Les Arcanes du métro, Petite chronique de la vie souterraine
Baptiste Roux
Dans le monde entier, de Rio à Tokyo, du Caire à Londres, des dizaines de millions de personnes – pas moins de quatre dans le seul métropolitain de Paris – empruntent chaque jour les couloirs du métro, dans lesquels défile un monde en miniature. L’usager peut y croiser aussi bien des musiciens, des mendiants, des fous, des amoureux, des touristes, des vendeurs à la sauvette, des gens tristes ou heureux de partir ou de rentrer chez eux, toute une société en transit qui est le reflet exacerbé, concentré, de la vie en surface. Ce reflet porte aussi témoignage de l’histoire des villes : ce monde souterrain, parfois relié à des catacombes ou à d’anciennes carrières, ne se résume pas à une succession de tunnels sombres où se devinent câbles, canalisations, graffitis et anciennes publicités, il est aussi le lieu de regards envieux ou ironiques, de sourires échangés, de conversations nouées, d’altercations parfois, de rencontres imprévues. Décortiquer la vie du métro revient ainsi, tout bonnement, à comprendre la vie en général, et la vie urbaine en particulier. De même que l’organisation d’une fourmilière et le rôle qui incombe à ses membres ne se comprennent que par une vue en coupe, la ville se laisse comprendre à travers les tunnels et les galeries de son métro.