Grandes eaux :
« Le gardien du Kourilskoïe nous avait prévenus : nous allions entrer en enfer. Des taillis serrés d’aulnes de 2 mètres de haut couvrent uniformément la région qui nous sépare du Ksoudatch. Chaque mètre s’y conquiert. Il faut chercher la jointure des ramures, l’endroit où les branches réunies forment une voûte qui permet de faire, courbé en deux, quelques pas sans recevoir le feuillage dans la figure. Il faut tantôt lever la jambe au-dessus d’une branche impossible à ployer, tantôt passer en dessous d’une autre impossible à soulever, tantôt les deux à la fois lorsque les arbres font ciseaux. Les rameaux se détendent comme des ressorts et nous cognent l’œil, la tempe, l’épaule. Le sac à dos, protubérance anormale qui nous transforme en procession de bossus, complique tout : il s’accroche partout, nous déporte et nous fait tomber. Les racines qui courent sur le sol cachent des trous où nous nous affaissons dans un cri. Comble d’infortune, les moustiques sont, malgré la pluie, de la partie, et il faut distraire pour les chasser une main plus utile à repousser les branches des arbres. Nous avançons à quatre pattes comme les bêtes, à genou comme les pénitents, à plat ventre comme les pèlerins tibétains. »
Dans la queue du typhon (p. 76-79)
Neige et cendres (p. 182-184)
En pays évène (p. 247-251)
« Le gardien du Kourilskoïe nous avait prévenus : nous allions entrer en enfer. Des taillis serrés d’aulnes de 2 mètres de haut couvrent uniformément la région qui nous sépare du Ksoudatch. Chaque mètre s’y conquiert. Il faut chercher la jointure des ramures, l’endroit où les branches réunies forment une voûte qui permet de faire, courbé en deux, quelques pas sans recevoir le feuillage dans la figure. Il faut tantôt lever la jambe au-dessus d’une branche impossible à ployer, tantôt passer en dessous d’une autre impossible à soulever, tantôt les deux à la fois lorsque les arbres font ciseaux. Les rameaux se détendent comme des ressorts et nous cognent l’œil, la tempe, l’épaule. Le sac à dos, protubérance anormale qui nous transforme en procession de bossus, complique tout : il s’accroche partout, nous déporte et nous fait tomber. Les racines qui courent sur le sol cachent des trous où nous nous affaissons dans un cri. Comble d’infortune, les moustiques sont, malgré la pluie, de la partie, et il faut distraire pour les chasser une main plus utile à repousser les branches des arbres. Nous avançons à quatre pattes comme les bêtes, à genou comme les pénitents, à plat ventre comme les pèlerins tibétains. »
(p. 290)
Dans la queue du typhon (p. 76-79)
Neige et cendres (p. 182-184)
En pays évène (p. 247-251)