Collection « Nature nomade »

  • Je m’appelle Koja
  • Le Chemin des plantes
  • Adieu Goulsary
  • Avec les ours
  • Bergère
  • Initiation (L’)
  • Un hiver de coyote
Couverture
Introduction :

« J’ai marché toute petite sur les routes de campagne, la main agrippée à celle de ma mère. J’ai trotté derrière mes parents dans des sous-bois à champignons. J’ai appris de mon père l’art de la boussole et celui de la trace. J’ai construit cent cabanes avec ma petite sœur, tressé des couronnes de chèvrefeuille, rempli des pots de mûres et de fraises des bois, de noisettes, de châtaignes. Je me suis penchée sur des empreintes de chevreuil, des anémones pulsatilles, des brins de muguet, des chanterelles, des flaques grouillant de têtards.
Cette impression étrange d’avoir toujours grandi sur les chemins.
Cent fois je me suis mise en route, pour deux heures ou pour deux semaines, parfois accompagnée mais tout autant seule. Avec une carte et une gourde d’eau. Quelques pinceaux peut-être. Un sac, pour les trouvailles. Un carnet pour les mots. J’en ai fait plusieurs livres, tiré quelques dessins. Par les phrases ou par les couleurs, je ne cesse de tenter de faire sa place à ce besoin impérieux qui m’empoigne si souvent de traduire, de partager, de porter vers d’autres un peu de l’expérience vécue.
Les années passent. Sur mes rayonnages, carnets et dessins s’accumulent en même temps qu’à la cave les chaussures éculées.
J’ai quelques cicatrices, souvenir d’une épine ou d’un caillou. J’ai le mollet dur et des rides au coin des yeux. Car en même temps que je faisais le chemin, tassant la terre, pliant les herbes, confirmant par mon passage le sentier que d’autres avaient suivi avant moi, en même temps le chemin m’a façonnée. Il m’a griffée, tannée. Il a imprimé à mon pas la cadence mesurée du marcheur, il a affûté mes sens sur lesquels je compte pour dénicher les girolles ou la menthe, pour me signaler les sangliers au fond du hallier ou l’orage sur la crête. Il a crevassé mon talon et mon dos s’est voûté sous le poids du sac. Un peu de terre toujours reste collée à ma semelle.
Tant de chemins ainsi fréquentés. Combien de kilomètres, d’heures et de jours ? Combien de kilos portés sur les épaules ?
Rien d’exceptionnel, quoi qu’il en soit.
Le pas d’un humain sur la Terre. »
(p. 11-12)

Enfance (p. 24-27)
Reconnaissance (p. 60-64)
Inventivité (p. 119-123)
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