
Costume ou haillons :
« Deux mondes se rencontrent dans ces lieux : d’un côté, une équipe d’humanitaires en bonne santé, bien habillés avec de superbes T-shirts à logo débarquant tous les matins de 4x4 couverts d’autocollants ; de l’autre, une population vêtue de haillons, amaigrie, au regard plein d’espoir. Ce n’est pas tellement le choc des cultures qui frappe, mais le choc des extrêmes, celui des inégalités, qui se répète à chaque mission. Dans nos hôpitaux et nos cabinets de consultation en France, la relation malade-médecin se réalise dans le même monde. À N’Djamena, dans la maternité transformée en hôpital, elle traverse une frontière. L’idée que le destin aurait pu inverser les rôles impose le respect, l’humilité et le supplément d’humanité nécessaires pour encaisser et accepter le choc. Ici, la médecine est essentiellement clinique, adaptée aux pathologies locales. Les protocoles de soins sont revisités avec les moyens disponibles et au plus juste de l’exigence médicale. Ce n’est pas parce que l’on se trouve dans une situation dégradée qu’il faut faire de la médecine dégradée. Le risque est réel, car personne ne viendra vous dire que ce que vous faites n’est pas bien. Le nombre de patients soignés, d’opérations réalisées ou d’aide alimentaire distribuée a longtemps compté comme seul moyen d’évaluation de l’action humanitaire?
Claude Hertz, sorti tout droit du bloc opératoire d’une clinique, et moi, débarqué de mon service de réanimation, nous complétons dans la chirurgie de guerre et la médecine humanitaire. Face aux échecs, on se console en se disant qu’on a tout fait. Les succès, plus nombreux qu’espérés, nous étonnent. Probablement qu’ils tiennent à la résistance des patients, à leur extrême sensibilité aux antibiotiques et aux prouesses du chirurgien. »
Les cavaliers de l’Apolcalypse (p. 23-24)
Périlleuse Humanitarie (p. 55-57)
Extrait court
« Deux mondes se rencontrent dans ces lieux : d’un côté, une équipe d’humanitaires en bonne santé, bien habillés avec de superbes T-shirts à logo débarquant tous les matins de 4x4 couverts d’autocollants ; de l’autre, une population vêtue de haillons, amaigrie, au regard plein d’espoir. Ce n’est pas tellement le choc des cultures qui frappe, mais le choc des extrêmes, celui des inégalités, qui se répète à chaque mission. Dans nos hôpitaux et nos cabinets de consultation en France, la relation malade-médecin se réalise dans le même monde. À N’Djamena, dans la maternité transformée en hôpital, elle traverse une frontière. L’idée que le destin aurait pu inverser les rôles impose le respect, l’humilité et le supplément d’humanité nécessaires pour encaisser et accepter le choc. Ici, la médecine est essentiellement clinique, adaptée aux pathologies locales. Les protocoles de soins sont revisités avec les moyens disponibles et au plus juste de l’exigence médicale. Ce n’est pas parce que l’on se trouve dans une situation dégradée qu’il faut faire de la médecine dégradée. Le risque est réel, car personne ne viendra vous dire que ce que vous faites n’est pas bien. Le nombre de patients soignés, d’opérations réalisées ou d’aide alimentaire distribuée a longtemps compté comme seul moyen d’évaluation de l’action humanitaire?
Claude Hertz, sorti tout droit du bloc opératoire d’une clinique, et moi, débarqué de mon service de réanimation, nous complétons dans la chirurgie de guerre et la médecine humanitaire. Face aux échecs, on se console en se disant qu’on a tout fait. Les succès, plus nombreux qu’espérés, nous étonnent. Probablement qu’ils tiennent à la résistance des patients, à leur extrême sensibilité aux antibiotiques et aux prouesses du chirurgien. »
(p. 25-27)
Les cavaliers de l’Apolcalypse (p. 23-24)
Périlleuse Humanitarie (p. 55-57)
Extrait court