Collection « Petite philosophie du voyage »

  • Défis de la course (Les)
  • Écho des bistrots (L’)
  • Quête du naturaliste (La)
  • Instinct de la glisse (L’)
  • Vertiges de la forêt (Les)
  • Voyage en famille (Le)
  • Tao du vélo (Le)
  • Parfum des îles (Le)
  • Appel de la route (L’)
  • Bonheurs de l’aquarelle (Les)
  • Euphorie des cimes (L’)
  • Malices du fil (Les)
  • Ivresse de la marche (L’)
  • Force du silence (La)
  • Secret des pierres (Le)
  • Frénésie du windsurf (La)
  • Prouesses de l’apnée (Les)
  • Vie en cabane (La)
  • Fureur de survivre (La)
  • Art de la trace (L’)
  • Voyage dans l’espace (Le)
  • Ronde des phares (La)
  • Frisson de la moto (Le)
  • Légèreté du parapente (La)
  • Poésie du rail (La)
  • Hymne aux oiseaux (L’)
  • L’Engagement humanitaire
  • Grâce de l’escalade (La)
  • Temps du voyage (Le)
  • Vertu des steppes (La)
  • Facéties du stop (Les)
  • Cantique de l’ours (Le)
  • Esprit du geste (L’)
  • Écriture de l’ailleurs (L’)
  • Rythme de l’âne (Le)
  • Chant des voiles (Le)
  • Liberté du centaure (La)
  • Tour du monde (Le)
  • Fièvre des volcans (La)
  • Extase du plongeur (L’)
  • Tentation du jardin (La)
  • Vie à la campagne (La)
  • Murmure des dunes (Le)
  • Goût de la politesse (Le)
  • Caresse de l’onde (La)
  • Magie des grimoires (La)
  • Audaces du tango (Les)
  • Simplicité du kayak (La)
  • Voyage immobile (Le)
  • Attrait des gouffres (L’)
  • Soif d’images (La)
  • Mémoire de la Terre (La)
  • Enchantement de la rivière (L’)
  • Prodige de l’amitié (Le)
  • Promesse de l’envol (La)
  • Mystères du vin (Les)
  • Religion du jazz (La)
  • Charme des musées (Le)
  • Triomphe du saltimbanque (Le)
  • Sortilèges de l’opéra (Les)
  • Âme de la chanson (L’)
  • Sérénité de l’éveil (La)
  • Arcanes du métro (Les)
Couverture
De l’aiguille à la main :

« L’aiguille est le prolongement bienvenu de mes doigts. J’en possède des dizaines, certaines aussi fines qu’un cheveu pour les perles les plus petites, d’autres plus épaisses, à bout rond et au chas large, pour les rubans ; j’en ai des courtes, nerveuses, des longues, plus pesantes et raides, que je choisis selon l’envie, la trame sur laquelle elles s’exercent et l’épaisseur du fil. Idéalement, une aiguille m’accompagne le temps d’un ouvrage ; je m’habitue à elle et elle se plie, se tord parfois, à mon geste. Son maniement exclut la mollesse. Envers, endroit, envers, endroit, envers. L’aiguille fend le tissu comme un navire les flots, attrapant au passage perles, strass, éclats percés, toupies ou tubes, qu’elle vient poser au cours de son périple. Le rythme est bien différent au lunéville. Vertical, mécanique, apparemment plus distant car moins en prise avec la main, efficace, le crochet évoque pour moi un métronome, le tic-tac de la montre, le cliquetis des rouages. Je me prends au jeu, parfois, et tente de broder en rythme, comme si je scandais une musique en pensée. La modestie de ces outils d’acier et de bois, légers et peu encombrants, me ravit.
À l’atelier, nous avons appris à tirer parti de nos deux mains, l’une au-dessus du métier, l’autre en dessous, à prendre conscience de la puissance de nos paumes, de l’agilité de nos doigts, de la sensibilité de notre dernière phalange. L’activité nourrit leur dextérité et leur finesse, et s’appuie sur toute la palette de leurs forces vives. D’abord la pince que forment le pouce et l’index ; puis la zone de peau fine et tendue qui les unit, où vient s’appuyer le crochet de Lunéville tenu comme un crayon ; l’auriculaire, aussi petit que nécessaire, permet quant à lui de bloquer le fil et de l’empêcher de s’enfuir ; l’annulaire, enfin, contrepoids idéal ou remplaçant du majeur meurtri à force de pousser l’aiguille. Petit à petit, tous les doigts se musclent subtilement et apprennent à agir séparément. Je suis droitière. Ma main droite est ma main directrice, l’active et la visible, la spontanée, celle qui tient le stylo et la craie, les ciseaux et le crochet. La gauche est celle qui ne vient pas sans être appelée, renfort précieux, discret et sensible puisqu’elle remplace mes yeux sous le tissu. Les deux se répondent dans un échange constant, une complémentarité des forces, une symétrie des mouvements qui deviendraient bancals ou maladroits sans ce dialogue : quand ma main droite pique et pousse l’aiguille, la gauche la tire puis la pique à nouveau pour la lui redonner. Quand la droite plante le lunéville dans le tissu, la gauche tourne le fil autour de l’hameçon tandis qu’à un millième de seconde d’intervalle la première tourne le crochet et remonte la pointe pour à nouveau piquer celle-ci un peu plus loin. Telle une musicienne, je tends à devenir ambidextre à force de laisser mes extrémités jouer leur partition. Et comme les instrumentistes, j’ai reçu du représentant zélé d’une compagnie d’assurances, qui découvrait mon métier, la proposition d’inclure mes mains dans son contrat ! »
(p. 29-32)

À l’atelier Bizet (p. 11-14)
Rêveries humaines (p. 25-27)
Extrait court
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