De Saint-Florent à Murato :
« Je rejoins la route goudronnée et sinueuse qui marque le début de la montée vers les villages de Rapale et de Pieve. Dans un certain sens, je suis heureux de quitter la plaine qui n’en finissait pas. J’ai l’impression en commençant cette ascension de mettre enfin le pied dans la Corse des montagnes, la Corse de l’intérieur, celle qui s’éloigne de la côte. Le vieux goudron rose par endroits me rappelle les routes d’autrefois, qui conduisaient au village. La nostalgie des innombrables virages qui remuaient les estomacs avant que les progrès du déplacement automobile ne fendent les montagnes et rendent le voyage plus confortable s’empare de moi. Je me souviens du calvaire de mon frère, sensible au mal des transports, des sacs en papier kraft, des portières maculées, des pauses inopinées? La madeleine de Proust de l’asphalte rose. Ici, pas de nausée, c’est l’avantage du voyage à pied.
Sur la gauche, un chemin discret baptisé “sentier du profane et du sacré”, qui relie les villages du Nebbio (Rapale, Pieve et Sorio), va me rapprocher de Murato. Cette antique voie de pèlerinage ombragée par la frondaison des chênes est en soi une bénédiction. Je sue à grosses gouttes. Pressé d’atteindre San Michele, je traverse le village de Rapale au pas de course et m’aventure sur les 4 kilomètres de route en lacet qui me séparent de l’objectif du jour. Il est 17 heures lorsque j’arrive enfin à la petite église dédiée à l’archange protecteur. Elle est bien là, au rendez-vous. Le site est presque désert. Seules trois personnes profitent de la magie du lieu, un peu à l’écart, au détour d’un énième virage de la route. Une fontaine d’eau fraîche gargouille paisiblement et, au milieu de la pelouse, sur son promontoire à la vue époustouflante, comme une relique mystique protégée par un orme gigantesque, trône la plus célèbre église de Corse : San Michele de Murato, au style roman si particulier. »
De Saint-Florent à Murato (p. 56-60)
De Calacuccia à la Restonica (p. 94-96)
De Quenza à la montagne de Cagna (p. 164-166)
« Je rejoins la route goudronnée et sinueuse qui marque le début de la montée vers les villages de Rapale et de Pieve. Dans un certain sens, je suis heureux de quitter la plaine qui n’en finissait pas. J’ai l’impression en commençant cette ascension de mettre enfin le pied dans la Corse des montagnes, la Corse de l’intérieur, celle qui s’éloigne de la côte. Le vieux goudron rose par endroits me rappelle les routes d’autrefois, qui conduisaient au village. La nostalgie des innombrables virages qui remuaient les estomacs avant que les progrès du déplacement automobile ne fendent les montagnes et rendent le voyage plus confortable s’empare de moi. Je me souviens du calvaire de mon frère, sensible au mal des transports, des sacs en papier kraft, des portières maculées, des pauses inopinées? La madeleine de Proust de l’asphalte rose. Ici, pas de nausée, c’est l’avantage du voyage à pied.
Sur la gauche, un chemin discret baptisé “sentier du profane et du sacré”, qui relie les villages du Nebbio (Rapale, Pieve et Sorio), va me rapprocher de Murato. Cette antique voie de pèlerinage ombragée par la frondaison des chênes est en soi une bénédiction. Je sue à grosses gouttes. Pressé d’atteindre San Michele, je traverse le village de Rapale au pas de course et m’aventure sur les 4 kilomètres de route en lacet qui me séparent de l’objectif du jour. Il est 17 heures lorsque j’arrive enfin à la petite église dédiée à l’archange protecteur. Elle est bien là, au rendez-vous. Le site est presque désert. Seules trois personnes profitent de la magie du lieu, un peu à l’écart, au détour d’un énième virage de la route. Une fontaine d’eau fraîche gargouille paisiblement et, au milieu de la pelouse, sur son promontoire à la vue époustouflante, comme une relique mystique protégée par un orme gigantesque, trône la plus célèbre église de Corse : San Michele de Murato, au style roman si particulier. »
(p. 54-55)
De Saint-Florent à Murato (p. 56-60)
De Calacuccia à la Restonica (p. 94-96)
De Quenza à la montagne de Cagna (p. 164-166)