
La marche dans le désert :
« Lorsque j’étais adolescent, mon imaginaire s’emplissait de dunes ondulantes et de caravanes nomades. Symbiose idéale entre massifs montagneux grandioses et bords de mer idylliques, les clichés du désert tapissaient les murs de ma chambre. “Un jour, j’irai respirer la quiétude du silence au pas lent des dromadaires”, songeais-je alors.
L’émotion inonde mon cœur quand apparaît enfin, au bout du plateau tabulaire de l’Adrar, la mythique cité de Chinguetti. La porte du désert depuis des millénaires. Une citadelle de pierre posée à même le sable, lovée au creux d’une dépression jaune d’or, entourée de quelques oasis.
Toute la famille court aussi vite que possible au sommet de la plus haute des dunes, s’assoit et admire. Le soleil salue l’horizon. Le paysage devient orangé, l’azur se zèbre de teintes citronnées, de rose clair et de violet pastel. Le feu du ciel laisse ensuite place à la Voie lactée, avant qu’elle-même ne s’estompe à la clarté d’une pleine lune spectaculaire.
À l’aube, nous pénétrons dans l’ensemble dunaire. Le soleil rasant souligne magnifiquement les courbes orangées. Les reliefs sableux sculptent les pentes. Nos chèches bleus noués sur la tête, nous marchons derrière notre guide. Mahmoud, aussi paisible que son désert, conduit notre petite troupe dans ce lacis hors normes. Il nous ouvre les portes de son paradis, nous en donnant au fil de la progression les clés de lecture. La marche détend nos esprits vagabonds. Chaque pas compose une poésie éphémère sur cette toile de granules. Un scarabée a dessiné de ses petites pattes quelques arabesques qui s’entrecroisent sur les dorures du sol. Un lézard trace de fins serpentins, alors que les touffes d’herbes piquantes, bercées par le vent, esquissent à la perfection des arcs de cercle. Les empreintes sont légion ; chaque reptile, insecte, fennec laisse une myriade de traces au gré de ses errances. Un écosystème insoupçonné façonne ainsi les ondulations du sable en jardin japonais.
Ce sable est d’une infinie douceur, tantôt tiède, tantôt chaud ou rafraîchissant. Rien à voir avec les gros grains d’une plage océanique, cette poudreuse de silice caresse nos pieds. Les enfants s’en donnent à cœur joie, se jetant tête la première du haut des pentes, poursuivant leur cavalcade par d’interminables roulés-boulés et autres galipettes. Leurs rires résonnent dans le calme infini des lieux. Plus sage mais tout aussi excité intérieurement, je cherche mon équilibre. Moi qui croyais ce milieu hostile, rude et exigeant, je m’y sens tout de suite à mon aise, dans mon élément.
Je m’isole quelques instants pour trouver mon pas, mieux éprouver les sensations qui m’envahissent. Les palpitations de mon cœur sont d’une sérénité absolue malgré l’effort de la marche. À travers les plis du tissu, mon souffle tournoie autour de ma tête comme pour caresser mes pensées. Mon esprit s’évade dans le bleu pur du ciel. »
L’ami de Saint Exupéry (p. 168-170)
Le charme marocain (p. 118-119)
Extrait court
« Lorsque j’étais adolescent, mon imaginaire s’emplissait de dunes ondulantes et de caravanes nomades. Symbiose idéale entre massifs montagneux grandioses et bords de mer idylliques, les clichés du désert tapissaient les murs de ma chambre. “Un jour, j’irai respirer la quiétude du silence au pas lent des dromadaires”, songeais-je alors.
L’émotion inonde mon cœur quand apparaît enfin, au bout du plateau tabulaire de l’Adrar, la mythique cité de Chinguetti. La porte du désert depuis des millénaires. Une citadelle de pierre posée à même le sable, lovée au creux d’une dépression jaune d’or, entourée de quelques oasis.
Toute la famille court aussi vite que possible au sommet de la plus haute des dunes, s’assoit et admire. Le soleil salue l’horizon. Le paysage devient orangé, l’azur se zèbre de teintes citronnées, de rose clair et de violet pastel. Le feu du ciel laisse ensuite place à la Voie lactée, avant qu’elle-même ne s’estompe à la clarté d’une pleine lune spectaculaire.
À l’aube, nous pénétrons dans l’ensemble dunaire. Le soleil rasant souligne magnifiquement les courbes orangées. Les reliefs sableux sculptent les pentes. Nos chèches bleus noués sur la tête, nous marchons derrière notre guide. Mahmoud, aussi paisible que son désert, conduit notre petite troupe dans ce lacis hors normes. Il nous ouvre les portes de son paradis, nous en donnant au fil de la progression les clés de lecture. La marche détend nos esprits vagabonds. Chaque pas compose une poésie éphémère sur cette toile de granules. Un scarabée a dessiné de ses petites pattes quelques arabesques qui s’entrecroisent sur les dorures du sol. Un lézard trace de fins serpentins, alors que les touffes d’herbes piquantes, bercées par le vent, esquissent à la perfection des arcs de cercle. Les empreintes sont légion ; chaque reptile, insecte, fennec laisse une myriade de traces au gré de ses errances. Un écosystème insoupçonné façonne ainsi les ondulations du sable en jardin japonais.
Ce sable est d’une infinie douceur, tantôt tiède, tantôt chaud ou rafraîchissant. Rien à voir avec les gros grains d’une plage océanique, cette poudreuse de silice caresse nos pieds. Les enfants s’en donnent à cœur joie, se jetant tête la première du haut des pentes, poursuivant leur cavalcade par d’interminables roulés-boulés et autres galipettes. Leurs rires résonnent dans le calme infini des lieux. Plus sage mais tout aussi excité intérieurement, je cherche mon équilibre. Moi qui croyais ce milieu hostile, rude et exigeant, je m’y sens tout de suite à mon aise, dans mon élément.
Je m’isole quelques instants pour trouver mon pas, mieux éprouver les sensations qui m’envahissent. Les palpitations de mon cœur sont d’une sérénité absolue malgré l’effort de la marche. À travers les plis du tissu, mon souffle tournoie autour de ma tête comme pour caresser mes pensées. Mon esprit s’évade dans le bleu pur du ciel. »
(p. 189-191)
L’ami de Saint Exupéry (p. 168-170)
Le charme marocain (p. 118-119)
Extrait court