L’appel des origines :
« La longue histoire de l’alpinisme dans le massif des Dolomites pourrait se résumer en trois périodes qui correspondent à trois manières différentes de concevoir et de vivre l’alpinisme dans ces montagnes. Élaborées par Orazio de Falkner, elles sont mentionnées par Antonio Berti dans son célèbre guide des Dolomites orientales. La première manière est celle du temps de la conquête des sommets les plus hauts et les plus imposants, mais pas les plus difficiles à gravir : elle représente “l’art pour la nature”. La deuxième manière correspond au temps où ont été conquis les sommets les plus exigeants, moins hauts mais plus difficiles que les premiers : c’est “l’art pour la nature et pour l’art”. La troisième manière est celle où, grâce à l’évolution de la technique et des matériaux, de nouvelles voies, de plus en plus difficiles, ont été ouvertes : c’est “l’art pour l’art” qui, négligeant les cimes, a amené les alpinistes à chercher, sur des parois réputées impossibles à escalader, la voie parfaite.
L’exploration a ouvert la voie au tourisme de montagne, ce qui a conduit, dès la fin du XIXe siècle, à la construction des premiers refuges dans les Dolomites. Les refuges ont permis de répéter ces fameuses “premières”, même si Walter Bonatti considère qu’une “première” ne peut être répétée, car le jour où le pionnier ouvre une nouvelle voie représente la seule et unique fois où il rencontre et affronte le mystère de l’inconnu.
C’est ainsi que commence ce voyage : je reprends l’itinéraire que j’avais suivi avec Andrea, l’homme que j’ai aimé en marchant à ses côtés parmi ces sommets que nous avons aimés ensemble.
Mon parcours suit en grande partie l’Alta Via no 2, la “Voie des légendes”, dans le “décor extrêmement romantique des incomparables cimes dolomitiques”, selon les mots de Murray dans son guide du Tyrol du Sud publié en 1837. Ce paysage romantique est avant tout celui des Odle, ensemble d’aiguilles effilées situé dans cette région où le lien que l’homme entretient avec la montagne est marqué par le respect et la valorisation des richesses naturelles. Au sud de ce groupe, au centre des principales vallées ladines – Fassa, Gardena, Badia et Livinallongo –, se dresse le colossal château du Sella, forteresse imprenable, dont les murailles extérieures hautes et compactes semblent avoir été érigées pour défendre l’intérieur du château : un vaste haut plateau minéral, couronné par le sommet du Piz Boè.
De là, je quitterai l’Alta Via no 2 pour explorer, à l’ouest du Sella, les groupes du Sassolungo et du Sciliar, qui marient leurs formes imposantes aux doux pâturages qui les entourent.
En poursuivant vers le midi, je rencontrerai la longue dorsale du Catinaccio/Rosengarten, avec ses Torri del Vajolet fréquentées dès la fin du XIXe siècle et ses parois sensibles aux variations de lumière : c’est à elles qu’une légende attribue l’origine du phénomène de l’enrosadira, du “rosissement” des rochers dolomitiques au lever et au coucher du soleil.
Mon parcours s’achèvera aux bords du lac de Carezza : dans ses eaux se reflètent les parois abruptes du Latemar, ainsi que la forêt de sapins qui les entourent. On peut y voir miroiter, avec les personnages des légendes populaires, un idéal de bonheur. »
? Il n’y a qu’un petit rocher? » (p. 67-69)
À plat ventre sur le Sciliar (p. 186-187)
Extrait court
« La longue histoire de l’alpinisme dans le massif des Dolomites pourrait se résumer en trois périodes qui correspondent à trois manières différentes de concevoir et de vivre l’alpinisme dans ces montagnes. Élaborées par Orazio de Falkner, elles sont mentionnées par Antonio Berti dans son célèbre guide des Dolomites orientales. La première manière est celle du temps de la conquête des sommets les plus hauts et les plus imposants, mais pas les plus difficiles à gravir : elle représente “l’art pour la nature”. La deuxième manière correspond au temps où ont été conquis les sommets les plus exigeants, moins hauts mais plus difficiles que les premiers : c’est “l’art pour la nature et pour l’art”. La troisième manière est celle où, grâce à l’évolution de la technique et des matériaux, de nouvelles voies, de plus en plus difficiles, ont été ouvertes : c’est “l’art pour l’art” qui, négligeant les cimes, a amené les alpinistes à chercher, sur des parois réputées impossibles à escalader, la voie parfaite.
L’exploration a ouvert la voie au tourisme de montagne, ce qui a conduit, dès la fin du XIXe siècle, à la construction des premiers refuges dans les Dolomites. Les refuges ont permis de répéter ces fameuses “premières”, même si Walter Bonatti considère qu’une “première” ne peut être répétée, car le jour où le pionnier ouvre une nouvelle voie représente la seule et unique fois où il rencontre et affronte le mystère de l’inconnu.
C’est ainsi que commence ce voyage : je reprends l’itinéraire que j’avais suivi avec Andrea, l’homme que j’ai aimé en marchant à ses côtés parmi ces sommets que nous avons aimés ensemble.
Mon parcours suit en grande partie l’Alta Via no 2, la “Voie des légendes”, dans le “décor extrêmement romantique des incomparables cimes dolomitiques”, selon les mots de Murray dans son guide du Tyrol du Sud publié en 1837. Ce paysage romantique est avant tout celui des Odle, ensemble d’aiguilles effilées situé dans cette région où le lien que l’homme entretient avec la montagne est marqué par le respect et la valorisation des richesses naturelles. Au sud de ce groupe, au centre des principales vallées ladines – Fassa, Gardena, Badia et Livinallongo –, se dresse le colossal château du Sella, forteresse imprenable, dont les murailles extérieures hautes et compactes semblent avoir été érigées pour défendre l’intérieur du château : un vaste haut plateau minéral, couronné par le sommet du Piz Boè.
De là, je quitterai l’Alta Via no 2 pour explorer, à l’ouest du Sella, les groupes du Sassolungo et du Sciliar, qui marient leurs formes imposantes aux doux pâturages qui les entourent.
En poursuivant vers le midi, je rencontrerai la longue dorsale du Catinaccio/Rosengarten, avec ses Torri del Vajolet fréquentées dès la fin du XIXe siècle et ses parois sensibles aux variations de lumière : c’est à elles qu’une légende attribue l’origine du phénomène de l’enrosadira, du “rosissement” des rochers dolomitiques au lever et au coucher du soleil.
Mon parcours s’achèvera aux bords du lac de Carezza : dans ses eaux se reflètent les parois abruptes du Latemar, ainsi que la forêt de sapins qui les entourent. On peut y voir miroiter, avec les personnages des légendes populaires, un idéal de bonheur. »
(p. 127-129)
? Il n’y a qu’un petit rocher? » (p. 67-69)
À plat ventre sur le Sciliar (p. 186-187)
Extrait court