Le cairn de l’espoir :

« Nous gravîmes 1 500 mètres de dénivelé d’une traite. Nous partîmes très tôt et évoluâmes d’abord pendant quelques heures sur un sol de moraine fracassé en mille morceaux. Le décor me rappelait le tableau de Magritte L’Empire des lumières : une pénombre nous environnait encore, tandis que le ciel s’éclaircissait d’un bleu clair filé de blanc. La raison de ce contraste n’était pas l’influence surréaliste que le peintre belge exerçait sur les Andes, mais bien l’effet du soleil matinal dardant derrière la roche. Les premiers feux finirent par surmonter la paroi andine et réchauffèrent délicatement notre peau bleuie. La nature inaltérée, laissée à son état brut, primaire, ne cessait de nous enchanter. Aucun signe de présence humaine ne venait heurter la lente circularité de notre regard. Après cette montée rêche, nous débouchâmes sur un immense plateau qui s’étalait à perte de vue. Celui-ci débutait par une plaine de verdure insoupçonnée au regard de l’aridité qui l’avait précédée. La glace fondue du glacier Horcones l’irriguait et serpentait en frêles ruisseaux où nous remplîmes nos gourdes de l’eau cristalline du glacier. Nous passâmes de la plaine du Mordor à un plateau tibétain. À mesure que nous avancions, le vert se faisait cependant de plus en plus clairsemé. Ce fut le chant du cygne de la flore dans notre périple.
Nous connûmes alors des foulées d’ivresse. »

Le miracle des Andes (p. 82-84)
Le Nid des condors (p. 93-95)
Et la neige s’abattit (p. 129-131)