La fête des sens :
« L’œil, le nez, la bouche, le cœur. On pourrait s’en satisfaire si le vin acceptait de livrer ses secrets aussi simplement. Regarder, sentir, goûter et ressentir. Il n’y aurait rien d’autre à faire que de se laisser porter. L’œil pour en apprécier la texture, le nez pour en saisir les effluves, la bouche pour en savourer la mâche et, enfin, le cœur pour s’émouvoir. Parce qu’il n’y a rien d’autre que le cœur. Aimer ou ne pas aimer, apprécier ou dédaigner, avoir du plaisir ou pas.
L’esprit du vin vient plus tard. Beaucoup plus tard, lorsqu’on a su se débarrasser du cérémonial, des solennités de laboratoire et des liturgies de salon, lorsqu’on s’est enfin affranchi des rituels et des simulacres de l’approche. En somme, tout ceci serait assez facile, accessible au point de paraître ordinaire, si l’on pouvait se contenter de certitudes aromatiques, se conformer aux dogmes des cépages, se plier au diktat lénifiant des effets de mode, tous ces discours millésimés que l’on voudrait nous faire boire sur parole.
Le vin est partout quand on naît français. Il est là, en tout lieu et en toutes circonstances, sur la table familiale, au café du village, sur l’autel de l’église, à la vitrine du caviste, au pot d’honneur de la mairie, après le match de rugby, avant d’aller au combat, entre deux parties de cartes, sur les nappes blanches des banquets, sous les néons blafards des supermarchés. Jusque dans cette tradition un peu convenue des dîners en ville où l’on offre des fleurs à madame et une bouteille à monsieur. »
Fuir l’ivresse (p. 35-37)
Des effets de la mondialisation (p. 57-60)
“Boursouflure sémantique” (p. 82-86)
« L’œil, le nez, la bouche, le cœur. On pourrait s’en satisfaire si le vin acceptait de livrer ses secrets aussi simplement. Regarder, sentir, goûter et ressentir. Il n’y aurait rien d’autre à faire que de se laisser porter. L’œil pour en apprécier la texture, le nez pour en saisir les effluves, la bouche pour en savourer la mâche et, enfin, le cœur pour s’émouvoir. Parce qu’il n’y a rien d’autre que le cœur. Aimer ou ne pas aimer, apprécier ou dédaigner, avoir du plaisir ou pas.
L’esprit du vin vient plus tard. Beaucoup plus tard, lorsqu’on a su se débarrasser du cérémonial, des solennités de laboratoire et des liturgies de salon, lorsqu’on s’est enfin affranchi des rituels et des simulacres de l’approche. En somme, tout ceci serait assez facile, accessible au point de paraître ordinaire, si l’on pouvait se contenter de certitudes aromatiques, se conformer aux dogmes des cépages, se plier au diktat lénifiant des effets de mode, tous ces discours millésimés que l’on voudrait nous faire boire sur parole.
Le vin est partout quand on naît français. Il est là, en tout lieu et en toutes circonstances, sur la table familiale, au café du village, sur l’autel de l’église, à la vitrine du caviste, au pot d’honneur de la mairie, après le match de rugby, avant d’aller au combat, entre deux parties de cartes, sur les nappes blanches des banquets, sous les néons blafards des supermarchés. Jusque dans cette tradition un peu convenue des dîners en ville où l’on offre des fleurs à madame et une bouteille à monsieur. »
(p. 11-12)
Fuir l’ivresse (p. 35-37)
Des effets de la mondialisation (p. 57-60)
“Boursouflure sémantique” (p. 82-86)