Collection « Nature nomade »

  • Sagesse de l’herbe
  • Le Chemin des plantes
  • Je m’appelle Koja
  • Adieu Goulsary
  • Avec les ours
  • Bergère
  • Initiation (L’)
  • Un hiver de coyote
Couverture
Valerianella, le goût du départ – Charlieu ~ Le Puy-en-Velay :

« Le Puy ! est un point d’exclamation qui vient frapper l’horizon.

Une de ces cités à monastères encore occupés et animés. Une cité à pèlerins aussi, beaucoup de pèlerins. Une maison où l’on habite une nuit, ou deux. Un rocher ardent qui vibre encore au rythme des allées et venues face à l’immuabilité des pierres. La dynamique du départ dans un environnement pareil offre une énergie exceptionnelle. Tellement de gens sont en train de remettre leur destin au chemin qu’il en devient magique. Tous les hasards deviennent possibles. Une fidèle à la cathédrale me raconte l’histoire du lieu. Sans le savoir, elle vient de me révéler la réponse à la question qui suit.
Quelle est la plante du Puy ? Celle sur laquelle ont été bâties les premières pierres, celle qui est à l’origine de la cité ? Peu de gens le savent, personne ne semble en avoir pris conscience. Pourtant, beaucoup connaissent la légende. Une histoire d’apparition, bien sûr. En ce lieu, à l’origine, il n’y avait rien. Enfin, pas de ville, pas de construction. Une colline sauvage et inculte. Une lande qui faisait peur. Et si, il avait une chose – une pierre druidique, un dolmen – où les gens venaient parfois, car elle avait le pouvoir de guérir. Un jour, une femme d’un village alentour tombe gravement malade. Au milieu d’une grosse fièvre, Marie lui apparaît. Elle lui dit de s’allonger sur la pierre druidique, et qu’elle sera soignée instantanément. La femme trouve donc le courage surhumain de se traîner jusqu’à ladite pierre. À bout de force, elle s’y effondre et, bien entendu, guérit immédiatement. Elle est d’un coup inondée d’une énergie vitale incroyable. Cependant, comme en réponse à cet acte, le temps change, et il se met subitement à neiger en ce 15 juillet. Lorsque les flocons en ont fini de tomber, la femme qui s’abritait sous ses propres bras relève la tête. Toute la colline est recouverte de blanc, impossible de distinguer le sentier par lequel elle est venue. Par contre, autour d’elle, des traces de cerf. Ils semblent dessiner une forme autour de la pierre. Oui, c’est ça ! Ils dessinent l’enceinte du lieu sacré ! Ils dessinent les plans de fondation d’une chapelle ! Miracle ! Les traces descendent enfin la colline, montrant le chemin à la femme pour retourner auprès des siens. Miracle ! Miracle !
Premier enseignement : suivre les animaux.
Seulement, la neige va fondre ! Les traces vont disparaître ! Elle se dirige alors vers le premier buisson venu, un truc plein d’épines. Elle en casse des branches qu’elle enfonce sur les marques du plan de la chapelle, régulièrement, et jalonne le chemin sacré qui y mène. De retour chez elle, elle raconte son histoire. Certains en rient, mais l’évêque écoute attentivement. Quelque temps après, une expédition est organisée au mont Anis, ancien nom de ce puy, qui commémore la déesse Ana, mère des divinités celtes. Une odeur semble guider ses membres qui, parvenus au pied de la colline, voient des milliers de roses qui ont fleuri le long du chemin, et sur le tracé de la chapelle. C’était donc des églantiers, Rosa canina, le rosier sauvage, que la femme avait pris, et finalement bouturé.
Second enseignement : semer des fleurs le long de notre chemin.
Une chapelle sera construite sur les roses, puis une église, puis la cathédrale. La pierre druidique est posée à l’intérieur, et soigne parfois encore ceux qui s’allongent sur elle. L’églantier quant à lui pousse toujours là où passent le cerf et le chevreuil, entre la sombre forêt et la clairière. Plante de lisière, qui fait le lien, et s’accroche. Je comprends maintenant son nom, Rosa canina, rosier des chiens. Le rosier des chiens, guides des aveugles que nous sommes.
Troisième enseignement : la rose montre le chemin du lieu saint oublié. »
(p. 46-48)

Rosa, l’humeur du mouvement – Le Puy-en-Velay ~ Decazeville (p. 76-78)
Sibthorpia, le murmure du temps – O Cebreiro ~ Compostelle ~ Fisterra (p. 167-169)
Extrait court
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