Réminiscences sacrées :
« Ce n’est pas tant le progrès qui a écorché la Terre que le peu d’esprit avec lequel nous l’avons dirigé. La domination écrasante des préoccupations matérialistes sur toutes les autres nous prive du ressort qui pourrait nous sauver. Une sensibilité spirituelle commence par dire “je ne sais pas”. Dans le doute, la précaution s’impose. Qu’elle soit d’ordre moral privé ou d’essence religieuse, la retenue a pour vertu de préserver une part de mystère et de laisser de la place au merveilleux. Et pas plus le merveilleux que le mystère n’ont perverti l’atmosphère. Les ingénieurs satelliseront des écrans pour réfléchir les rayons du soleil, répandront des nuages de soufre pour leur faire barrage, mais n’empêcheront rien. Plus efficace que la technique était le sens du sacré. Hélas, il nous fait défaut.
Que la glace fonde n’a rien de surprenant. Ce qui aurait été déconcertant, voire décevant, c’est qu’elle reste insensible. Que la violence ne l’atteigne pas. Mais la glace est touchée, plus que l’homme qui fait mine de ne rien sentir. L’homme sait faire semblant. Le lien, c’était pour apprendre à l’homme à retrouver sa propre nature, à ne plus faire semblant. Voilà ce que la glace avait à nous apprendre, davantage que la science. La nature nous accompagnait, nous reliait à tout ce qui vient d’elle, nous convertissait au respect. Mais la nature est blessée, très gravement cette fois. La perte des glaces, c’est la perte du sang. »
Héraut de la nature (p. 56-57)
La parabole de Shackleton (p. 111-115)
L’aventure vitale (p. 133-134)
« Ce n’est pas tant le progrès qui a écorché la Terre que le peu d’esprit avec lequel nous l’avons dirigé. La domination écrasante des préoccupations matérialistes sur toutes les autres nous prive du ressort qui pourrait nous sauver. Une sensibilité spirituelle commence par dire “je ne sais pas”. Dans le doute, la précaution s’impose. Qu’elle soit d’ordre moral privé ou d’essence religieuse, la retenue a pour vertu de préserver une part de mystère et de laisser de la place au merveilleux. Et pas plus le merveilleux que le mystère n’ont perverti l’atmosphère. Les ingénieurs satelliseront des écrans pour réfléchir les rayons du soleil, répandront des nuages de soufre pour leur faire barrage, mais n’empêcheront rien. Plus efficace que la technique était le sens du sacré. Hélas, il nous fait défaut.
Que la glace fonde n’a rien de surprenant. Ce qui aurait été déconcertant, voire décevant, c’est qu’elle reste insensible. Que la violence ne l’atteigne pas. Mais la glace est touchée, plus que l’homme qui fait mine de ne rien sentir. L’homme sait faire semblant. Le lien, c’était pour apprendre à l’homme à retrouver sa propre nature, à ne plus faire semblant. Voilà ce que la glace avait à nous apprendre, davantage que la science. La nature nous accompagnait, nous reliait à tout ce qui vient d’elle, nous convertissait au respect. Mais la nature est blessée, très gravement cette fois. La perte des glaces, c’est la perte du sang. »
(p. 78-79)
Héraut de la nature (p. 56-57)
La parabole de Shackleton (p. 111-115)
L’aventure vitale (p. 133-134)