
Contradictions :
« De nombreux penchants contraires habitent le motard amoureux des grands espaces. Comment peut-il assumer de côtoyer les beautés du monde sur un engin motorisé, bruyant et polluant ? Il doit à la fois cohabiter avec ses contradictions et le regard des autres, accepter qu’une minorité bruyante de motocyclistes nuise à la majorité silencieuse. Au cœur d’une transition énergétique urgente, l’époque n’est pas la plus propice pour évoquer les joies que procure le voyage à moto. Je pactise, compose, m’arrange avec le monde existant, je me débats dedans. J’ai mes zones d’ombre, mes tares, mes défauts : j’ai besoin d’essence. Je ferai peut-être un jour le serment de me désencombrer de ce vice. Est-ce là un aveu précurseur d’un changement qui se dessine ? L’avènement de l’électrique va-t-il contribuer à changer la donne ? Je ne sais pas. Le futur de la moto m’intéresse autant que son passé. La moto électrique peut sans doute procurer du plaisir. Un plaisir différent, mais un plaisir. Et nous aimerons toujours rouler, sans renier notre passé.
Au-delà du motard, les actes de tout un chacun sont teintés de contradictions, et l’homme perturbe de toute façon l’environnement qui l’entoure. Que dire du randonneur qui aime tant la nature mais dérange les animaux par sa seule présence, de ceux qui documentent les beautés fragiles de notre planète en prenant des photos aériennes depuis leur avion ou hélicoptère gourmand en kérosène, des personnes engagées dans de multiples combats écologiques mais qui continuent à se créer de nouveaux besoins. J’essaie de consommer peu de viande, mais j’achète des pâtes d’une grande marque italienne appartenant à un groupe de l’industrie agroalimentaire. J’aime que mes œufs soient issus de “poules élevées en plein air”, mais je possède un ordinateur et un téléphone conçus à bas coût à l’autre bout de la planète. Je chéris ma liberté, mais reste dépendante du moteur à explosion.
Grâce à une conduite civique et une curiosité des espaces accueillant ses plaisirs libertaires, le motard tente d’accepter sa propre condition. En étant en accord avec ce qu’il fait, l’homme ne réduit-il pas un peu sa culpabilité ? »
Premiers tours de roue (p. 14-16)
La vie au grand air (p. 32-34)
Extrait court
« De nombreux penchants contraires habitent le motard amoureux des grands espaces. Comment peut-il assumer de côtoyer les beautés du monde sur un engin motorisé, bruyant et polluant ? Il doit à la fois cohabiter avec ses contradictions et le regard des autres, accepter qu’une minorité bruyante de motocyclistes nuise à la majorité silencieuse. Au cœur d’une transition énergétique urgente, l’époque n’est pas la plus propice pour évoquer les joies que procure le voyage à moto. Je pactise, compose, m’arrange avec le monde existant, je me débats dedans. J’ai mes zones d’ombre, mes tares, mes défauts : j’ai besoin d’essence. Je ferai peut-être un jour le serment de me désencombrer de ce vice. Est-ce là un aveu précurseur d’un changement qui se dessine ? L’avènement de l’électrique va-t-il contribuer à changer la donne ? Je ne sais pas. Le futur de la moto m’intéresse autant que son passé. La moto électrique peut sans doute procurer du plaisir. Un plaisir différent, mais un plaisir. Et nous aimerons toujours rouler, sans renier notre passé.
Au-delà du motard, les actes de tout un chacun sont teintés de contradictions, et l’homme perturbe de toute façon l’environnement qui l’entoure. Que dire du randonneur qui aime tant la nature mais dérange les animaux par sa seule présence, de ceux qui documentent les beautés fragiles de notre planète en prenant des photos aériennes depuis leur avion ou hélicoptère gourmand en kérosène, des personnes engagées dans de multiples combats écologiques mais qui continuent à se créer de nouveaux besoins. J’essaie de consommer peu de viande, mais j’achète des pâtes d’une grande marque italienne appartenant à un groupe de l’industrie agroalimentaire. J’aime que mes œufs soient issus de “poules élevées en plein air”, mais je possède un ordinateur et un téléphone conçus à bas coût à l’autre bout de la planète. Je chéris ma liberté, mais reste dépendante du moteur à explosion.
Grâce à une conduite civique et une curiosité des espaces accueillant ses plaisirs libertaires, le motard tente d’accepter sa propre condition. En étant en accord avec ce qu’il fait, l’homme ne réduit-il pas un peu sa culpabilité ? »
(p. 64-66)
Premiers tours de roue (p. 14-16)
La vie au grand air (p. 32-34)
Extrait court