La Vie des cimetières, Petite déambulation dans le monde des défunts et les rituels associés
Hervé Bellec
Si l’on fait fi des plus anciennes sépultures (à Skhül, en Israël), datées de 100 000 ans, et des champs funéraires préhistoriques disséminés sur tous les continents, le plus vieux cimetière découvert à ce jour (à Uyun al-Hammam en Jordanie) daterait de plus de 16 500 ans. Depuis ses tombes garnies d’offrandes jusqu’aux galeries sculptées de l’aître Saint-Maclou, à Rouen, et aux plus récents alignements de tombes militaires alliées en Normandie ou encore au cimetière du Père-Lachaise dont les 43 hectares reçoivent plus de 3 millions de visiteurs chaque année, les cimetières témoignent du soin apporté par les hommes à leurs défunts, voire d’un culte des morts, qu’ils soient incinérés ou inhumés. Lieu sacré et respecté où sont menés des rituels ou lieu immonde et repoussant berceau de peurs ancestrales, le cimetière est porteur d’un imaginaire puissant, reflet de constructions symboliques. Il interroge : que devenons-nous après la mort ? Disparaissons-nous vraiment ? Et quel récit, même sobre, la pierre tombale fait-elle de celui qui n’est plus ? Parce que le souvenir des défunts dépend du souvenir qu’on en garde et qu’on perpétue, le cimetière permet de dépasser le trépas, de ne pas muer l’absence en oubli, de poursuivre une forme d’existence. Le travail qu’y mène parfois l’archéologue, à genoux avec sa truelle et son pinceau, tout le monde peut en comprendre la finalité ; mais quelles sont les motivations du taphophile qui y déambule pour le loisir sans y visiter un proche disparu ? Que vient-il chercher dans ce lieu si particulier ? Une ambiance apaisante et non pesante, un lien avec les générations passées et l’histoire de la région, une connaissance de l’architecture et des pratiques funéraires anciennes? À ces questions et bien d’autres, La Vie des cimetières apporte les réponses d’un passionné.