
Cordillera :
« Ma première rencontre avec le condor fut aussi belle que brève. Alors que j’observais une éclaircie découvrant les cimes du cerro Paine, embrumées depuis deux jours, le seigneur des Andes tournoya sur fond de neiges éternelles et s’en fut comme il était venu, vers les sommets nuageux de la Cordillère. Cet oiseau au vol admirable plane dans le ciel des heures durant, sans donner le moindre coup d’aile, décrivant des cercles immenses, à la recherche d’une carcasse de guanaco ou de mouton abandonnée par un puma. Les seuls mouvements observables durant son vol sont ceux qu’il effectue avec sa queue pour se diriger, et le pivotement de sa tête blanche qui scrute les prairies environnantes. Ses ailes, dont l’envergure peut atteindre quatre mètres, sont terminées par de grandes plumes distinctes, semblables à des doigts effilés. Le condor hante toute la cordillère des Andes, de la Terre de Feu jusqu’en Équateur. Un jour, je vis tournoyer dans le ciel une quinzaine d’aigles et de condors qui passèrent si près de moi que je percevais le sifflement de leur vol. Un festin devait se préparer. J’élucidai rapidement la question de leur présence : une femelle guanaco, blessée à la patte, se traînait sous le regard attentif de ses congénères restés sur la falaise voisine. À en juger par la poche de placenta qui pendait entre ses pattes, elle venait de mettre bas. Un puma l’avait sans doute attaquée et avait dévoré son petit. En plus de sa progéniture, elle allait au profit des rapaces maintenant perdre la vie. »
Cordillera (p. 40-41)
Cordillera (p. 62-65)
Extrait court
« Ma première rencontre avec le condor fut aussi belle que brève. Alors que j’observais une éclaircie découvrant les cimes du cerro Paine, embrumées depuis deux jours, le seigneur des Andes tournoya sur fond de neiges éternelles et s’en fut comme il était venu, vers les sommets nuageux de la Cordillère. Cet oiseau au vol admirable plane dans le ciel des heures durant, sans donner le moindre coup d’aile, décrivant des cercles immenses, à la recherche d’une carcasse de guanaco ou de mouton abandonnée par un puma. Les seuls mouvements observables durant son vol sont ceux qu’il effectue avec sa queue pour se diriger, et le pivotement de sa tête blanche qui scrute les prairies environnantes. Ses ailes, dont l’envergure peut atteindre quatre mètres, sont terminées par de grandes plumes distinctes, semblables à des doigts effilés. Le condor hante toute la cordillère des Andes, de la Terre de Feu jusqu’en Équateur. Un jour, je vis tournoyer dans le ciel une quinzaine d’aigles et de condors qui passèrent si près de moi que je percevais le sifflement de leur vol. Un festin devait se préparer. J’élucidai rapidement la question de leur présence : une femelle guanaco, blessée à la patte, se traînait sous le regard attentif de ses congénères restés sur la falaise voisine. À en juger par la poche de placenta qui pendait entre ses pattes, elle venait de mettre bas. Un puma l’avait sans doute attaquée et avait dévoré son petit. En plus de sa progéniture, elle allait au profit des rapaces maintenant perdre la vie. »
(p. 32-33)
Cordillera (p. 40-41)
Cordillera (p. 62-65)
Extrait court