Palmarès :
« Les phares se racontent au cœur de cette tournée, de cette ronde placée sous le signe des quatre éléments de la nature : la terre, le roc où ils trouvent leur ancrage solide et durable ; l’eau, la mer qui les borde souvent dangereusement et sur laquelle ils veillent ; l’air, le vent qui les caresse ou les agresse d’une brise légère ou de rafales infernales ; le feu enfin qui leur donne leur identité et guide les marins. Tel le jour un puzzle de 18 600 pièces de tailles, de formes et de matières différentes, rondes, carrées, octogonales et quelquefois triangulaires, de bois, de fer ou de fonte, de craie, de briques, de granite et même de marbre, tel un kaléidoscope la nuit – au sens étymologique de “regarder une belle image” –, avec mille facettes étincelantes, tournantes, balayant de blanc, de rouge ou de vert les côtes de tous les pays du monde, les phares rayonnent et inspirent. Et s’il fallait de ce peloton dense extraire trois lauréats en compétition pour un podium forcément subjectif, sur la plus haute marche je choisirais d’ériger le phare de Bressay des Shetland, pour l’aventure, la création et tout l’affect qu’il a représentés pour notre équipée d’artistes.
Sur la deuxième marche trônerait sans aucun doute le phare des Poulains de Belle-ÃŽle. C’est une maison-phare qui se détache, blanche, à la pointe nord-ouest de l’île, là où avait choisi de vivre, non sans raison tant la côte y est sauvage et grandiose, la comédienne Sarah Bernhardt. Feu de jalonnement, il émet un éclat blanc toutes les quinze secondes. À marée haute, l’îlot sur lequel il a été construit se coupe de l’île principale. Il fait bon y demeurer, seule, le temps de la marée ou d’un bivouac à la belle étoile. C’est par pur attachement que je l’ai tenu secret jusqu’à ces dernières lignes. Il me manque dès que je m’en éloigne.
La troisième marche resterait vacante. Le lauréat se dessinerait, apparaîtrait au cap ou sur la ligne d’horizon à l’occasion d’une navigation au long cours, au bout du chemin lors d’une randonnée sur les sentiers du littoral en terre lointaine, plus imaginaire, au détour de la page d’un roman, du vers d’un poème, de la planche d’une bande dessinée sur Le Quai des bulles à Saint-Malo, de l’aplat d’une peinture abstraite, d’un plan cinématographique, d’un accord ou du point d’orgue d’une symphonie, ou comme dans un conte, d’un rêve une nuit? »
Feu et lumière (p. 20-22)
Le Grand Phare (p. 34-36)
Extrait court
« Les phares se racontent au cœur de cette tournée, de cette ronde placée sous le signe des quatre éléments de la nature : la terre, le roc où ils trouvent leur ancrage solide et durable ; l’eau, la mer qui les borde souvent dangereusement et sur laquelle ils veillent ; l’air, le vent qui les caresse ou les agresse d’une brise légère ou de rafales infernales ; le feu enfin qui leur donne leur identité et guide les marins. Tel le jour un puzzle de 18 600 pièces de tailles, de formes et de matières différentes, rondes, carrées, octogonales et quelquefois triangulaires, de bois, de fer ou de fonte, de craie, de briques, de granite et même de marbre, tel un kaléidoscope la nuit – au sens étymologique de “regarder une belle image” –, avec mille facettes étincelantes, tournantes, balayant de blanc, de rouge ou de vert les côtes de tous les pays du monde, les phares rayonnent et inspirent. Et s’il fallait de ce peloton dense extraire trois lauréats en compétition pour un podium forcément subjectif, sur la plus haute marche je choisirais d’ériger le phare de Bressay des Shetland, pour l’aventure, la création et tout l’affect qu’il a représentés pour notre équipée d’artistes.
Sur la deuxième marche trônerait sans aucun doute le phare des Poulains de Belle-ÃŽle. C’est une maison-phare qui se détache, blanche, à la pointe nord-ouest de l’île, là où avait choisi de vivre, non sans raison tant la côte y est sauvage et grandiose, la comédienne Sarah Bernhardt. Feu de jalonnement, il émet un éclat blanc toutes les quinze secondes. À marée haute, l’îlot sur lequel il a été construit se coupe de l’île principale. Il fait bon y demeurer, seule, le temps de la marée ou d’un bivouac à la belle étoile. C’est par pur attachement que je l’ai tenu secret jusqu’à ces dernières lignes. Il me manque dès que je m’en éloigne.
La troisième marche resterait vacante. Le lauréat se dessinerait, apparaîtrait au cap ou sur la ligne d’horizon à l’occasion d’une navigation au long cours, au bout du chemin lors d’une randonnée sur les sentiers du littoral en terre lointaine, plus imaginaire, au détour de la page d’un roman, du vers d’un poème, de la planche d’une bande dessinée sur Le Quai des bulles à Saint-Malo, de l’aplat d’une peinture abstraite, d’un plan cinématographique, d’un accord ou du point d’orgue d’une symphonie, ou comme dans un conte, d’un rêve une nuit? »
(p. 84-87)
Feu et lumière (p. 20-22)
Le Grand Phare (p. 34-36)
Extrait court