La fable des collines de Valdaï :
« Les températures sont douces. Des milliers de kilomètres s’offrent à moi. Je glisse sur un fleuve magistral, et cela pourrait durer des mois. Depuis sa source, la Volga s’épand en une série de lacs qui sont autant de grands réservoirs. C’est donc ici, sur le lac Sterj, que je commence à pagayer. Au loin, sur la rive droite, sommeille une église en ruine. L’édifice, aux murs désossés, au clocher martyrisé, témoigne des heures sombres de la révolution bolchevique. Pourtant l’ambiance autour de moi est sereine, le temps s’écoule délicieusement.
Sur un chêne foudroyé, au tronc à moitié immergé, de petites mouettes aux ailes bleutées regardent l’horizon. Ma pagaie s’enfonce dans l’onde et les kilomètres ne comptent pas. Je m’abreuve de visions uniques, de paysages inconnus et jusque-là fantasmés, d’endroits dont je n’ai pas encore rêvé. Mon corps et mon esprit s’unissent dans l’effort. Non loin, je distingue des villages. J’entends une tronçonneuse, j’aperçois des animaux au pâturage, quelques silhouettes humaines les accompagnent, à proximité d’isbas jaune et bleu. Depuis le rivage, je dois ressembler à un objet flottant à la dérive. Hormis quelques canots de pêcheur, il n’y a pas d’activité nautique.
Se peut-il que les habitants du fleuve me considèrent comme un extraterrestre ? Seront-ils amicaux lorsque je toucherai terre ? Si j’ai faim, me nourriront-ils ? Si j’ai froid, m’accueilleront-ils ? Je ne connais pas leur état d’esprit, mais plus mes coups de pagaie s’intensifient, plus mon sentiment de liberté s’accroît. »
La Volga au grand cours (p. 57-60)
Volga et Kama (p. 107-109)
La steppe (p. 148-149)
« Les températures sont douces. Des milliers de kilomètres s’offrent à moi. Je glisse sur un fleuve magistral, et cela pourrait durer des mois. Depuis sa source, la Volga s’épand en une série de lacs qui sont autant de grands réservoirs. C’est donc ici, sur le lac Sterj, que je commence à pagayer. Au loin, sur la rive droite, sommeille une église en ruine. L’édifice, aux murs désossés, au clocher martyrisé, témoigne des heures sombres de la révolution bolchevique. Pourtant l’ambiance autour de moi est sereine, le temps s’écoule délicieusement.
Sur un chêne foudroyé, au tronc à moitié immergé, de petites mouettes aux ailes bleutées regardent l’horizon. Ma pagaie s’enfonce dans l’onde et les kilomètres ne comptent pas. Je m’abreuve de visions uniques, de paysages inconnus et jusque-là fantasmés, d’endroits dont je n’ai pas encore rêvé. Mon corps et mon esprit s’unissent dans l’effort. Non loin, je distingue des villages. J’entends une tronçonneuse, j’aperçois des animaux au pâturage, quelques silhouettes humaines les accompagnent, à proximité d’isbas jaune et bleu. Depuis le rivage, je dois ressembler à un objet flottant à la dérive. Hormis quelques canots de pêcheur, il n’y a pas d’activité nautique.
Se peut-il que les habitants du fleuve me considèrent comme un extraterrestre ? Seront-ils amicaux lorsque je toucherai terre ? Si j’ai faim, me nourriront-ils ? Si j’ai froid, m’accueilleront-ils ? Je ne connais pas leur état d’esprit, mais plus mes coups de pagaie s’intensifient, plus mon sentiment de liberté s’accroît. »
(p. 28-29)
La Volga au grand cours (p. 57-60)
Volga et Kama (p. 107-109)
La steppe (p. 148-149)