Atmosphère? atmosphère :
« Avez-vous parfois eu l’impression étrange de vous trouver exactement au bon endroit, au bon moment, avec les êtres qui correspondent à cette précision de l’instant ? Ce pourrait être par exemple en soirée avec des amis : leurs voix sont des ondes bienfaisantes, le canapé vous supporte à merveille, les lumières sont douces, vous savourez le vin? C’est ici et maintenant ! Vous vous sentez parfaitement à votre place dans l’univers, juste en ce lieu (peut-être cette sensation vous viendra-t-elle pendant qu’un ange passe, cela arrive toujours).
Ou alors, marchant dans la forêt : il y a le vent qui irrigue le houppier des grands chênes, le jour dont le vert léger tombe sous les feuillages, des banquettes de mousse ornant les talus et, juste à quelques pas, un rocher sentinelle. Le geai donne l’alerte, très loin devant. Vous vous arrêtez alors, vous inspirez, vous expirez, soudainement conscient de l’exacte composition d’une pureté de votre âme. Vous ne reverrez pas – ne revivrez pas – ce tableau plus tard, même en repassant ici, car le vent, la lumière, les sons ne seront plus les mêmes.
De façon analogue, une sieste réussie se fonde avant tout sur des instants parfaits. Ce ne sont pas seulement le lieu et l’heure, il y a quelque chose dans l’air qui influe sur votre corps et votre esprit. Vous avez envie de vous laisser aller parce que ces minutes-là sont de belles minutes ; la lumière est douce, et les bruits du dehors vous arrivent apaisés. La vie, à ce moment, peut continuer sans vous, vous êtes sur la bonne fréquence ! La littérature sait raconter cela : l’académicien Maurice Genevoix a vécu un tel instant dans sa forêt solognote. Il vient de déboucher sur une fraîche boulassière (bois de bouleaux) irisée de lumière après avoir traversé une sapinière incendiée : “Il faisait bon fermer les yeux, étendu sur le dos, laisser glisser sur nous ce courant transparent. Le soleil, traversant nos paupières, nous parcourait de longues ondes parallèles, tantôt roses, tantôt vertes ; la fluide rumeur faiblissait et montait tour à tour. Et malgré le poids de notre corps, la pesée du sol sur nos reins, nous nous sentions flotter doucement, couler sans heurt, dénouées les amarres qui nous attachaient à la terre.” »
Le temps des plaisirs (p.79-81)
Il était une fois? (p. 131-133)
Extrait court
« Avez-vous parfois eu l’impression étrange de vous trouver exactement au bon endroit, au bon moment, avec les êtres qui correspondent à cette précision de l’instant ? Ce pourrait être par exemple en soirée avec des amis : leurs voix sont des ondes bienfaisantes, le canapé vous supporte à merveille, les lumières sont douces, vous savourez le vin? C’est ici et maintenant ! Vous vous sentez parfaitement à votre place dans l’univers, juste en ce lieu (peut-être cette sensation vous viendra-t-elle pendant qu’un ange passe, cela arrive toujours).
Ou alors, marchant dans la forêt : il y a le vent qui irrigue le houppier des grands chênes, le jour dont le vert léger tombe sous les feuillages, des banquettes de mousse ornant les talus et, juste à quelques pas, un rocher sentinelle. Le geai donne l’alerte, très loin devant. Vous vous arrêtez alors, vous inspirez, vous expirez, soudainement conscient de l’exacte composition d’une pureté de votre âme. Vous ne reverrez pas – ne revivrez pas – ce tableau plus tard, même en repassant ici, car le vent, la lumière, les sons ne seront plus les mêmes.
De façon analogue, une sieste réussie se fonde avant tout sur des instants parfaits. Ce ne sont pas seulement le lieu et l’heure, il y a quelque chose dans l’air qui influe sur votre corps et votre esprit. Vous avez envie de vous laisser aller parce que ces minutes-là sont de belles minutes ; la lumière est douce, et les bruits du dehors vous arrivent apaisés. La vie, à ce moment, peut continuer sans vous, vous êtes sur la bonne fréquence ! La littérature sait raconter cela : l’académicien Maurice Genevoix a vécu un tel instant dans sa forêt solognote. Il vient de déboucher sur une fraîche boulassière (bois de bouleaux) irisée de lumière après avoir traversé une sapinière incendiée : “Il faisait bon fermer les yeux, étendu sur le dos, laisser glisser sur nous ce courant transparent. Le soleil, traversant nos paupières, nous parcourait de longues ondes parallèles, tantôt roses, tantôt vertes ; la fluide rumeur faiblissait et montait tour à tour. Et malgré le poids de notre corps, la pesée du sol sur nos reins, nous nous sentions flotter doucement, couler sans heurt, dénouées les amarres qui nous attachaient à la terre.” »
(p. 89-90)
Le temps des plaisirs (p.79-81)
Il était une fois? (p. 131-133)
Extrait court