
Périlleuse Humanitarie :
« Peur ? Oui, j’ai eu peur. Le canon de la mitraillette pointé sur vous déclenche un frisson qui parcourt l’échine de haut en bas. Puis soudain la pile se vide et une étrange paix intérieure s’empare de votre être. Vous êtes absent à vous-même et votre corps poursuit son fonctionnement en mode automatique. Ce n’est qu’une fois à nouveau sur la piste que cette distanciation entre le psychique et le physique disparaît. On se recompose, assis dans le 4x4, écrasé par la chaleur tropicale. On grelotte, complètement épuisé.
La peur : un sentiment que connaît le médecin, mais qui s’infiltre et se déploie de façon étrange en Humanitarie. Dans le cadre de sa pratique habituelle, dans les institutions policées de l’Occident victorieux, l’homme de l’art s’inquiète de la vie qui s’échappe d’un corps qui n’est pas le sien. Son travail, surtout aux urgences, s’apparente parfois à une lutte contre la mort, et cela peut être source d’inquiétude. Mais l’inquiétude est plus proche ici de celle d’échouer, de ne pas réussir à mener à bien l’opération délicate qui permet d’obtenir le résultat attendu, que de celle, glaçante, de perdre la vie, sa vie. Ce n’est pas le médecin qui, ordinairement, est envahi par cette peur ; la victime, elle, l’éprouve – lorsqu’elle est consciente du moins. Tout est fait, au contraire, pour que celui qui soigne – tant sa mission est importante – soit libéré des préoccupations, des angoisses, des noires images qui nuiraient à l’établissement d’un diagnostic et à l’accomplissement des gestes qui sauvent. Aider le médecin à faire le vide, telle pourrait être la fonction de l’institution, et des équipes qui entourent celui qui intervient. Mais que se passe-t-il lorsque le contexte ne garantit plus cela ? Comment être docteur la peur au ventre ? Car cette fois, la décharge d’adrénaline vous est destinée. »
Les cavaliers de l’Apolcalypse (p. 23-24)
Costume ou haillons (p. 25-27)
Extrait court
« Peur ? Oui, j’ai eu peur. Le canon de la mitraillette pointé sur vous déclenche un frisson qui parcourt l’échine de haut en bas. Puis soudain la pile se vide et une étrange paix intérieure s’empare de votre être. Vous êtes absent à vous-même et votre corps poursuit son fonctionnement en mode automatique. Ce n’est qu’une fois à nouveau sur la piste que cette distanciation entre le psychique et le physique disparaît. On se recompose, assis dans le 4x4, écrasé par la chaleur tropicale. On grelotte, complètement épuisé.
La peur : un sentiment que connaît le médecin, mais qui s’infiltre et se déploie de façon étrange en Humanitarie. Dans le cadre de sa pratique habituelle, dans les institutions policées de l’Occident victorieux, l’homme de l’art s’inquiète de la vie qui s’échappe d’un corps qui n’est pas le sien. Son travail, surtout aux urgences, s’apparente parfois à une lutte contre la mort, et cela peut être source d’inquiétude. Mais l’inquiétude est plus proche ici de celle d’échouer, de ne pas réussir à mener à bien l’opération délicate qui permet d’obtenir le résultat attendu, que de celle, glaçante, de perdre la vie, sa vie. Ce n’est pas le médecin qui, ordinairement, est envahi par cette peur ; la victime, elle, l’éprouve – lorsqu’elle est consciente du moins. Tout est fait, au contraire, pour que celui qui soigne – tant sa mission est importante – soit libéré des préoccupations, des angoisses, des noires images qui nuiraient à l’établissement d’un diagnostic et à l’accomplissement des gestes qui sauvent. Aider le médecin à faire le vide, telle pourrait être la fonction de l’institution, et des équipes qui entourent celui qui intervient. Mais que se passe-t-il lorsque le contexte ne garantit plus cela ? Comment être docteur la peur au ventre ? Car cette fois, la décharge d’adrénaline vous est destinée. »
(p. 55-57)
Les cavaliers de l’Apolcalypse (p. 23-24)
Costume ou haillons (p. 25-27)
Extrait court