Pierre-François Mouriaux, Air & Cosmos n° 2790, le 8 juillet 2022 :
? Dans un texte bourré de références (de Socrate à Darwin, en passant par Pascal, Baudelaire, Tom Wolfe, Hannah Arendt, Constantin Tsiolkovski, Gu_nter Anders, George Mallory, Proust, Sartre, Franck White, Freud, saint Paul, Kitsou Dubois, Sandra Bullock, Brecht, Edmund Husserl, Fritz Lang, Paul Valéry, Bergson, Ron Howard, David Bowie, Roland Barthes, Léonard de Vinci ou Copernic), mais jamais pompeux, Jacques Arnould, expert éthique au CNES, propose de “petites extrapolations sans gravité sur le cosmos et l’humanité”. Elles sont le fruit de réflexions menées depuis trois décennies sur l’homme dans l’espace, et de rencontres avec des astronautes inspirants – en particulier Jean-Pierre Haigneré (“chevaucheur de nuages”), Yi So-yeon (la première astronaute sud-coréenne) et du marcheur lunaire Buzz Aldrin. L’auteur vagabonde, évoquant – entre autres – l’émotion d’assister au décollage d’un vaisseau spatial, la place de l’homme dans l’Univers, la difficulté des astronautes à conter leur expérience, l’utilité des vols habités, les ambitions martiennes d’Elon Musk et le projet Mars One, l’esprit d’aventure, l’opposition entre conquête et exploration, les motivations politiques qui ont déclenché la course à la Lune, le tourisme spatial, les progrès de la médecine spatiale, la “perspective plongeante” (expression proposée par Jacques Arnould pour traduire le fameux overview effect déclenché par l’observation de notre planète depuis l’espace), le recours au vocabulaire religieux de certains astronautes pour décrire leur expérience en micropesanteur, la sensation même de micropesanteur, nos liens avec la planète bleue, l’absence de risque zéro, le concept de cyborg ou l’évolution du statut de l’espace? Il faut prendre sa respiration avant d’attaquer ce texte de près de 90 pages, sans chapitres ni intertitres, mais le voyage est agréable pour l’esprit. Truffé d’interrogations, il nous sort de notre caverne moderne. »
Jean-Luc Lefebvre, Le Piège, septembre 2021 :
? Le voyage que nous propose Jacques Arnould n’est pas seulement une promenade dans l’espace exoatmosphérique, il est également une invitation à la vigilance de la conscience, comme si l’ère de la cosmicisation venait parachever le long processus de conscientisation de l’humanité.
De Socrate à Barthes, en passant par Proust et Bergson, Jacques Arnould nous entraîne dans un cheminement philosophique et initiatique en compagnie des “chevaucheurs de nuées” que sont les astronautes. Il nous fait côtoyer Buzz Aldrin et Jim Lowell, les figures du programme Apollo, mais aussi les Frenchies Jean-Pierre et Claudie Haigneré, sans omettre notre Thomas Pesquet national qui gravite au dessus de nos têtes tout en partageant sa “perspective plongeante” sur les réseaux sociaux avec les “rampants” que nous sommes.
Le chemin des étoiles serait-il réservé à quelques centaines d’astronautes professionnels triés sur le volet, ou, depuis peu, aux milliardaires en quête de sensations qui ont l’inspiration de s’offrir une excursion à 100 millions de dollars ?
Certes non, nous rassure l’auteur, puisque “nous sommes tous des astronautes !”.
Ces “Petites extrapolations sans gravité sur le cosmos et l’humanité” sont à la fois légères et profondes à l’image de leur sujet, l’espace ; elles nous transportent “par-delà les confins des sphères étoilées” et nous entraînent dans un voyage qui fait du bien. »