Collection « Petite philosophie du voyage »

  • Défis de la course (Les)
  • Écho des bistrots (L’)
  • Quête du naturaliste (La)
  • Instinct de la glisse (L’)
  • Vertiges de la forêt (Les)
  • Voyage en famille (Le)
  • Tao du vélo (Le)
  • Parfum des îles (Le)
  • Appel de la route (L’)
  • Bonheurs de l’aquarelle (Les)
  • Euphorie des cimes (L’)
  • Malices du fil (Les)
  • Ivresse de la marche (L’)
  • Force du silence (La)
  • Secret des pierres (Le)
  • Frénésie du windsurf (La)
  • Prouesses de l’apnée (Les)
  • Vie en cabane (La)
  • Fureur de survivre (La)
  • Art de la trace (L’)
  • Voyage dans l’espace (Le)
  • Ronde des phares (La)
  • Frisson de la moto (Le)
  • Légèreté du parapente (La)
  • Poésie du rail (La)
  • Hymne aux oiseaux (L’)
  • L’Engagement humanitaire
  • Grâce de l’escalade (La)
  • Temps du voyage (Le)
  • Vertu des steppes (La)
  • Facéties du stop (Les)
  • Cantique de l’ours (Le)
  • Esprit du geste (L’)
  • Écriture de l’ailleurs (L’)
  • Rythme de l’âne (Le)
  • Chant des voiles (Le)
  • Liberté du centaure (La)
  • Tour du monde (Le)
  • Fièvre des volcans (La)
  • Extase du plongeur (L’)
  • Tentation du jardin (La)
  • Vie à la campagne (La)
  • Murmure des dunes (Le)
  • Goût de la politesse (Le)
  • Caresse de l’onde (La)
  • Magie des grimoires (La)
  • Audaces du tango (Les)
  • Simplicité du kayak (La)
  • Voyage immobile (Le)
  • Attrait des gouffres (L’)
  • Soif d’images (La)
  • Mémoire de la Terre (La)
  • Enchantement de la rivière (L’)
  • Prodige de l’amitié (Le)
  • Promesse de l’envol (La)
  • Mystères du vin (Les)
  • Religion du jazz (La)
  • Charme des musées (Le)
  • Triomphe du saltimbanque (Le)
  • Sortilèges de l’opéra (Les)
  • Âme de la chanson (L’)
  • Sérénité de l’éveil (La)
  • Arcanes du métro (Les)
Couverture
La nostalgie des “vieux coucous” :

« Certains, parmi les anciens, éprouvent parfois le sentiment que les moyens modernes ont tendance à dénaturer le pilotage, à lui ôter la part de rigueur qu’il comporte à leurs yeux. Comme d’une conquête trop facile, d’une séduction sans effort. Comme d’un abaissement des exigences qui constituent le fondement de la conduite d’un avion. Le pilote est toujours poussé à se juger lui-même, qu’il soit seul dans un cockpit ou en compagnie de témoins. C’est ce qui fait la singularité de cette activité. S’envoler, c’est se placer hors de vue et de jugement des hommes, hormis lors du décollage et de l’atterrissage. La récompense suprême du pilote ne réside pas dans l’appréciation que porte un témoin averti à même de le jauger en connaisseur (sauf en cas de contrôle par un instructeur !). Encore moins dans les cris et les frissons de spectateurs qui s’esbaudissent des acrobaties qu’exécutent des as de la voltige devant un public de meeting aérien. Elle émane de lui-même.
C’est parmi une telle population que se recrutent ceux qui, professionnels ou non, trouvent leur satisfaction à s’installer de temps à autre aux commandes d’appareils que l’on qualifie parfois de “vieux coucous”. Avions vénérables qui totalisent souvent des décennies d’existence et sont dépourvus de presque tous les équipements modernes. Leurs propriétaires les ont acquis en se privant d’autres plaisirs. Ils les bichonnent comme des objets précieux, consacrant leurs loisirs à leur entretien, satisfaits de prendre l’air de loin en loin dans un cockpit ouvert aux quatre vents, pour s’offrir l’illusion – plus que l’illusion – de revivre l’aventure des pionniers d’il y a cent ans. Catégorie à part : les war birds, oiseaux de guerre, d’origine militaire, avec peinture de camouflage et insignes d’appartenance à tel ou tel pays belligérant. Leurs pilotes s’offrent des sensations guerrières en présentant ces appareils lors de meetings aériens au cours de simulacres d’affrontements, avec effets pyrotechniques propres à renforcer le réalisme d’évocation de leur utilisation première.
Parmi ces machines anciennes, l’une est chère à mon cœur. Celle sur laquelle j’ai effectué mes premiers vols d’apprenti pilote. D’élève-pilote militaire, au sein du service de l’aviation légère et sportive de l’époque qui, par contrat avec l’armée, jouait un rôle d’initiateur. On nous “dégrossissait” afin de déterminer si nous possédions les qualités requises pour devenir pilote militaire. Le Stampe, biplan d’origine belge et d’avant la Seconde Guerre mondiale, est un biplace en tandem de toile et de bois, sans radio, au tableau de bord spartiate. Il évoquait les avions de l’Aéropostale, ce qui le sacralisait à nos yeux, rajeuni d’une couche de peinture d’aluminium. Le moniteur occupait la place avant ; l’élève, la place arrière. Pour voler, nous revêtions des combinaisons de toile grossière, raidies par de trop nombreux passages en machine à laver après usage par nos prédécesseurs. Un ensemble aux jambes trop longues, que nous repliions en revers, rugueux, ample, maintenu à la taille par une ceinture de même matière nouée sur le nombril. Nous avions l’air de caricatures de pilotes. Mais nous nous en fichions. Nous étions fiers de porter un serre-tête de cuir qui servait surtout à plaquer sur nos oreilles deux coussinets rembourrés de crin au centre desquels aboutissaient les tuyaux de caoutchouc qui acheminaient de la place avant vers la place arrière, et inversement, les locutions que nous confiions à un cornet placé sur le côté du poste de pilotage, en penchant la tête. C’est par là que transitaient les sentences sans appel de notre moniteur. Celui qui savait et consentait, magnanime, à nous transmettre son savoir. Par là aussi que nous restituions ce que nous pensions en avoir compris, quand il nous le demandait. Quel progrès par rapport aux petits papiers qu’échangeaient pilotes et radios, pilotes et passagers des avions d’époque, feuillets de calepin, bouts de journal sur lesquels ils inscrivaient leurs dialogues ! »
(p. 54-58)

Les frontières du ciel (p. 27-31)
Kiss landing (p. 87-89)
Extrait court
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