Raz-de-marée :
« Au hululement succèdent des hurlements diffus. Antton se jette sur la terrasse. Louise, la main appuyée sur sa bouche ouverte de stupeur, roule des yeux hallucinés sur le spectacle qui s’offre en contrebas. Du haut du septième étage de leur hôtel qui se tient bien droit sur un des pans de falaise de l’île qui va mourir dans la mer, le couple contemple, abasourdi, l’isthme qui vient d’être balayé. Des charmantes paillotes éclairées d’ampoules multicolores laissées derrière eux la veille il ne reste plus rien. Au loin, les pontons ont été arrachés, les bateaux des pêcheurs sont sur le toit, dégueulant la grève qui a rempli les cabines et les ponts. Hier, ils avaient trinqué à Noël, loin de leurs familles respectives. Le 26 décembre de cette année 2004 a rayé ces images d’un trait de mer. Il y a quelques minutes, un raz-de-marée a déferlé sur les plages de sable blanc. Il y a un peu plus d’une heure, au large des côtes de Sumatra, l’épicentre d’un des plus grands séismes jamais enregistrés a soulevé de plusieurs mètres une bande de plancher océanique de plus de 1 500 kilomètres. La masse d’eau, haute de plusieurs mètres et d’une rapidité inouïe, étranglée par le boyau géomorphologique de l’île, a arraché les arbres, broyé les maisons et disloqué les corps. Quelques cadavres bleuis de froid et de noyade flottent déjà à la surface. Une fillette pend sur la cime d’un palmier coupée nette. Un homme est mort de fatigue, les bras accrochés à un tronc d’arbre après avoir lutté pendant des dizaines de minutes pour ne pas être entraîné par le courant d’eau saumâtre qui a déferlé. Du paradis subsiste le “R” de l’hôtel Resort maintenu par deux fils électriques qui se balancent, en bas, sur la façade éventrée. »
Exil en panique (p. 31-33)
Voyage meurtrier (p. 86-87)
Extrait court
« Au hululement succèdent des hurlements diffus. Antton se jette sur la terrasse. Louise, la main appuyée sur sa bouche ouverte de stupeur, roule des yeux hallucinés sur le spectacle qui s’offre en contrebas. Du haut du septième étage de leur hôtel qui se tient bien droit sur un des pans de falaise de l’île qui va mourir dans la mer, le couple contemple, abasourdi, l’isthme qui vient d’être balayé. Des charmantes paillotes éclairées d’ampoules multicolores laissées derrière eux la veille il ne reste plus rien. Au loin, les pontons ont été arrachés, les bateaux des pêcheurs sont sur le toit, dégueulant la grève qui a rempli les cabines et les ponts. Hier, ils avaient trinqué à Noël, loin de leurs familles respectives. Le 26 décembre de cette année 2004 a rayé ces images d’un trait de mer. Il y a quelques minutes, un raz-de-marée a déferlé sur les plages de sable blanc. Il y a un peu plus d’une heure, au large des côtes de Sumatra, l’épicentre d’un des plus grands séismes jamais enregistrés a soulevé de plusieurs mètres une bande de plancher océanique de plus de 1 500 kilomètres. La masse d’eau, haute de plusieurs mètres et d’une rapidité inouïe, étranglée par le boyau géomorphologique de l’île, a arraché les arbres, broyé les maisons et disloqué les corps. Quelques cadavres bleuis de froid et de noyade flottent déjà à la surface. Une fillette pend sur la cime d’un palmier coupée nette. Un homme est mort de fatigue, les bras accrochés à un tronc d’arbre après avoir lutté pendant des dizaines de minutes pour ne pas être entraîné par le courant d’eau saumâtre qui a déferlé. Du paradis subsiste le “R” de l’hôtel Resort maintenu par deux fils électriques qui se balancent, en bas, sur la façade éventrée. »
(p. 57-58)
Exil en panique (p. 31-33)
Voyage meurtrier (p. 86-87)
Extrait court