Lhuite, www.babelio.com, le 5 avril 2020 :
? Les passions humaines sont parfois folles. Mais quand elles se conjuguent avec une froide détermination, cela peut conduire au sublime. Au dépassement de soi, poussé à l’extrême, qui suscite admiration et émerveillement, et en même temps, soulève des questions métaphysiques. Pourquoi se faire mal et se mettre en danger pour mener à bien un rêve impossible ? Il faut être, en effet, bien “frappé” pour envisager de rejoindre la Chine à pied, à partir de Marseille. C’est pourtant ce qu’a fait mon ami Philippe Valéry d’août 1998 à octobre 2000. Il l’a raconté dans un livre qu’il m’a offert. Une lecture que j’ai différée pour être dans l’esprit de cette aventure quasi spirituelle. Le confinement dû au coronavirus m’a enfin offert la disponibilité et la maîtrise du temps pour être en phase avec le détachement des contingences propice à une telle lecture. Ce fut un grand et majestueux voyage. La Chine à pied ? Au moins 9 000 kilomètres à travers des régions froides et chaudes, des pays en guerre (comme les Balkans ou l’Afghanistan), des pays fermés (comme l’Iran), des pays immenses (comme la Turquie), insolites (comme le Turkménistan ou l’Ouzbékistan) ou austères (comme le Pakistan). Il faut une détermination sans faille pour poursuivre un projet aussi insensé. Surtout quand on s’interdit le moindre trajet en voiture pour ne pas tricher. Il y a là une quête spirituelle, l’expression d’une volonté farouche et d’un besoin d’affirmer son être, au-delà de l’avoir, pour être notamment fidèle jusqu’au bout à ses rêves. L’auteur nous raconte son voyage de façon simple. Au-delà de l’exploit individuel dont il ne tire aucune gloire (l’herbier de photos de voyage ne contient aucune photo du héros), ce globe-trotter modeste raconte les multiples rencontres qu’il a fait durant son périple. Des gens anonymes, des sans-grades n’ayant pas le sou, petits commerçants généreux, paysans pauvres, bergers et éleveurs bienheureux, enfants déscolarisés au larges sourires, religieux en paix, combattants armés, fonctionnaires corrompus. Tout ce qui constitue notre monde et que nous ne voyons pas car ils sont, le plus souvent, en dehors de nos radars, de nos propres voyages et de nos intérêts. Des gens le plus souvent généreux qui sont heureux d’accueillir un étranger, et offrent gite et hospitalité comme des princes. Une débauche de don de soi et d’expressions parmi les plus riches qui soient : celles du cœur. On le savait, la marche est la meilleure façon de découvrir un pays. Quand on y consacre en plus deux années de sa vie, la moisson peut être incroyablement riche. Oui, mais quelle aventure ! Philippe s’est mis en danger dans des montagnes solitaires où des loups sont en maraude ; il a évité, de peu, des serpents fatidiques ; il a chuté plusieurs fois ; il a failli se noyer dans un torrent impétueux ; il a fait face placidement à des combattants aux intentions obscures ; il a promené sa condition occidentale dans des régions défavorisées où il apparaissait comme une boîte de dollars ambulante. Il a eu, finalement, une chance incroyable. Gardons-nous de juger sa témérité avec notre grille de pensée d’aujourd’hui. Tout n’était pas aussi compliqué qu’aujourd’hui au passage du siècle. Surtout, Philippe Valéry a mis toutes les chances de son côté, en apprenant des bribes de langue ; il est allé au-devant de tous, sans arrogance et en étant tout aussi démuni que ses hôtes. C’est un sage, et je suis plus heureux que jamais, à la lecture de ce formidable témoignage, de me compter parmi ses amis. Ces “sentiers de la soie” sont une vraie réflexion philosophique. C’est un livre à lire pour partir, s’évader et prendre de la hauteur vis à vis de notre confort petit-bourgeois. Tous les pays traversés sont beaucoup moins riches que la France. Ils ont pour autant un taux d’optimisme bien supérieur au nôtre, de quoi nourrir notre réflexion, tout en suivant les pas d’un aventurier de la trempe d’Henry de Montfreid ou d’Alexandra David-Neel. »
Isabelleisapure, www.babelio.com, le 18 mai 2017 :
? Véritable aventure humaine, la marche fait découvrir des pays de façon différente et permet de s’imprégner d’un rythme propre au marcheur. Les kilomètres défilent, les rencontres également. Pas toujours facile de se repérer dans des contrées où les chemins ne sont pas mis en valeur au détriment des routes. Marcher n’est pas forcément compris par les autochtones, pourquoi marcher alors que l’on peut se faire transporter dans des véhicules motorisés ! Le corps, les pieds, le dos avec le sac lourd en prennent un coup, puis s’habituent. Avancer, pas après pas. Aller toujours plus loin. Les étapes voisinent souvent les 50 kilomètres quotidiens et là je suis admirative. Dix mille kilomètres parcourus, deux ans d’effort, de souffrance et de blessures plus ou moins graves. Ce périple aura emmené Philippe Valéry de Marseille à Kachgar en Chine en passant par Venise, la Turquie, l’Iran, l’Afghanistan et le Pakistan. Des centaines de visages et de rencontres exceptionnelles, quelques magnifiques photos en témoignent au fil des pages. Par les sentiers de la soie est un témoignage passionnant, un livre que j’ai refermé à regret tant il m’a fait rêver d’horizons lointains. »
Cardabelle, www.babelio.com, le 21 mars 2017 :
? Un périple extraordinaire qui force le respect ! Un exploit que ce marseillais marcheur (ou l’inverse, ça dépend de son état d’esprit !) va partager en publiant un brillant récit de voyage. La liste des pays traversés est longue mais vaut la peine d’être citée. Parti de Marseille le 8 août 1998, Philippe Valéry va traverser le nord de l’Italie pour atteindre la Slovénie, puis la Croatie, la Yougoslavie, la Turquie, la Géorgie, l’Arménie, le Turkménistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, l’Afghanistan, le Pakistan et arrivée en Chine le 1er octobre 2000. Ce livre paru en 2002 permet par bien des aspects de considérer l’évolution de la situation géopolitique de ces différents pays ; un recul toujours intéressant pour mieux appréhender la situation actuelle. C’est avant tout un récit d’aventures car les difficultés ne manquent pas et le danger non plus ! Polyglotte, manifestement avenant, ouvert, jeune et altruiste, Philippe Valéry avait bien des atouts pour se faire accepter dans des régions improbables. Si on ajoute à cela un voyage bien préparé, une solide documentation sur les us et coutumes, sur les formalités pour franchir les frontières, on se dit qu’il va y arriver ! Et pourtant, bien souvent, les difficultés vont nourrir le suspense !
Mais, le souvenir dominant reste sans nul doute toutes les belles rencontres souvent pleines d’émotion. Des moments de fraternisation où se redéfinit l’essentiel, où seul existe le meilleur de l’humain. Et ce livre aussi est un bon moment de partage ; il offre tout ce que je recherche dans un récit de voyage. Les qualités littéraires du récit et l’érudition de son auteur offrent un moment de lecture passionnant. Tout le long du parcours, foisonnent des précisions historiques, géographiques, culturelles, des réflexions philosophiques, poétiques? le tout lié de traits d’humour et de finesse, un récit pétri d’humanité. Et, je ne peux résister au plaisir de citer sa conclusion : “Je veux croire en la sagesse de l’homme, espérer encore et toujours en une fraternité à venir qui ne soit pas un mirage. Malgré toute la douleur du monde, malgré les différences de nations et d’idéologies politiques, de peuples et d’ethnies, de religions, de langues et de cultures, finalement, au fond de nous-mêmes, là, sous notre chair, nous ne sommes pas aussi éloignés les uns des autres que certains ont intérêt à nous le laisser entendre.” »
Philippe Blasco, www.uniterre.com, le 16 juin 2011 :
L’auteur est pudique, comme les hommes qu’il apprécie : l’essentiel du récit porte donc sur le désert, sa géologie, l’unicité de ses témoignages – avec des affleurements, dégagés par le vent, des sols vieux de centaines de milliers d’années ou l’émouvante découverte d’un ensemble de bifaces disposés étrangement sur le sable. Mais aussi sa faune : fennecs, scorpions, antilopes, microrongeurs ou serpents, ces contrebandiers dont l’auteur parle avec discernement? ainsi que ses dromadaires, qu’il évoque sans mesure et avec un profond attachement ! À chaque fois qu’il décrit l’expérience qu’il mène sur les conséquences psychiques et physiologiques du stress hydrique, les mécanismes de la soif, les stratégies d’adaptation des êtres vivants à ce milieu extrême, les multiples régions traversées, les puits reconnus, ou encore la géopolitique du Sahara, il est toujours d’une grande précision. Jusqu’au détail des tests réalisés quotidiennement, qui nous sont livrés in extenso ! Chaque détail est l’occasion d’un souvenir d’expédition, et chaque souvenir est prétexte à des explications détaillées sur le fascinant désert du Sahara. Mais on pense, en lisant ce livre, à un autre témoignage : celui de Philippe Frey, autre grand arpenteur du désert, qui nous disait avoir appris d’un vieux caravanier, puis compris en l’expérimentant lui-même, que l’homme est, dans le désert, là où rien ne peut le distraire ou l’aider, son principal ennemi. Celui dont il doit le plus se méfier. Et s’il y a beaucoup à apprendre dans ce livre, sa magie, me semble-t-il, est qu’il met en tension, au sens le plus électrique, la rationalité – du méhariste confronté aux défis de la survie et du scientifique fasciné par ce terrain exceptionnel d’expériences – et le dévoilement intermittent d’une personnalité explorant ses obscurs replis.
Nathalie Kermorvant, Le Télégramme n° 687, le 20 mars 2011 :
? Spécialiste des méharées dans le Sahara, l’auteur propose un voyage immobile, aux frontières de la soif et de la vie. Seul durant un mois au cœur du désert le plus aride de Mauritanie, il expérimente la déshydratation extrême. Dans un quotidien ponctué d’analyses et d’exercices servant à mesurer sa santé physique et mentale, il réduit peu à peu ses apports en eau, jusqu’aux limites du corps humain. Malgré sa connaissance de la survie dans le désert, et en dépit d’un moral impressionnant, commence alors pour ce naufragé des sables une lente descente aux enfers, expérience à visée scientifique, mais aussi et surtout, histoire humaine vertigineuse. »