Des affinités électives :
« Je me plais depuis à croire qu’il y a entre les livres et leurs lecteurs, entre les livres et les voyages qu’ils accompagnent, certaines affinités, une forme d’élection à laquelle il n’est pas superflu de se rendre sensible. Il m’a toujours semblé que ces livres-là, ceux qu’en fait on ne choisit pas, savaient venir d’eux-mêmes, qu’ils savaient choisir le moment où ils seraient le mieux lus et qu’on y trouvait le plus souvent, non pas une inspiration, ni même une nouveauté, mais bien plutôt une confirmation qui devient un peu comme, à travers les lignes et selon un sens qui échappe, une exhortation à aller de l’avant. Valery Larbaud, par exemple, dont je n’avais que vaguement entendu le nom dans mon adolescence, fait maintenant partie de mon petit panthéon et je lui dois aujourd’hui quelques-uns de mes plus grands plaisirs de lecture comme de voyage.
J’aime, de la même manière, choisir mes destinations selon un ordre aléatoire, faire confiance au hasard (auquel je crois assez peu), ou au destin (qui m’effraie parfois). Comme les livres, certaines destinations s’imposent sans raison apparente alors que d’autres, longtemps attendues, sont toujours à ce jour inconnues. Peut-être la lecture récente de Borges va-t-elle enfin me donner un peu de goût pour l’Amérique latine qui, jusqu’à présent, m’a laissé bien loin d’elle ? »
Au Yémen, avec Malraux et la reine de Saba (p. 15-19)
Une lecture en route pour Kashgar (p. 45-49)
Le monde pour théâtre (p. 60-63)
« Je me plais depuis à croire qu’il y a entre les livres et leurs lecteurs, entre les livres et les voyages qu’ils accompagnent, certaines affinités, une forme d’élection à laquelle il n’est pas superflu de se rendre sensible. Il m’a toujours semblé que ces livres-là, ceux qu’en fait on ne choisit pas, savaient venir d’eux-mêmes, qu’ils savaient choisir le moment où ils seraient le mieux lus et qu’on y trouvait le plus souvent, non pas une inspiration, ni même une nouveauté, mais bien plutôt une confirmation qui devient un peu comme, à travers les lignes et selon un sens qui échappe, une exhortation à aller de l’avant. Valery Larbaud, par exemple, dont je n’avais que vaguement entendu le nom dans mon adolescence, fait maintenant partie de mon petit panthéon et je lui dois aujourd’hui quelques-uns de mes plus grands plaisirs de lecture comme de voyage.
J’aime, de la même manière, choisir mes destinations selon un ordre aléatoire, faire confiance au hasard (auquel je crois assez peu), ou au destin (qui m’effraie parfois). Comme les livres, certaines destinations s’imposent sans raison apparente alors que d’autres, longtemps attendues, sont toujours à ce jour inconnues. Peut-être la lecture récente de Borges va-t-elle enfin me donner un peu de goût pour l’Amérique latine qui, jusqu’à présent, m’a laissé bien loin d’elle ? »
(p. 12-13)
Au Yémen, avec Malraux et la reine de Saba (p. 15-19)
Une lecture en route pour Kashgar (p. 45-49)
Le monde pour théâtre (p. 60-63)