Arrivée :
« Le soir tombait, les heures avaient tourné.
J’avais gardé ma montre, certes, car il eût été puéril de m’en séparer, de pousser le jeu jusqu’à m’exclure du temps des hommes – il y a toujours dans les grandes villes une horloge publique pour vous le rappeler. De toute manière, la notion de soir s’imposait comme elle s’impose partout au cœur des métropoles : avec les bureaux qui se vident, les magasins qui ferment, la circulation qui s’engorge puis se raréfie, et surtout l’éclairage des rues et l’illumination des vitrines qui préparent un rassurant jour de secours ; les villes sont des horloges parlantes.
Le soir tombait, et pour la première fois de ma vie j’allais me poser la question : “Où vais-je dormir cette nuit ?” Question des alpinistes, des explorateurs et des commandos d’intervention, encore plus angoissante quand on est seul. Mais sa résolution constituait un des fondements de mon projet. Ce qui est prévu, programmé, organisé – et au besoin la désorganisation – ne m’angoisse jamais.
Je ne sais plus quelle méthode ou absence de méthode j’ai employée pour dénicher un dessous d’escalier pas trop exposé au vent et aux regards, une tonnelle de guinguette désaffectée, une cabane de chantier non fermée à clé, un camion bâché semblant ne pas devoir repartir dans la nuit, ou qui sait quel recoin ou matériel urbain pouvant être détourné en abri. »
Non-préparatifs (p. 20-21)
Tonneaux de poudre (p. 97-99)
Extrait court
« Le soir tombait, les heures avaient tourné.
J’avais gardé ma montre, certes, car il eût été puéril de m’en séparer, de pousser le jeu jusqu’à m’exclure du temps des hommes – il y a toujours dans les grandes villes une horloge publique pour vous le rappeler. De toute manière, la notion de soir s’imposait comme elle s’impose partout au cœur des métropoles : avec les bureaux qui se vident, les magasins qui ferment, la circulation qui s’engorge puis se raréfie, et surtout l’éclairage des rues et l’illumination des vitrines qui préparent un rassurant jour de secours ; les villes sont des horloges parlantes.
Le soir tombait, et pour la première fois de ma vie j’allais me poser la question : “Où vais-je dormir cette nuit ?” Question des alpinistes, des explorateurs et des commandos d’intervention, encore plus angoissante quand on est seul. Mais sa résolution constituait un des fondements de mon projet. Ce qui est prévu, programmé, organisé – et au besoin la désorganisation – ne m’angoisse jamais.
Je ne sais plus quelle méthode ou absence de méthode j’ai employée pour dénicher un dessous d’escalier pas trop exposé au vent et aux regards, une tonnelle de guinguette désaffectée, une cabane de chantier non fermée à clé, un camion bâché semblant ne pas devoir repartir dans la nuit, ou qui sait quel recoin ou matériel urbain pouvant être détourné en abri. »
(p. 27-28)
Non-préparatifs (p. 20-21)
Tonneaux de poudre (p. 97-99)
Extrait court