Escalators et azulejos :
« L’auteur de ces lignes est ainsi un grand admirateur du métro de Lisbonne, inauguré en 1959, c’est-à-dire exactement au début des mutilations parisiennes. Loin de toute concession au style international, les quatre lignes azul, verde, vermelha et amarela sont à la fois racées et réservées – à l’image de la capitale portuaire. Cet intitulé chromatique donne le ton d’un voyage dans un cadre souvent minéral, où le dépouillement ouvre de vastes espaces tamisés par une lumière élégante sans que l’austérité l’emporte sur l’épure. L’affichage publicitaire est d’une rare discrétion dans des stations qui, lorsqu’elles ne s’adornent pas d’azulejos, présentent des fresques qui rendent hommage à l’art des anciennes colonies, aux grandes figures du pays, voire à la bande dessinée. Rarement ville aura autant accordé son métro à son âme et à ses racines en tirant le meilleur parti du nouveau langage esthétique, des innovations techniques (chaque rame, comme c’est aussi le cas dans le métro de Barcelone, est climatisée) et des formes d’art les plus inventives. De plus, même en cas d’affluence, le passager lisboète demeure d’une courtoisie et d’un calme impressionnants, libérant le passage pour faciliter la sortie, là où le Parisien se rue vers une place libre en piétinant landaus et sacs de voyage, que ses pairs ont laissés en travers du passage? Enfin, le ticket d’un léger carton vert est d’une taille trois fois supérieure à celle de son homologue français. Orné de délicates arabesques, il ressemble davantage au billet délivré au musée des Beaux-Arts de la ville qu’à un passeport pour en fréquenter le sous-sol. »
Mélodies en sous-sol (p. 36-40)
Un miroir de la surface (p. 47-50)
Petite sociologie suburbaine (p. 73-79)
« L’auteur de ces lignes est ainsi un grand admirateur du métro de Lisbonne, inauguré en 1959, c’est-à-dire exactement au début des mutilations parisiennes. Loin de toute concession au style international, les quatre lignes azul, verde, vermelha et amarela sont à la fois racées et réservées – à l’image de la capitale portuaire. Cet intitulé chromatique donne le ton d’un voyage dans un cadre souvent minéral, où le dépouillement ouvre de vastes espaces tamisés par une lumière élégante sans que l’austérité l’emporte sur l’épure. L’affichage publicitaire est d’une rare discrétion dans des stations qui, lorsqu’elles ne s’adornent pas d’azulejos, présentent des fresques qui rendent hommage à l’art des anciennes colonies, aux grandes figures du pays, voire à la bande dessinée. Rarement ville aura autant accordé son métro à son âme et à ses racines en tirant le meilleur parti du nouveau langage esthétique, des innovations techniques (chaque rame, comme c’est aussi le cas dans le métro de Barcelone, est climatisée) et des formes d’art les plus inventives. De plus, même en cas d’affluence, le passager lisboète demeure d’une courtoisie et d’un calme impressionnants, libérant le passage pour faciliter la sortie, là où le Parisien se rue vers une place libre en piétinant landaus et sacs de voyage, que ses pairs ont laissés en travers du passage? Enfin, le ticket d’un léger carton vert est d’une taille trois fois supérieure à celle de son homologue français. Orné de délicates arabesques, il ressemble davantage au billet délivré au musée des Beaux-Arts de la ville qu’à un passeport pour en fréquenter le sous-sol. »
(p. 53-55)
Mélodies en sous-sol (p. 36-40)
Un miroir de la surface (p. 47-50)
Petite sociologie suburbaine (p. 73-79)