Strabon – Géographie :
« Empruntons encore aux historiens quelques renseignements curieux.
Les divinités pour lesquelles les Indiens ont le plus de vénération sont, après Zeus Ombrios, le Gange, un de leurs fleuves, et les génies dits indigètes.
Le jour où le roi lave sa chevelure est un jour de grande fête, pendant lequel tous les Indiens à l’envi, pour montrer leur richesse, envoient au souverain des présents magnifiques.
Il y a des fourmis ailées parmi les fourmis chercheuses d’or.
Les fleuves de l’Inde charrient des paillettes d’or, tout comme les fleuves de l’Ibérie.
Dans les pompes ou processions solennelles, les jours de grande fête, on voit défiler de nombreux éléphants couverts de riches caparaçons d’or et d’argent, précédant une foule de chars attelés de quatre chevaux ou traînés par deux bœufs, puis viennent des hommes de guerre revêtus de leurs plus belles armures, et, après eux, une suite interminable de chefs-d’œuvre d’orfèvrerie (urnes gigantesques, cratères mesurant jusqu’à une orgye de circonférence, tables, trônes, vases à boire et bassins à laver), le tout en cuivre du pays incrusté d’émeraudes, de bérils et d’escarboucles d’Inde, et une variété infinie de riches étoffes brodées d’or ; enfin, pour clore le cortège, des crochals, des léopards, des lions apprivoisés, avec une quantité innombrable d’oiseaux aux couleurs éclatantes ou au chant harmonieux. Clitarque parle en outre de chariots à quatre roues portant des arbres entiers à larges feuilles, et, sur les branches de ces arbres, toute une volière d’oiseaux privés, parmi lesquels on admire surtout l’orion pour l’incomparable douceur de son ramage et le katrée pour l’éclat et la variété de ses couleurs qui lui donnent, paraît-il, beaucoup de ressemblance avec le paon. Mais il faut lire dans le texte même de Clitarque la description complète du katrée.
Aux brachmanes certains historiens opposent d’autres philosophes appelés pramnes, grands disputeurs de leur nature, qui, habitués à ergoter sur tout, tournent en ridicule les recherches physiques et astronomiques des brachmanes, et traitent ceux-ci de bavards présomptueux et insensés. Les pramnes se divisent en trois classes : les montagnards, les gymnètes et les politiques, autrement dits les urbains et les suburbains. Les montagnards sont vêtus de peaux de cerfs et portent des besaces remplies de racines et de simples : ils se donnent pour médecins, mais n’usent en réalité que de sorcellerie, de charmes et d’amulettes. Les gymnètes, eux, vont toujours nus, ainsi que leur nom l’indique ; ils ne vivent guère qu’en plein air et s’exercent, nous l’avons déjà dit, pendant trente-sept années consécutives, à la patience, admettant des femmes dans leur société, mais sans avoir avec elles aucun commerce charnel.
Aussi inspirent-ils aux populations de l’Inde une admiration incroyable. »
Marco Polo – Le Devisement du monde ou Livre des merveilles (p. 318-321)
François Bernier – Un libertin dans l’Inde moghole (p. 495-499)
Extrait court
« Empruntons encore aux historiens quelques renseignements curieux.
Les divinités pour lesquelles les Indiens ont le plus de vénération sont, après Zeus Ombrios, le Gange, un de leurs fleuves, et les génies dits indigètes.
Le jour où le roi lave sa chevelure est un jour de grande fête, pendant lequel tous les Indiens à l’envi, pour montrer leur richesse, envoient au souverain des présents magnifiques.
Il y a des fourmis ailées parmi les fourmis chercheuses d’or.
Les fleuves de l’Inde charrient des paillettes d’or, tout comme les fleuves de l’Ibérie.
Dans les pompes ou processions solennelles, les jours de grande fête, on voit défiler de nombreux éléphants couverts de riches caparaçons d’or et d’argent, précédant une foule de chars attelés de quatre chevaux ou traînés par deux bœufs, puis viennent des hommes de guerre revêtus de leurs plus belles armures, et, après eux, une suite interminable de chefs-d’œuvre d’orfèvrerie (urnes gigantesques, cratères mesurant jusqu’à une orgye de circonférence, tables, trônes, vases à boire et bassins à laver), le tout en cuivre du pays incrusté d’émeraudes, de bérils et d’escarboucles d’Inde, et une variété infinie de riches étoffes brodées d’or ; enfin, pour clore le cortège, des crochals, des léopards, des lions apprivoisés, avec une quantité innombrable d’oiseaux aux couleurs éclatantes ou au chant harmonieux. Clitarque parle en outre de chariots à quatre roues portant des arbres entiers à larges feuilles, et, sur les branches de ces arbres, toute une volière d’oiseaux privés, parmi lesquels on admire surtout l’orion pour l’incomparable douceur de son ramage et le katrée pour l’éclat et la variété de ses couleurs qui lui donnent, paraît-il, beaucoup de ressemblance avec le paon. Mais il faut lire dans le texte même de Clitarque la description complète du katrée.
Aux brachmanes certains historiens opposent d’autres philosophes appelés pramnes, grands disputeurs de leur nature, qui, habitués à ergoter sur tout, tournent en ridicule les recherches physiques et astronomiques des brachmanes, et traitent ceux-ci de bavards présomptueux et insensés. Les pramnes se divisent en trois classes : les montagnards, les gymnètes et les politiques, autrement dits les urbains et les suburbains. Les montagnards sont vêtus de peaux de cerfs et portent des besaces remplies de racines et de simples : ils se donnent pour médecins, mais n’usent en réalité que de sorcellerie, de charmes et d’amulettes. Les gymnètes, eux, vont toujours nus, ainsi que leur nom l’indique ; ils ne vivent guère qu’en plein air et s’exercent, nous l’avons déjà dit, pendant trente-sept années consécutives, à la patience, admettant des femmes dans leur société, mais sans avoir avec elles aucun commerce charnel.
Aussi inspirent-ils aux populations de l’Inde une admiration incroyable. »
(p. 66-67)
Marco Polo – Le Devisement du monde ou Livre des merveilles (p. 318-321)
François Bernier – Un libertin dans l’Inde moghole (p. 495-499)
Extrait court