Feu et lumière :
« Ces trois coups de projecteur bien distincts, au large, à terre sur une île, et au bout d’une jetée, reflètent parfaitement et respectivement les trois classes de phares, ceux qualifiés par leurs gardiens d’enfer, de purgatoire ou de paradis. La plupart des gardiens faisaient en effet leurs armes dans les “enfers” du large, passaient ensuite la majeure partie de leur carrière dans des phares confortables à terre, qu’ils comparaient au “purgatoire”, puis choisissaient souvent, à l’approche de la retraite, de garder une maison-phare ou un feu d’entrée de port, véritable “paradis”. J’ai suivi inconsciemment leur cheminement en m’installant tour à tour et dans le même ordre à proximité d’un phare de chacune de ces trois classes. Ce sont assurément toutes les années que j’ai passées en mer qui m’ont guidée dans ces choix, fascinée que j’ai toujours été par l’océan et la navigation, la vie à bord au large, les ports et phares pour repères.
Le phare : “une tour élevée portant au sommet une puissante source lumineuse destinée à guider les navires durant la nuit”. Chaque mot de cette définition du dictionnaire pose indéniablement question et conduit inlassablement le voyageur aux caps, aux finistères, dans les îles, à l’embouchure des fleuves, à l’entrée des ports de tous les pays du monde, ou tout simplement sur les cartes marines et dans les livres des feux. Tout marin se doit d’avoir à bord ces documents, tenus à jour, pour ses zones de navigation. Outre le nom propre officiel, la description architecturale et la hauteur de l’édifice, ces manuels des services hydrographiques précisent pour chaque phare les coordonnées géographiques – latitude et longitude –, les caractéristiques du feu – fixe, intermittent, à secteurs, à éclats ou occultations –, sa couleur, sa fréquence, sa portée. C’est d’ailleurs le feu et la lumière qui induisent le sens du mot “phare” dans de nombreuses langues : en allemand Leuchtturm, en néerlandais vuurtoren, en suédois, en norvégien et en danois fyr ou fyrtaarn, en anglais lighthouse? Mais alors, d’où vient notre vocable français ? Comme faro en espagnol et en italien, farol en portugais, pharos en grec, “phare” tire son étymologie du substantif latin pharus, lui-même dérivé du toponyme grec Pharos. Cette île du delta du Nil, rattachée au continent par une digue sous le règne d’Alexandre le Grand, est devenue péninsule. C’est là que fut édifié, à partir de 299 av. J.-C. sous le règne de Ptolémée II, le célébrissime phare d’Alexandrie, la dernière des sept merveilles du monde antique. »
Le Grand Phare (p. 34-36)
Palmarès (p. 84-87)
Extrait court
« Ces trois coups de projecteur bien distincts, au large, à terre sur une île, et au bout d’une jetée, reflètent parfaitement et respectivement les trois classes de phares, ceux qualifiés par leurs gardiens d’enfer, de purgatoire ou de paradis. La plupart des gardiens faisaient en effet leurs armes dans les “enfers” du large, passaient ensuite la majeure partie de leur carrière dans des phares confortables à terre, qu’ils comparaient au “purgatoire”, puis choisissaient souvent, à l’approche de la retraite, de garder une maison-phare ou un feu d’entrée de port, véritable “paradis”. J’ai suivi inconsciemment leur cheminement en m’installant tour à tour et dans le même ordre à proximité d’un phare de chacune de ces trois classes. Ce sont assurément toutes les années que j’ai passées en mer qui m’ont guidée dans ces choix, fascinée que j’ai toujours été par l’océan et la navigation, la vie à bord au large, les ports et phares pour repères.
Le phare : “une tour élevée portant au sommet une puissante source lumineuse destinée à guider les navires durant la nuit”. Chaque mot de cette définition du dictionnaire pose indéniablement question et conduit inlassablement le voyageur aux caps, aux finistères, dans les îles, à l’embouchure des fleuves, à l’entrée des ports de tous les pays du monde, ou tout simplement sur les cartes marines et dans les livres des feux. Tout marin se doit d’avoir à bord ces documents, tenus à jour, pour ses zones de navigation. Outre le nom propre officiel, la description architecturale et la hauteur de l’édifice, ces manuels des services hydrographiques précisent pour chaque phare les coordonnées géographiques – latitude et longitude –, les caractéristiques du feu – fixe, intermittent, à secteurs, à éclats ou occultations –, sa couleur, sa fréquence, sa portée. C’est d’ailleurs le feu et la lumière qui induisent le sens du mot “phare” dans de nombreuses langues : en allemand Leuchtturm, en néerlandais vuurtoren, en suédois, en norvégien et en danois fyr ou fyrtaarn, en anglais lighthouse? Mais alors, d’où vient notre vocable français ? Comme faro en espagnol et en italien, farol en portugais, pharos en grec, “phare” tire son étymologie du substantif latin pharus, lui-même dérivé du toponyme grec Pharos. Cette île du delta du Nil, rattachée au continent par une digue sous le règne d’Alexandre le Grand, est devenue péninsule. C’est là que fut édifié, à partir de 299 av. J.-C. sous le règne de Ptolémée II, le célébrissime phare d’Alexandrie, la dernière des sept merveilles du monde antique. »
(p. 20-22)
Le Grand Phare (p. 34-36)
Palmarès (p. 84-87)
Extrait court