Le Prodige de l’amitié, Petite équipée vers les sommets de la camaraderie
Brian Mathé
D’abord pensée par Aristote, louée par Montaigne, célébrée avec une nostalgie poignante par Chateaubriand ou, sous une forme virile, par Hemingway et Kessel, l’amitié entraîne la recherche d’un semblable et s’enrichit par la différence. Elle s’épanouit dans un partage d’idées où la création et la construction communes trouvent un terreau pour fleurir sans limites. Cette alliance de fraternité et de solidarité sublime alors l’existence par la confiance qu’elle instaure et enjoint à imaginer par-delà l’horizon d’une seule conscience. Par la vertu du cercle de ses amis, l’individu voit ainsi ses propres limites questionnées, souvent repoussées, afin de répondre à la promesse d’une communion d’esprit susceptible de déboucher sur un projet collectif audacieux et excitant. Si les plus grandes aventures sont nées d’idées émanant d’un seul homme, elles ont souvent connu le succès grâce à la ferveur d’une équipe tenace. Successivement échange et refuge, par sa contribution à la réalisation personnelle qui n’empiète pas sur l’amour, elle interroge celui qui s’y livre et bouscule son ego pour l’ouvrir à l’altérité. École naturelle de respect et de tolérance, où l’on enseigne à vivre avec autrui, elle stimule et active la découverte de soi-même. Avant tout flamme intime à entretenir, dévorante parfois, l’amitié est le premier pas naturel de l’individu en tant qu’être social. En somme, elle illumine la vie de celui qui l’honore et s’en révèle digne.