George charme le roi fantasque :
« En 1936, quand Farouk avait quitté l’Angleterre pour revenir en Égypte en tant que roi, il faisait déjà partie des hommes les plus riches de l’entre-deux-guerres. Il venait d’hériter de toutes les terres de sa famille, soit près d’un cinquième des meilleures terres arables du pays. À cela s’ajoutait une immense fortune en dollars américains (Fouad Ier, son père, n’ayant jamais eu la moindre confiance dans la monnaie locale), plusieurs palais somptueux, plus d’une centaine de voitures de luxe et l’un des plus grands yachts privés du monde : le Mahroussa.
Trois ans plus tard, la fortune du souverain avait encore prospéré, de même que ses multiples collections personnelles qui commençaient à envahir ses palais de manière effarante. Farouk entassait à peu près tout ce qu’il était possible d’accumuler : bijoux, timbres, pièces de monnaie, armes anciennes, instruments de musique, chemises, chaussures, cravates, cannes et, bien sûr, chiens et chevaux.
Mais ses deux collections obsessionnelles, celles qui pouvaient le livrer aux pires outrances, demeuraient les voitures et les œuvres d’art. Les voitures, rouges de préférence, assouvissaient une passion d’enfance irrépressible ; quant aux œuvres d’art, de par le statut social qu’elles conféraient à ses yeux, elles seules parvenaient à compenser les scrupules qu’il éprouvait parfois à entasser des masses de limousines dans le garage de ses palais.
Officiellement, Farouk Ier portait le titre de “roi d’Égypte, souverain de Nubie, du Soudan, du Kordofan et du Darfour”. En réalité, c’était la foule qui avait deviné son véritable titre, celui qui traduisait le mieux les bornes de son pouvoir réel. Dès que le nouveau roi avait quitté la passerelle du paquebot qui le ramenait sur la terre des pharaons, la foule en délire avait crié d’une seule voix : “Vive le roi du Nil !”
Le peuple parlait d’or. Farouk était bien le roi du Nil, seulement il n’était que cela. Il se trouvait paralysé par une multitude de courants politiques contradictoires, le parlement, l’intransigeance du parti Wafd, les religieux, les ministres pro-italiens, la zone du canal de Suez toujours occupée, et surtout Lampson, l’ambassadeur anglais qui continuait à imposer les intérêts de Sa Majesté britannique en Égypte.
Farouk collectionnait, voyageait, courait les jupons, parfaisait l’étude de l’arabe pour s’adresser à son peuple, montait à cheval, chassait, pratiquait des farces aux dépens de son entourage, mais il ne régnait pas. George avait donc choisi la cible idéale, selon ses propres dires : “Un être oisif et très riche est toujours prêt à payer une fortune pour se divertir.” »
Le narrateur entre en lice (p. 105-107)
La chute de lady Alethea (p. 164-166)
Extrait court
« En 1936, quand Farouk avait quitté l’Angleterre pour revenir en Égypte en tant que roi, il faisait déjà partie des hommes les plus riches de l’entre-deux-guerres. Il venait d’hériter de toutes les terres de sa famille, soit près d’un cinquième des meilleures terres arables du pays. À cela s’ajoutait une immense fortune en dollars américains (Fouad Ier, son père, n’ayant jamais eu la moindre confiance dans la monnaie locale), plusieurs palais somptueux, plus d’une centaine de voitures de luxe et l’un des plus grands yachts privés du monde : le Mahroussa.
Trois ans plus tard, la fortune du souverain avait encore prospéré, de même que ses multiples collections personnelles qui commençaient à envahir ses palais de manière effarante. Farouk entassait à peu près tout ce qu’il était possible d’accumuler : bijoux, timbres, pièces de monnaie, armes anciennes, instruments de musique, chemises, chaussures, cravates, cannes et, bien sûr, chiens et chevaux.
Mais ses deux collections obsessionnelles, celles qui pouvaient le livrer aux pires outrances, demeuraient les voitures et les œuvres d’art. Les voitures, rouges de préférence, assouvissaient une passion d’enfance irrépressible ; quant aux œuvres d’art, de par le statut social qu’elles conféraient à ses yeux, elles seules parvenaient à compenser les scrupules qu’il éprouvait parfois à entasser des masses de limousines dans le garage de ses palais.
Officiellement, Farouk Ier portait le titre de “roi d’Égypte, souverain de Nubie, du Soudan, du Kordofan et du Darfour”. En réalité, c’était la foule qui avait deviné son véritable titre, celui qui traduisait le mieux les bornes de son pouvoir réel. Dès que le nouveau roi avait quitté la passerelle du paquebot qui le ramenait sur la terre des pharaons, la foule en délire avait crié d’une seule voix : “Vive le roi du Nil !”
Le peuple parlait d’or. Farouk était bien le roi du Nil, seulement il n’était que cela. Il se trouvait paralysé par une multitude de courants politiques contradictoires, le parlement, l’intransigeance du parti Wafd, les religieux, les ministres pro-italiens, la zone du canal de Suez toujours occupée, et surtout Lampson, l’ambassadeur anglais qui continuait à imposer les intérêts de Sa Majesté britannique en Égypte.
Farouk collectionnait, voyageait, courait les jupons, parfaisait l’étude de l’arabe pour s’adresser à son peuple, montait à cheval, chassait, pratiquait des farces aux dépens de son entourage, mais il ne régnait pas. George avait donc choisi la cible idéale, selon ses propres dires : “Un être oisif et très riche est toujours prêt à payer une fortune pour se divertir.” »
(p. 204-206)
Le narrateur entre en lice (p. 105-107)
La chute de lady Alethea (p. 164-166)
Extrait court