Chapitre 10 :
« Nuit. Nuit profonde. Un vieil homme et un vieux cheval. Un feu qui brille au bord d’un ravin. La flamme tombe et rejaillit tour à tour dans le vent? La terre dure et glacée engourdit le flanc de l’amblier. Un poids lourd comme la fonte lui comprime la nuque, sa tête est lasse d’aller de bas en haut, de bas en haut, comme le jour où il avait couru, malgré le kichèn qui lui entravait les jambes. Et comme ce jour-là, il ne peut ni prendre son élan ni se débarrasser de ses chaînes. Il voudrait donner le champ libre à ses jambes, à s’en roussir les sabots, il voudrait voler au-dessus de la Terre et respirer à pleine poitrine, il voudrait arriver au plus vite à la prairie, y hennir à gorge déployée, rameuter le troupeau et entraîner à sa suite juments et poulains dans la vaste steppe aux parfums d’absinthe, mais ses entraves le lient. Seul au bruit rythmé de ses chaînes, comme un bagnard en fuite, il avance pas à pas, pas à pas. Tout est désert, obscurité, solitude. La lune se montre et se cache tour à tour entre deux flots de vent. Lorsqu’il bondit et lève la tête, elle se dresse devant ses yeux. Lorsqu’il baisse la tête, la lune retombe comme une pierre. »
Chapitre 1 (p. 18-20)
Chapitre 7 (p. 106-108)
Chapitre 8 (p. 123-125)
« Nuit. Nuit profonde. Un vieil homme et un vieux cheval. Un feu qui brille au bord d’un ravin. La flamme tombe et rejaillit tour à tour dans le vent? La terre dure et glacée engourdit le flanc de l’amblier. Un poids lourd comme la fonte lui comprime la nuque, sa tête est lasse d’aller de bas en haut, de bas en haut, comme le jour où il avait couru, malgré le kichèn qui lui entravait les jambes. Et comme ce jour-là, il ne peut ni prendre son élan ni se débarrasser de ses chaînes. Il voudrait donner le champ libre à ses jambes, à s’en roussir les sabots, il voudrait voler au-dessus de la Terre et respirer à pleine poitrine, il voudrait arriver au plus vite à la prairie, y hennir à gorge déployée, rameuter le troupeau et entraîner à sa suite juments et poulains dans la vaste steppe aux parfums d’absinthe, mais ses entraves le lient. Seul au bruit rythmé de ses chaînes, comme un bagnard en fuite, il avance pas à pas, pas à pas. Tout est désert, obscurité, solitude. La lune se montre et se cache tour à tour entre deux flots de vent. Lorsqu’il bondit et lève la tête, elle se dresse devant ses yeux. Lorsqu’il baisse la tête, la lune retombe comme une pierre. »
(p. 136-137)
Chapitre 1 (p. 18-20)
Chapitre 7 (p. 106-108)
Chapitre 8 (p. 123-125)