Collection « Nature nomade »

  • Sagesse de l’herbe
  • Le Chemin des plantes
  • Je m’appelle Koja
  • Adieu Goulsary
  • Avec les ours
  • Bergère
  • Initiation (L’)
  • Un hiver de coyote
Couverture
Chapitre IX, dont vous connaîtrez le sujet après l’avoir lu :

« — Kojè le Noir, regarde-moi ça !
— Ã‡a vient d’où ?
— Ã‡a fera un parfait malahaï, non ?
Sultan tenait en main deux peaux d’agneau grises, de l’astrakan.
Étrange, d’où cela pouvait-il venir ? Pas du ciel, tout de même ! Je les ai palpées de la main. Elles étaient douces comme de la soie, et apprêtées d’une manière irréprochable : le revers ressemblait à une feuille de papier blanche.
— Holà ! mais où as-tu pris ça ?
— Un cadeau du Seigneur.
J’ai pensé que si Dieu s’était avisé de combler un mortel de cadeaux, il n’aurait sûrement pas commencé par Sultan.
— Dis-moi la vérité, ça vient d’où ?
— Elles te plaisent ?
— Elles sont belles !
— Sulteken ne s’intéresse pas à n’importe quoi. Tiens-le-toi pour dit !
C’est alors qu’un berger, contre toute attente, a surgi devant nous dans la petite clairière. Il menait un cheval à la longe. Sulteken m’a arraché des mains les peaux d’agneau et les a cachées dans la sacoche de cuir qu’il portait à son dos.
— Motus et bouche cousue, Kojè le Noir !
L’ombre trouble d’un soupçon m’a traversé l’esprit. “Et si ce chenapan avait dérobé la fourrure dans la yourte ?” La pensée m’effrayait.
Le berger se tenait immobile sur la piste que nous suivions. Bientôt, nous avons pu l’observer de plus près. C’était un homme entre deux âges, à la face épaisse terminée par une barbichette pointue. Un bonnet de feutre blanc, passé par le soleil, lui surmontait la tête.
— Salamaleïkum, vieux père !
— Aleïkumsalam. Vous avez du feu, les gars ?
Sultan a tiré des allumettes de sa poche et les a tendues au berger. Dans le repli de son bonnet, l’homme portait une grosse cigarette qu’il s’était roulée lui-même. Celle-ci allumée à la hâte, le vieux en a tiré plusieurs bouffées avides, exhalant la fumée avec volupté.
— Oh ! les p’tits gars, comme ça fait du bien, Dieu vous le rendra. Je suis à court d’allumettes, maudites soient-elles, et j’en souffre depuis un bon bout de temps. De quel kolkhoze êtes-vous ?
En me fichant un coup de coude, Sultan a menti du tac au tac :
— Du Kalinine.
J’étais étonné. Pourquoi mentait-il ? Pourquoi ne pas dire que nous étions du kolkhoze Vie nouvelle ?
— Ce que tu peux être bête, Kojè le Noir ! Va savoir : ce berger est peut-être Jumagul, le maître de la yourte où nous avons bu le koumys. Imagine qu’il découvre la disparition de ses peaux d’agneau et qu’il se lance à notre recherche ? Dans ce cas, on risque gros. Or, là, pour nous retrouver au kolkhoze Kalinine, au diable vauvert, il pourra toujours courir. »
(p. 81-83)

Chapitre premier, où le lecteur fait connaissance avec le protagoniste, c’est-à-dire moi-même (p. 23-24)
Dans le chapitre V, vous saurez comment j’ai joué aux dames avec Janar et découvrirez l’oiseau magique du rêve (p. 56-58)
Extrait court
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