
Le Croisic (Bretagne) :
« Tout en débarquant, les membres de l’équipage de la Mari se félicitaient du succès de leur pêche. À peine eurent-ils posé le pied sur le quai qu’ils entendirent des gamins excités qui couraient en annonçant :
— Le roi est mort ! Le roi est mort !
Quand ils furent rentrés à la maison, Annaïg leur donna des précisions.
— Oui, on a appris ça hier soir par un messager : le roi Charles est bien mort. On dit qu’il s’est bêtement cogné le front contre un linteau de pierre.
— C’est pas malin ! persifla Stefan. Il pouvait pas regarder devant lui ?
— Qu’est-ce qu’il va se passer, maintenant, pour notre pays ? interrogea Hervé.
— Il paraît que la duchesse Anne a déjà rétabli la chancellerie de Bretagne, dit Annaïg.
— En principe, Anne récupère tous ses droits de duchesse de Bretagne, précisa Guillo. Si elle a déjà rétabli la chancellerie, c’est bon signe.
— Mais c’est qui le roi, maintenant ? demanda Stefan.
— Si j’ai bien compris, répondit sa mère, c’est le duc d’Orléans qui deviendrait le roi Louis XII.
— En effet, dit Guillo. Comme Charles VIII n’a pas d’enfant vivant, c’est son cousin Louis d’Orléans qui doit lui succéder. Je l’ai déjà vu : il était à Saint-Aubin-du-Cormier. À l’époque, il combattait dans les rangs bretons parce qu’il n’avait pas obtenu la régence du royaume. Il devrait donc être conciliant avec la Bretagne.
— Est-ce que notre duchesse va devoir se marier avec lui ? questionna encore Stefan.
— Il est déjà marié, répondit son oncle. Bon, on va voir ce qui va se passer maintenant, mais normalement, les soldats français devraient évacuer nos places fortes. J’espère qu’ils le feront.
— Ouais, bon débarras ! s’exclama Stefan.
Sa mère semblait soucieuse :
— Moi, tout ce que j’espère, c’est qu’il n’y aura plus de guerre, avec ou sans Français dans nos forts.
Mais il n’y eut pas de guerre. Anne et Louis, qui s’entendaient bien depuis longtemps, trouvèrent un accord. La duchesse promit au roi de l’épouser si celui-ci parvenait à faire annuler son mariage. Dans tous les cas, Louis s’engageait à faire évacuer les troupes françaises de la Bretagne, dont Anne était désormais pleinement souveraine. Le duché conservait sa propre administration, ses libertés et ses coutumes. Anne revint s’installer à Nantes, convoqua les États de Bretagne à Rennes, fit battre monnaie à son effigie. Bientôt, le pape autorisa le mariage du roi et de la duchesse, qui eut lieu dans la chapelle du château de Nantes. »
Sanlúcar de Barrameda (p. 221-223)
Rio de San Julián (Patagonie) (p. 351-353)
Extrait court
« Tout en débarquant, les membres de l’équipage de la Mari se félicitaient du succès de leur pêche. À peine eurent-ils posé le pied sur le quai qu’ils entendirent des gamins excités qui couraient en annonçant :
— Le roi est mort ! Le roi est mort !
Quand ils furent rentrés à la maison, Annaïg leur donna des précisions.
— Oui, on a appris ça hier soir par un messager : le roi Charles est bien mort. On dit qu’il s’est bêtement cogné le front contre un linteau de pierre.
— C’est pas malin ! persifla Stefan. Il pouvait pas regarder devant lui ?
— Qu’est-ce qu’il va se passer, maintenant, pour notre pays ? interrogea Hervé.
— Il paraît que la duchesse Anne a déjà rétabli la chancellerie de Bretagne, dit Annaïg.
— En principe, Anne récupère tous ses droits de duchesse de Bretagne, précisa Guillo. Si elle a déjà rétabli la chancellerie, c’est bon signe.
— Mais c’est qui le roi, maintenant ? demanda Stefan.
— Si j’ai bien compris, répondit sa mère, c’est le duc d’Orléans qui deviendrait le roi Louis XII.
— En effet, dit Guillo. Comme Charles VIII n’a pas d’enfant vivant, c’est son cousin Louis d’Orléans qui doit lui succéder. Je l’ai déjà vu : il était à Saint-Aubin-du-Cormier. À l’époque, il combattait dans les rangs bretons parce qu’il n’avait pas obtenu la régence du royaume. Il devrait donc être conciliant avec la Bretagne.
— Est-ce que notre duchesse va devoir se marier avec lui ? questionna encore Stefan.
— Il est déjà marié, répondit son oncle. Bon, on va voir ce qui va se passer maintenant, mais normalement, les soldats français devraient évacuer nos places fortes. J’espère qu’ils le feront.
— Ouais, bon débarras ! s’exclama Stefan.
Sa mère semblait soucieuse :
— Moi, tout ce que j’espère, c’est qu’il n’y aura plus de guerre, avec ou sans Français dans nos forts.
Mais il n’y eut pas de guerre. Anne et Louis, qui s’entendaient bien depuis longtemps, trouvèrent un accord. La duchesse promit au roi de l’épouser si celui-ci parvenait à faire annuler son mariage. Dans tous les cas, Louis s’engageait à faire évacuer les troupes françaises de la Bretagne, dont Anne était désormais pleinement souveraine. Le duché conservait sa propre administration, ses libertés et ses coutumes. Anne revint s’installer à Nantes, convoqua les États de Bretagne à Rennes, fit battre monnaie à son effigie. Bientôt, le pape autorisa le mariage du roi et de la duchesse, qui eut lieu dans la chapelle du château de Nantes. »
(p. 54-56)
Sanlúcar de Barrameda (p. 221-223)
Rio de San Julián (Patagonie) (p. 351-353)
Extrait court