
Savoir voyager :
« Nous ne sommes que du temps. Celui qui nous est imparti pour vivre et que nous cherchons à prolonger par nos croyances. Paradis, éternité, réincarnation, tout est prétexte à espérance, mais reste du registre du temporel. Il en va de même de notre vie qui ne se mesure et ne s’apprécie qu’à l’aune du temps qui passe et de ses échéances. Pourquoi en serait-il autrement du voyage ? Il n’est pas un déplacement dans l’espace, mais une gestion différente du temps. Voyager, c’est “prendre le temps” d’être ailleurs. L’importance que nous sommes prêts à consacrer à nos voyages dépend du regard que nous portons sur nos vies. On peut voyager pour fuir, pour se construire, par curiosité ou par nécessité. C’est toujours un équilibre entre ce que nous sommes prêts à quitter et ce que nous sommes désireux de découvrir, en même temps qu’un équilibre entre le temps de l’absence et le temps voyagé. Que je parte pour un circuit organisé de trois semaines à travers les trois pays de l’ex-Indochine ou pour une aventure sans but en Afrique qui me fera revenir dans un an ou deux, le principe reste le même. Ce qui change alors, c’est la nature du désir. Dans un cas, celui de voir ou de connaître des choses ; dans l’autre, celui de les vivre. La différence, c’est le partage, l’envie que le voyage ne soit pas simplement le passage d’un individu dans la vie d’autres individus, aussi respectueux soit-il, mais un échange de temps et d’émotions entre gens qui se rencontrent. »
Éloge du sofa (p. 18-21)
La nonchalance, élégance du routard (p. 50-53)
Carnaval et samba (p. 56-60)
« Nous ne sommes que du temps. Celui qui nous est imparti pour vivre et que nous cherchons à prolonger par nos croyances. Paradis, éternité, réincarnation, tout est prétexte à espérance, mais reste du registre du temporel. Il en va de même de notre vie qui ne se mesure et ne s’apprécie qu’à l’aune du temps qui passe et de ses échéances. Pourquoi en serait-il autrement du voyage ? Il n’est pas un déplacement dans l’espace, mais une gestion différente du temps. Voyager, c’est “prendre le temps” d’être ailleurs. L’importance que nous sommes prêts à consacrer à nos voyages dépend du regard que nous portons sur nos vies. On peut voyager pour fuir, pour se construire, par curiosité ou par nécessité. C’est toujours un équilibre entre ce que nous sommes prêts à quitter et ce que nous sommes désireux de découvrir, en même temps qu’un équilibre entre le temps de l’absence et le temps voyagé. Que je parte pour un circuit organisé de trois semaines à travers les trois pays de l’ex-Indochine ou pour une aventure sans but en Afrique qui me fera revenir dans un an ou deux, le principe reste le même. Ce qui change alors, c’est la nature du désir. Dans un cas, celui de voir ou de connaître des choses ; dans l’autre, celui de les vivre. La différence, c’est le partage, l’envie que le voyage ne soit pas simplement le passage d’un individu dans la vie d’autres individus, aussi respectueux soit-il, mais un échange de temps et d’émotions entre gens qui se rencontrent. »
(p. 87-89)
Éloge du sofa (p. 18-21)
La nonchalance, élégance du routard (p. 50-53)
Carnaval et samba (p. 56-60)