Collection « Nature nomade »

  • Sagesse de l’herbe
  • Le Chemin des plantes
  • Je m’appelle Koja
  • Adieu Goulsary
  • Avec les ours
  • Bergère
  • Initiation (L’)
  • Un hiver de coyote
Couverture
Chapitre premier, où le lecteur fait connaissance avec le protagoniste, c’est-à-dire moi-même :

« Je m’appelle?
Quand j’essaie de prononcer mon nom, j’ai l’impression d’avoir la langue collée au palais. J’imagine qu’avoir un joli nom, ce doit être un vrai bonheur. Prenez l’exemple de prénoms comme Mourat, Bolat, Erbol, Bahyt. Faciles à prononcer et agréables à l’ouïe. De plus, comme le dit notre professeure de kazakh Maïkanova-tate, ces noms-là ont un sens qui renferme une grande idée. J’ai remarqué que ceux qui ont la chance d’être bien nommés sont fiers de leur nom et le prononcent haut et fort quand ils se présentent.
Mais il y a des noms qu’il est gênant de prononcer et même d’entendre. Si tel est votre cas, vous en serez le premier contrarié, sans parler des autres. Si cela ne tenait qu’à vous, bien sûr, vous en changeriez aussitôt pour un plus joli. Mais hélas ! le jour lointain où vous n’étiez encore qu’un bébé rose au berceau, vos parents, ou peut-être l’un de ces convives qui festoyaient au _ildehana ont profité de votre vulnérabilité pour vous affubler du prénom le plus bête et ridicule qui puisse être au monde. Par exemple, le fils d’Okemba a été baptisé carrément Tynjyrtar. On raconte qu’au _ildehana un convive en goguette avait lancé l’idée pour rire, aussitôt bruyamment approuvée par tous les autres : pas de meilleur prénom possible, les parents n’ont plus qu’à suivre.
C’est ainsi que dès la naissance le prénom donné au nourrisson lui colle à la peau comme s’il avait vu le jour avec. Et plus moyen de s’en défaire. Même s’il vous dégoûte, il fera partie de vous jusqu’à la fin de vos jours.
Eh oui, la vie est pleine d’injustices pareilles. J’ai lu dans un journal comment se faisait l’attribution des prénoms en Chine. L’article m’a beaucoup intéressé. Il s’avère que, là-bas, on ne baptise pas les enfants jusqu’à l’âge de 5 ou 6 ans, et qu’on les appelle de différentes façons : “le p’tit moyen”, “le p’tit cadet”, “le bien-aimé”, “le p’tit mignon”, etc. Ensuite, à 5 ou 6 ans, l’enfant choisit lui-même un prénom à sa guise. Ce n’est que justice, non ?
Bon. Quand c’est fait, c’est fait, on n’y peut plus rien. J’en viens donc à l’essentiel. Ainsi, je m’appelle Koja. Comme vous le voyez, mon prénom n’a rien de particulier. En fait, pour être exact, j’ai d’abord été baptisé Kojabergen, et pas Koja. Oui, oui, c’est inscrit comme ça dans mon acte de naissance. Mais on voit tant de transformations dans la vie ! Avec le temps, “Kojabergen” a perdu sa queue. De quand date l’étonnante mutation, mystère. Nul ne saurait en dire ni l’année, ni le mois, ni le jour.
Bref, aussi loin que je me souvienne, je m’appelle Koja. Tous ceux qui me connaissent dans les parages m’appellent ainsi. »
(p. 23-24)

Dans le chapitre V, vous saurez comment j’ai joué aux dames avec Janar et découvrirez l’oiseau magique du rêve (p. 56-58)
Chapitre IX, dont vous connaîtrez le sujet après l’avoir lu (p. 81-83)
Extrait court
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