Trouver le juste temps de séjour :
« Toujours trop impatient, avide de tout voir mais en permanence poussé par l’envie de bouger, je n’ai rien tant aimé qu’être sur la route. Je savais que six mois seraient peut-être trop courts et j’ai vécu dans une urgence qui m’imposait, à regret, des plages de relâchement. Je devais arbitrer entre l’envie de me laisser aller sans contrainte de date et l’ennui terrible qui pouvait s’installer dès que je restais trop longtemps au même endroit. J’ai appris que jouir du temps est difficile.
À Katmandou, j’ai connu la paix du voyageur. Je me levais pour contempler par la fenêtre la vallée au cœur de laquelle est nichée la ville, puis je pouvais aller arpenter les ruelles où je trouvais aussi bien à nourrir mon corps que mon esprit au contact d’autres voyageurs en transit. Pendant un instant j’ai cru que je pourrais moi aussi rester là toujours, abandonner tout ce qui me retenait à la vie ordinaire et grise qui m’attendait au retour. Et puis, comme à chaque fois, l’aiguillon de l’impatience est revenu, doucement, insidieusement, me chatouiller le cœur et les entrailles. Il fallait repartir. Le trésor du tour du monde, c’est le temps qu’on y consacre.
À chaque jour correspondait un lieu et, tout comme les anciens navigateurs notaient qu’ils passaient tel cap tel jour de l’année, le calendrier marquait une progression spatiale. Les saisons rythmaient mon avancée depuis l’hiver sibérien jusqu’aux zones chaudes des tropiques. Savoir quel était le jour de la semaine importait moins que se rendre compte d’un coup que venait d’arriver le 1er mars ou le 21 avril. Je pouvais alors jeter un regard sur tout le chemin déjà parcouru qui s’exprimait plus en jours et en semaines qu’en kilomètres. »
Observer humblement (p. 54-56)
Rencontres inattendues (p. 61-63)
Ennui et réjouissance du voyage (p. 83-86)
« Toujours trop impatient, avide de tout voir mais en permanence poussé par l’envie de bouger, je n’ai rien tant aimé qu’être sur la route. Je savais que six mois seraient peut-être trop courts et j’ai vécu dans une urgence qui m’imposait, à regret, des plages de relâchement. Je devais arbitrer entre l’envie de me laisser aller sans contrainte de date et l’ennui terrible qui pouvait s’installer dès que je restais trop longtemps au même endroit. J’ai appris que jouir du temps est difficile.
À Katmandou, j’ai connu la paix du voyageur. Je me levais pour contempler par la fenêtre la vallée au cœur de laquelle est nichée la ville, puis je pouvais aller arpenter les ruelles où je trouvais aussi bien à nourrir mon corps que mon esprit au contact d’autres voyageurs en transit. Pendant un instant j’ai cru que je pourrais moi aussi rester là toujours, abandonner tout ce qui me retenait à la vie ordinaire et grise qui m’attendait au retour. Et puis, comme à chaque fois, l’aiguillon de l’impatience est revenu, doucement, insidieusement, me chatouiller le cœur et les entrailles. Il fallait repartir. Le trésor du tour du monde, c’est le temps qu’on y consacre.
À chaque jour correspondait un lieu et, tout comme les anciens navigateurs notaient qu’ils passaient tel cap tel jour de l’année, le calendrier marquait une progression spatiale. Les saisons rythmaient mon avancée depuis l’hiver sibérien jusqu’aux zones chaudes des tropiques. Savoir quel était le jour de la semaine importait moins que se rendre compte d’un coup que venait d’arriver le 1er mars ou le 21 avril. Je pouvais alors jeter un regard sur tout le chemin déjà parcouru qui s’exprimait plus en jours et en semaines qu’en kilomètres. »
(p. 25-27)
Observer humblement (p. 54-56)
Rencontres inattendues (p. 61-63)
Ennui et réjouissance du voyage (p. 83-86)