?uvres autobiographiques, La Mansarde (1907-1934), L’Iglou (1934-1937), Expéditions (1937-1995)
Paul-Émile Victor
I. Comment les rêves de l’enfance deviennent-ils la réalité de l’âge adulte ? Comment naît, grandit et s’accomplit une vocation ? Comment un fils de famille de Lons-le-Saunier est-il devenu l’un des plus grands explorateurs polaires du XXe siècle ? Pour Paul-Émile Victor, la réponse à ces questions tient en un mot, en un lieu : cette ? mansarde » de la maison familiale, recoin de ses rêveries adolescentes où s’élaborèrent ses premiers voyages imaginaires. Aux murs, les cartes des deux pôles entre lesquels oscille son désir d’aventure : la Polynésie, myriade d’îlots aux noms mystérieux semés sur l’océan, et l’Arctique, fascinant monde glacé peuplé d’hommes mal connus.
Il y a loin du Jura natal à l’une ou l’autre de ces contrées ; loin de la vie toute tracée à la tête de l’entreprise paternelle – une usine de pipes et de stylos – à l’inconnu du grand large. Après un cursus d’ingénieur et une expérience dans la marine marchande, c’est dans la première voie que s’engage le jeune homme ; mais, au terme d’études d’ethnologie, l’appel du voyage est le plus fort. Sa rencontre avec le commandant Charcot incitera Paul-Émile Victor à choisir, pour premier ? terrain », les rigueurs du Grand Nord plutôt que les douceurs du Pacifique. En juillet 1934, à 27 ans, il embarque avec le ? gentleman polaire » sur le célèbre Pourquoi-Pas ? en direction du Groenland. Un mois plus tard, c’est l’arrivée au Scoresbysund, et la révélation d’une terre qui allait décider de son destin.
Ce sont ces années de jeunesse puis de formation, de sa naissance en 1907 à l’arrivée au Groenland en 1934, que retrace La Mansarde.
II. Août 1934. Paul-Émile Victor a juste 27 ans ; embarqué sur le Pourquoi-Pas ?, le célèbre navire du commandant Charcot, il aborde pour la première fois la terre groenlandaise. Au cours des mois qui vont suivre, il découvre la beauté des paysages du Grand Nord, les fjords profonds, l’étonnante lumière, la majesté des icebergs. Mais c’est sa rencontre avec le peuple des glaces qui touche le plus profondément le jeune aventurier. Courageux, attachants, ingénieux, les Inuit ne se révèlent pas seulement d’extraordinaires experts de la survie ; ils savent aussi aimer et se faire aimer, comme Doumidia, la belle Groenlandaise, qui devient la compagne du Français.
Ce premier contact avec l’Arctique déterminera une véritable vocation polaire, confirmée, après un retour d’un an à Paris, par l’organisation d’une expédition audacieuse : la traversée intégrale de l’inlandsis, cette immense calotte glaciaire qui couvre le Groenland, parcourue par les vents et vide de toute occupation humaine. Paul-Émile Victor prolongera son exploit, accompli avec trois camarades, par un hivernage sur la côte Est. Auprès de Doumidia, il partage alors, jour après jour et parfois au risque de sa vie, l’existence précaire et magnifique de sa nombreuse famille d’adoption.
Ce sont ces trois riches années d’expérience groenlandaise, de 1934 à 1937, que relate L’Iglou.
III. Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, Paul-Émile Victor est en train d’effectuer un raid à travers la Laponie. Rappelé d’urgence par l’Amirauté, il devient adjoint à l’attaché naval en Suède, et, en 1940, embarque clandestinement pour le Maroc, d’où il gagne la Martinique, puis les États-Unis. Il s’engage dans l’aviation américaine, qui met à profit sa connaissance de l’Arctique en l’affectant dans une escadrille de secours qui couvre le Groenland, le Canada et l’Alaska, et mène alors une vie mouvementée au service des forces alliées.
Après la Victoire, la passion du Jurassien pour l’univers des glaces prend une tournure institutionnelle avec la fondation, en 1947, des Expéditions polaires françaises, qui seront un formidable instrument d’exploration. Les terrains ethnologiques avaient marqué sa jeunesse ; il organise désormais des missions scientifiques, que ce soit au Groenland dès 1948 ou, l’année suivante, en terre Adélie, jamais arpentée depuis sa découverte par Dumont d’Urville un siècle auparavant. De multiples voyages suivront, qui mèneront l’aventurier, devenu chef d’expédition, de la calotte glaciaire du Groenland, sa terre d’adoption, aux étendues désertes de l’Antarctique.
À près de 70 ans, lorsqu’il fait en 1975 le bilan de son action à la tête des EPF, Paul-Émile Victor peut s’enorgueillir d’avoir mis sur pied quarante-deux missions qui ont permis de faire progresser la connaissance des milieux polaires ; il peut aussi rassembler les péripéties d’une vie d’action et de découverte. Et, enfin, décider d’aller vivre, jusqu’à sa mort en 1995, dans cet autre bout du monde dont il rêvait enfant : Bora Bora.
C’est ce parcours, des années de l’immédiat avant-guerre jusqu’à l’installation en Polynésie française en 1977, que retrace Expéditions, composé à partir de Mes aventures polaires, de La Voie lactée, ainsi que d’extraits d’Aventures aux quatre coins du monde et de Dialogues à une voix.
Avec une préface par : Daphné Victor
Avec une introduction par : Thierry Fournier
Établissement du texte par : Daphné Victor
Rédaction des notes par : Julie Boch
Avec une postface par : Thierry Fournier