Galerie particulière – Périple de Beauchesne à la Terre de Feu (1698-1700)

« Dessins des sauvages du détroit de Magellan, dont les femmes et les filles plongent au fond des rivages de la mer en toutes saisons pour avoir de grandes moules et autres coquillages qui leur servent en partie de subsistance, ce qu’elles réitèrent tous les jours. A sont des Français qui font plonger les femmes des sauvages pour des couteaux, ciseaux et autres bagatelles afin d’avoir de grandes moules B qui sont à 4 et 5 brasses dans l’eau et qui ont jusqu’à 9 et 10 pouces de longueur sur une grosseur proportionnée. C est un sauvage qui offre sa flèche et son arc à un Français qui lui fait signe de s’en servir devant lui sur quelques oiseaux qui passent. D est une femme qui a apporté du fond une grosse pierre E à laquelle tiennent plusieurs paquets de moules qu’elle n’a pu arracher avec les mains ; elle a apporté cette pierre sous son bras en nageant avec l’autre. F est une autre femme, laquelle avant que de plonger regarde au fond de l’eau en se couvrant les yeux avec une main et nageant avec l’autre à cause du soleil ou du grand jour, pour voir les endroits où il y a le plus de ces moules et les aller chercher. G représente une de ces femmes, lesquelles plongent en se croisant les jambes l’une sur l’autre avec tant d’adresse que, quoiqu’elles soient tout à fait nues, il n’est pas possible de rien voir de ce que la pudeur nous oblige à cacher. H est encore une autre de ces femmes qui plonge, mais non pas avec les mêmes précautions que la précédente parce qu’elle est hors la vue des étrangers et qu’entre eux ils ne se cachent rien. I est encore une femme dans un de leurs canots, laquelle tient un enfant sur ses genoux et gouverne avec un aviron, de peur que son bateau qui n’est point attaché n’aille à la dérive suivant le cours de la marée. L est un Français qui appelle cette même femme pour la faire plonger comme les autres pour un petit collier de rassade qu’il lui montre à la main. M est un chien de sauvage qu’ils nous donnèrent. N sont de gros rochers dont presque tous les rivages de la mer sont bordés, et c’est après eux que tiennent les plus grandes moules. O est un sauvage, gros, grand et robuste. P en est un autre fluet, petit et mince de corps, ainsi qu’il s’en trouve parmi eux comme parmi nous, quoique l’exagération de plusieurs auteurs anciens qui nous les ont décrits comme des petits géants, et cruels, cependant ils ne sont ni l’un ni l’autre. Il y en a de toutes tailles ordinaires et ils sont doux et forts humains. Ils étaient si bien accoutumés avec nous qu’ils nous suivaient presque dans tous les ports pour nous apporter du gibier et des moules qu’ils connaissaient nous faire du plaisir, aussi qui que ce soit de nous ne leur a-t-il fait de mal, car en ce cas je crois qu’ils seraient hommes comme les autres. Ce qui arriva aux flibustiers à la rivière du Massacre en fera voir une expérience assez remarquable ; quelques sauvages en sont encore marqués. »

« Dessins des sauvages du détroit de Magellan, dont les femmes et les filles plongent au fond des rivages de la mer en toutes saisons pour avoir de grandes moules et autres coquillages qui leur servent en partie de subsistance, ce qu’elles réitèrent tous les jours. A sont des Français qui font plonger les femmes des sauvages pour des couteaux, ciseaux et autres bagatelles afin d’avoir de grandes moules B qui sont à 4 et 5 brasses dans l’eau et qui ont jusqu’à 9 et 10 pouces de longueur sur une grosseur proportionnée. C est un sauvage qui offre sa flèche et son arc à un Français qui lui fait signe de s’en servir devant lui sur quelques oiseaux qui passent. D est une femme qui a apporté du fond une grosse pierre E à laquelle tiennent plusieurs paquets de moules qu’elle n’a pu arracher avec les mains ; elle a apporté cette pierre sous son bras en nageant avec l’autre. F est une autre femme, laquelle avant que de plonger regarde au fond de l’eau en se couvrant les yeux avec une main et nageant avec l’autre à cause du soleil ou du grand jour, pour voir les endroits où il y a le plus de ces moules et les aller chercher. G représente une de ces femmes, lesquelles plongent en se croisant les jambes l’une sur l’autre avec tant d’adresse que, quoiqu’elles soient tout à fait nues, il n’est pas possible de rien voir de ce que la pudeur nous oblige à cacher. H est encore une autre de ces femmes qui plonge, mais non pas avec les mêmes précautions que la précédente parce qu’elle est hors la vue des étrangers et qu’entre eux ils ne se cachent rien. I est encore une femme dans un de leurs canots, laquelle tient un enfant sur ses genoux et gouverne avec un aviron, de peur que son bateau qui n’est point attaché n’aille à la dérive suivant le cours de la marée. L est un Français qui appelle cette même femme pour la faire plonger comme les autres pour un petit collier de rassade qu’il lui montre à la main. M est un chien de sauvage qu’ils nous donnèrent. N sont de gros rochers dont presque tous les rivages de la mer sont bordés, et c’est après eux que tiennent les plus grandes moules. O est un sauvage, gros, grand et robuste. P en est un autre fluet, petit et mince de corps, ainsi qu’il s’en trouve parmi eux comme parmi nous, quoique l’exagération de plusieurs auteurs anciens qui nous les ont décrits comme des petits géants, et cruels, cependant ils ne sont ni l’un ni l’autre. Il y en a de toutes tailles ordinaires et ils sont doux et forts humains. Ils étaient si bien accoutumés avec nous qu’ils nous suivaient presque dans tous les ports pour nous apporter du gibier et des moules qu’ils connaissaient nous faire du plaisir, aussi qui que ce soit de nous ne leur a-t-il fait de mal, car en ce cas je crois qu’ils seraient hommes comme les autres. Ce qui arriva aux flibustiers à la rivière du Massacre en fera voir une expérience assez remarquable ; quelques sauvages en sont encore marqués. »

Images de Duplessis, extraites de l’ouvrage Périple de Beauchesne à la Terre de Feu (1698-1701), Une expédition mandatée par Louis XIV
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