Collection « Compagnons de route »

  • Robert Louis Stevenson
  • Henry Miller
  • Antoine de Saint Exupéry
  • Abbé Pierre
  • Panaït Istrati
  • Joseph Kessel
  • Stanley Kubrick
  • Vladimir Vyssotski
  • Ernest Hemingway
  • Blaise Cendrars
Couverture

Michel Ciment, Positif n° 657, novembre 2015 :
« Baptiste Roux, connu des lecteurs de Positif, revue à laquelle il a confié plusieurs chantiers de réflexion, propose à l’image des “Que sais-je ?” des Puf et de la défunte collection “Découvertes” de Gallimard, une réflexion à la fois biographique, thématique et stylistique où la concision ne nuit pas à la densité de réflexion. Non sans humour, il date sa fascination pour les films de Kubrick au passage sur FR3 de 2001, au début des années 1980, qui ne manque pas de l’assoupir ! Il analyse certaines constantes : les désorganisations des dispositifs, la réversibilité de la nature humaine, la sublimation des possibles, le divorce entre l’illusion de maîtrise et l’exercice réel de celle-ci. Il ne néglige pas le portrait de l’artiste au travail (“L’implication inconditionnelle au service du film relève avant tout de l’honnêteté morale et, surtout, d’une éthique qui ne souffrent pas de concessions.”) mais reconnaît aussi que ses exigences ne sont pas sans conséquences pour ses collaborateurs : cornée déchirée (Malcolm McDowell), hernie (Garett Brown), contusions musculaires (Scatman Crothers), septicémie (Ray Lovejoy), dépression nerveuse (Ken Adam, Shelley Duvall), épaule luxée (Matthew Modine), ulcère (Tom Cruise). Le mystère entourant Kubrick conduit toutefois l’auteur à des anecdotes erronées. Il prend pour argent comptant les propos de Kirk Douglas, toujours prompt à tirer la couverture à lui, qui s’est vanté d’avoir obligé le cinéaste à renoncer à son happy ending pour Les Sentiers de la gloire et ignore que l’actrice la plus sûrement pressentie pour son projet War Time Lies ne fut ni Uma Thurman ni Julia Roberts mais Johanna ter Steege. Mais on lira avec profit cette riche étude qui s’achève de façon ludique par une vingtaine de pages de chiffres et de renseignements parfois savoureux et toujours instructifs. Et on saura gré à Baptiste Roux de rapporter un propos de Steven Spielberg souvent présenté comme son héritier et pourtant si loin de lui : “J’admire Barry Lyndon, mais j’ai l’impression d’une visite exhaustive du Prado sans manger.” »

Vincent Turhan, cinéphile, le 30 mars 2015 :
« Stanley Kubrick, Au-delà de l’image retrace l’œuvre d’un des réalisateurs les plus controversés du 7e art, et d’un fabuleux compagnon de route. L’auteur segmente son récit de manière intelligente avec un chapitrage tout à fait approprié à la complexité du parcours de l’homme. En effet, à travers sa filmographie, le New-Yorkais ne cesse de se réinventer, depuis ses premiers courts-métrages comme Day of the Fight, jusqu’à son ultime opus Eyes Wide Shut, en passant par les cultissimes 2001, l’odyssée de l’espace et Orange mécanique. Guidé par une vision et un acharnement quasi obsessionnel, Kubrick innove toujours son art dans la forme comme dans le fond. Ainsi, l’auteur met aussi bien en avant ses prouesses techniques, souvent très avancées sur leur temps, que sa mise en scène très personnelle et audacieuse. Il expose aussi son perfectionnisme sans bornes l’amenant à multiplier les semaines de tournage et s’attirer les foudres des producteurs jusqu’à son retrait de la scène hollywoodienne à partir de 1962. Enfin, il s’emploie à dépeindre la vie personnelle d’un artiste dont le cheminement de pensée est toujours intimement lié à sa vision, et à ce qu’il cherche à exprimer dans ses films. Baptiste Roux signe donc une biographie ciblée et pertinente qui aborde avec justesse les plus beaux épisodes de la vie de ce réalisateur unique. À découvrir, pour les grands fervents, comme les plus sceptiques ! »

LD, www.amazon.fr, le 16 février 2015 :
« Encore un livre sur Stanley Kubrick ? Oui, et pourtant il en existe de nombreux. Encore un très bon livre sur S. K. ? Oui, et pourtant il y en a également plus d’un.
C’était d’autant moins gagné que
Stanley Kubrick, Au-delà de l’image vient s’inscrire dans une collection, appelée “Compagnons de route”, d’ouvrages qui selon l’éditeur Transboréal “emmènent sur la trace d’hommes et de femmes d’exception qui ont rapporté de leurs voyages un savoir et une expérience forgés au vent des grands espaces”. Quoi ? Faire entrer au chausse-pied “le reclus de St Albans” dans une telle collection, aux côtés d’Ernest Hemingway ou Blaise Cendrars, lui qui notoirement quittait le moins possible sa demeure et encore moins son pays d’élection, l’Angleterre, lui qui recréait le Vietnam ou New York à quelques kilomètres de chez lui ou en studio ? Il est vrai qu’aux maîtres du voyage imaginaire aucune porte n’est fermée, d’autant que d’odyssées de l’espace en odyssées du temps Kubrick aura embarqué assez de spectateurs sidérés.
Le succès de l’entreprise n’était pas non plus favorisé par le nombre de pages (160 hors annexes, pas spécialement tassées), ni par son côté hybride. À strictement parler ni exploration biographique ni étude approfondie des films, le texte de Baptiste Roux choisit de ne pas choisir, comme il sied à un petit ouvrage qui chercherait à approcher dans un même mouvement un auteur et son œuvre dans un espace relativement restreint.
Tout en procédant chronologiquement et en couvrant toutes les grandes étapes de la vie et de la carrière du cinéaste, de ses années de formation au dernier film, des œuvres terminées aux projets inaboutis qui l’ont occupé pendant des années, l’auteur fait ressortir les constantes et tisse des liens entre les thèmes, motifs et personnages. De façon traditionnelle, mais avec une maîtrise plus grande que d’autres, il densifie son texte en multipliant des notations qui l’ouvrent sans que pour autant elles lui fassent perdre le fil. Dans une langue riche, ne cédant que rarement à la tentation de l’afféterie stylistique, il fait montre d’une excellente connaissance du sujet et nourrit son texte de nombreuses références venant d’ailleurs, sans trop l’alourdir en les insérant. Si l’on a déjà beaucoup lu sur Kubrick, on n’apprendra pas forcément grand-chose certes, mais on retrouvera avec d’autant plus de plaisir des éléments bien connus qu’ils ont été réagencés intelligemment et parfaitement insérés dans le corps du texte. Si l’on n’a pas lu énormément sur le sujet, on aura un portrait aussi complet du personnage et de son œuvre que le permet un tel espace. Et pourquoi pas d’ailleurs commencer par ce livre-là, plutôt que de se porter de prime abord sur une biographie à l’américaine plus conséquente ou sur une étude plus poussée des films ?
Soucieux de ne pas reconduire les légendes noires qu’a pu susciter le personnage et de ne pas relayer en dépit du bon sens les délires d’interprétation qui ont accompagné les œuvres, Baptiste Roux n’élude évidemment pour autant ni la question du perfectionnisme obsessionnel de Kubrick, ni celle de la maîtrise formelle intimidante de ses films. Le portrait qu’il fait de l’homme, nullement hagiographique, est mesuré alors même qu’il ne mesure pas son admiration pour l’œuvre. S’il peut à l’occasion lâcher une remarque amusée, il n’est pas question pour lui de chercher à aller contre le prestige quasi universel dont jouit à présent le cinéaste. Un auteur en empathie profonde avec son sujet mais qui sait faire preuve d’assez de distance critique pour ne pas y être inféodé, c’est sans doute l’idéal. En dépit de ses inévitables limites, ce texte donne de ce point de vue toute satisfaction. Je ne regretterai pour ma part que le fait que, pour certains films, il reste trop peu d’espace une fois décrits les conditions extérieures (de leur préparation à leur réception) et leur contenu. Mais après tout, d’autres ont déjà publié de copieuses analyses, et il ne s’agit pas de reprocher à cet ouvrage de ne pas être ce qu’il n’a pas cherché à être. D’autant que les éléments d’analyse formelle ne font en définitive pas figure de parents pauvres, même s’ils n’ont pas toujours pu être développés autant qu’il eût été souhaitable.
Les annexes comprennent une chronologie succincte et une petite bibliographie commentée, ainsi que des miscellanées (anecdotes, faits et chiffres divers ; renseignements sur les tournages ; éclairages sur certaines des rumeurs ayant couru sur Kubrick, etc.).
À mon sens, ce petit
opus – absolument non illustré, précisons-le, mais imprimé sur un assez beau papier – pourrait à présent faire office de première lecture sur Kubrick si l’on ne souhaite pas un album à la riche iconographie ou un ouvrage proposant des analyses plus poussées sur chaque film. Comme j’avais consacré des commentaires incluant de brefs comparatifs sur plusieurs des ouvrages majeurs publiés en français, je renvoie à eux. À commencer par ceux de Michel Ciment (Kubrick, avec une préface de Martin Scorsese) et de Michel Chion (Stanley Kubrick, L’humain, ni plus ni moins). Pour un livre qui tient plus de l’essai sur et autour de l’œuvre de Kubrick, voir Le Cinéma au bord du monde, Une approche de Stanley Kubrick de Philippe Fraisse. »

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