Mer de Chine :
« Au Vietnam, avant de mettre à l’eau un bateau, il faut consulter les oracles. C’est le devin de monsieur Ba qui doit décider de la date et de l’heure favorables. Par bonheur, ou peut-être par habitude, la date choisie coïncide avec la grande marée, soit le seizième jour du mois lunaire, le 27 octobre 1996 à 13 heures. Les représentants de la presse vietnamienne et plus de deux cents personnes assistent au lancement. Pour honorer son équipe et marquer l’événement, monsieur Ba habille ses charpentiers en bleu de la tête aux pieds. Les voisins aussi sont présents, surtout pour observer de près ces Occidentaux qui descendent des taxis et des voitures officielles, ou arrivent du centre-ville en bateau à moteur. Tout le monde patauge dans la boue et cherche à s’installer sans tomber dans la rivière ni déchirer ses vêtements. Une fois la foule en place, monsieur Ba et le consul général de France, monsieur Buguet, se succèdent au pupitre placé devant la jonque pour prononcer les incontournables discours. Nous fixons tous nos regards sur Sao Mai, parée de drapeaux et de rubans rouges. Qu’elle est belle dans ses habits de fête ! L’heure du baptême arrive. Selon la tradition des corsaires français, la marraine, Julia Anh Long, âgée de 2 ans, lance, secondée par sa mère, la bouteille de champagne qui explose contre la coque. D’ultimes offrandes, dont un verre de pastis, appellent la protection des dieux locaux. Enfin, le capitaine monte à bord, dans un silence absolu. Pendant que les ouvriers ôtent les dernières cales, chacun retient son souffle. L’air est lourd et chaud en cette saison des pluies. Sao Mai cule, prend de la vitesse, s’élance. L’instant d’après, elle se redresse, en même temps que le capitaine. Les applaudissements et les cris de joie fusent : nous venons d’assister à la naissance de notre bateau ! Avec précaution, il est amarré au quai, pendant que la foule impatiente se précipite à bord, au risque de provoquer un chavirage car le lest n’est pas encore posé. La marée ne cesse de monter, envahissant la maison sur pilotis de monsieur Ba. Peu après, une pluie fine se met à tomber : de très bon augure, nous dit-on. »
Océan Indien (p. 46-49)
Océan Indien (p. 62-65)
Extrait court
Extraits d’articles
La navigation à bord d’une jonque
« Au Vietnam, avant de mettre à l’eau un bateau, il faut consulter les oracles. C’est le devin de monsieur Ba qui doit décider de la date et de l’heure favorables. Par bonheur, ou peut-être par habitude, la date choisie coïncide avec la grande marée, soit le seizième jour du mois lunaire, le 27 octobre 1996 à 13 heures. Les représentants de la presse vietnamienne et plus de deux cents personnes assistent au lancement. Pour honorer son équipe et marquer l’événement, monsieur Ba habille ses charpentiers en bleu de la tête aux pieds. Les voisins aussi sont présents, surtout pour observer de près ces Occidentaux qui descendent des taxis et des voitures officielles, ou arrivent du centre-ville en bateau à moteur. Tout le monde patauge dans la boue et cherche à s’installer sans tomber dans la rivière ni déchirer ses vêtements. Une fois la foule en place, monsieur Ba et le consul général de France, monsieur Buguet, se succèdent au pupitre placé devant la jonque pour prononcer les incontournables discours. Nous fixons tous nos regards sur Sao Mai, parée de drapeaux et de rubans rouges. Qu’elle est belle dans ses habits de fête ! L’heure du baptême arrive. Selon la tradition des corsaires français, la marraine, Julia Anh Long, âgée de 2 ans, lance, secondée par sa mère, la bouteille de champagne qui explose contre la coque. D’ultimes offrandes, dont un verre de pastis, appellent la protection des dieux locaux. Enfin, le capitaine monte à bord, dans un silence absolu. Pendant que les ouvriers ôtent les dernières cales, chacun retient son souffle. L’air est lourd et chaud en cette saison des pluies. Sao Mai cule, prend de la vitesse, s’élance. L’instant d’après, elle se redresse, en même temps que le capitaine. Les applaudissements et les cris de joie fusent : nous venons d’assister à la naissance de notre bateau ! Avec précaution, il est amarré au quai, pendant que la foule impatiente se précipite à bord, au risque de provoquer un chavirage car le lest n’est pas encore posé. La marée ne cesse de monter, envahissant la maison sur pilotis de monsieur Ba. Peu après, une pluie fine se met à tomber : de très bon augure, nous dit-on. »
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Océan Indien (p. 46-49)
Océan Indien (p. 62-65)
Extrait court
Extraits d’articles
La navigation à bord d’une jonque