voile, au gré des caprices d’Éole, ils ont vécu à l’unisson pendant six semaines entre Nice et Ljubljana. Quelques mois plus tard, ils se mariaient ! »
(p. 72-74)
Sans frontières (p. 40-42)
La liberté du libériste (p. 50-53)
Extrait court