À plat ventre sur le Sciliar :
« Tout en montant, j’observe de belles pierres : certaines sont rouges comme si elles étaient nées du feu ; d’autres brillent de tous les cristaux dont elles sont incrustées. Je voudrais pouvoir les emporter, comme quand je trouve de beaux cailloux en marchant le long des rivières. Mais là, impossible de m’arrêter pour les ranger dans le sac, et du reste elles l’alourdiraient beaucoup trop. Alors je les caresse, je les photographie, je les effleure des lèvres et les remets là où je les ai trouvées.
Le chemin est parsemé d’autres trésors : de minuscules fleurs sont disposées en coussins, comme si, en grandissant les unes collées aux autres, elles voulaient se donner des forces et être une famille soudée en plein vent. Peut-être ma présence en ces lieux, en compagnie d’Andrea, est-elle dictée par une aspiration similaire. Ces pensées sont brèves, car le long du chemin non équipé, l’esprit doit rester concentré sur les mouvements. À un moment donné se rencontre un passage qu’il faut franchir en désescalade. Peut-être un morceau de la crête s’est-il effondré, car une fissure, avec un bout de corde qui pend d’un côté, inutilisable, rend la progression difficile. Andrea s’y engage le premier, cherchant prudemment la meilleure voie. Je lui passe le sac à dos et franchis le trou béant en faisant le grand écart. Dans de telles circonstances, la présence d’Andrea est essentielle : sans lui, j’en suis convaincue, je n’aurais jamais fait ce parcours. Il me rassure, il m’attend, il surveille le moindre de mes gestes. Rien ne pourrait aujourd’hui nous faire renoncer à notre commun désir d’atteindre le sommet et de profiter ensemble de la beauté de ces montagnes.
De nouveau perchée sur la crête, je ressens le vide qui attire et effraie. Mais il n’est pas difficile de mettre un pied devant l’autre ; il suffit d’avoir un bon sens de l’équilibre et d’éviter de regarder en bas. Nous croisons un raidillon qui plonge dans un éboulis. Il n’est guère engageant. Pourtant, sur un panneau, on lit : “Itinéraire de secours”. Il peut servir en cas d’orage, lorsqu’il faut à tout prix éviter de rester sur les crêtes. Pour l’instant le ciel est clément, même si Andrea me fait taire quand j’ose tenir des propos optimistes. Un peu plus loin se présente une autre bifurcation : d’un côté, on descend un dernier tronçon de sentier sous les crêtes ; de l’autre, on monte au sommet. Nous montons dans des passages dangereux et non équipés et arrivons sur la Cima di Terrarossa, à 2 655 mètres. Une poignée de main, une accolade, un regard et un sourire : la recette du bonheur. Telle est la véritable conquête d’aujourd’hui. »
? Il n’y a qu’un petit rocher? » (p. 67-69)
L’appel des origines (p. 127-129)
Extrait court
« Tout en montant, j’observe de belles pierres : certaines sont rouges comme si elles étaient nées du feu ; d’autres brillent de tous les cristaux dont elles sont incrustées. Je voudrais pouvoir les emporter, comme quand je trouve de beaux cailloux en marchant le long des rivières. Mais là, impossible de m’arrêter pour les ranger dans le sac, et du reste elles l’alourdiraient beaucoup trop. Alors je les caresse, je les photographie, je les effleure des lèvres et les remets là où je les ai trouvées.
Le chemin est parsemé d’autres trésors : de minuscules fleurs sont disposées en coussins, comme si, en grandissant les unes collées aux autres, elles voulaient se donner des forces et être une famille soudée en plein vent. Peut-être ma présence en ces lieux, en compagnie d’Andrea, est-elle dictée par une aspiration similaire. Ces pensées sont brèves, car le long du chemin non équipé, l’esprit doit rester concentré sur les mouvements. À un moment donné se rencontre un passage qu’il faut franchir en désescalade. Peut-être un morceau de la crête s’est-il effondré, car une fissure, avec un bout de corde qui pend d’un côté, inutilisable, rend la progression difficile. Andrea s’y engage le premier, cherchant prudemment la meilleure voie. Je lui passe le sac à dos et franchis le trou béant en faisant le grand écart. Dans de telles circonstances, la présence d’Andrea est essentielle : sans lui, j’en suis convaincue, je n’aurais jamais fait ce parcours. Il me rassure, il m’attend, il surveille le moindre de mes gestes. Rien ne pourrait aujourd’hui nous faire renoncer à notre commun désir d’atteindre le sommet et de profiter ensemble de la beauté de ces montagnes.
De nouveau perchée sur la crête, je ressens le vide qui attire et effraie. Mais il n’est pas difficile de mettre un pied devant l’autre ; il suffit d’avoir un bon sens de l’équilibre et d’éviter de regarder en bas. Nous croisons un raidillon qui plonge dans un éboulis. Il n’est guère engageant. Pourtant, sur un panneau, on lit : “Itinéraire de secours”. Il peut servir en cas d’orage, lorsqu’il faut à tout prix éviter de rester sur les crêtes. Pour l’instant le ciel est clément, même si Andrea me fait taire quand j’ose tenir des propos optimistes. Un peu plus loin se présente une autre bifurcation : d’un côté, on descend un dernier tronçon de sentier sous les crêtes ; de l’autre, on monte au sommet. Nous montons dans des passages dangereux et non équipés et arrivons sur la Cima di Terrarossa, à 2 655 mètres. Une poignée de main, une accolade, un regard et un sourire : la recette du bonheur. Telle est la véritable conquête d’aujourd’hui. »
(p. 186-187)
? Il n’y a qu’un petit rocher? » (p. 67-69)
L’appel des origines (p. 127-129)
Extrait court