Livre premier :
« An IV.
Par un beau jour du premier mois de l’été, quatre ans après l’intronisation du Bogd par son peuple, un homme, la trentaine environ, menait un cheval attelé à son chariot sur la berge nord de la Grande Tamir.
Son deel imprégné de poussière et de sueur, tanné par le soleil et le vent, avait été tant de fois rapiécé qu’on eût dit un patchwork aux mille couleurs. Bien malin celui qui aurait pu deviner dans quelle étoffe il avait été taillé.
Robuste, large d’épaules, il portait en bandoulière un fusil à silex qui n’avait pas dû servir depuis des années. Un vieux fichu de toile bleue retenait son épaisse natte de cheveux. Sous d’épais sourcils, gris de poussière, ses grands yeux aux aguets clignaient patiemment. Sur son visage cuivré et ruisselant de sueur se lisait la fatigue d’un long, d’un très long voyage. Il était absorbé dans ses pensées et ses traits tirés trahissaient l’amertume, à moins que ce ne fût l’épuisement.
Il se retournait sans cesse, s’arrêtant de temps en temps pour redresser son chargement. Mais à l’heure où le soleil caresse le sommet des montagnes, il sortit de la piste pour s’approcher de la rivière. Là, il posa son fusil dans l’herbe verte. Il détela son cheval et l’entrava, puis s’assit en tailleur à l’ombre du chariot et sortit une pipe de son deel. Tout en tirant de petites bouffées de fumée, il se mit à jouer avec les brins d’herbe. »
Livre deuxième (p. 261-262)
Livre troisième (p. 481-482)
Livre quatrième (p. 694-695)
« An IV.
Par un beau jour du premier mois de l’été, quatre ans après l’intronisation du Bogd par son peuple, un homme, la trentaine environ, menait un cheval attelé à son chariot sur la berge nord de la Grande Tamir.
Son deel imprégné de poussière et de sueur, tanné par le soleil et le vent, avait été tant de fois rapiécé qu’on eût dit un patchwork aux mille couleurs. Bien malin celui qui aurait pu deviner dans quelle étoffe il avait été taillé.
Robuste, large d’épaules, il portait en bandoulière un fusil à silex qui n’avait pas dû servir depuis des années. Un vieux fichu de toile bleue retenait son épaisse natte de cheveux. Sous d’épais sourcils, gris de poussière, ses grands yeux aux aguets clignaient patiemment. Sur son visage cuivré et ruisselant de sueur se lisait la fatigue d’un long, d’un très long voyage. Il était absorbé dans ses pensées et ses traits tirés trahissaient l’amertume, à moins que ce ne fût l’épuisement.
Il se retournait sans cesse, s’arrêtant de temps en temps pour redresser son chargement. Mais à l’heure où le soleil caresse le sommet des montagnes, il sortit de la piste pour s’approcher de la rivière. Là, il posa son fusil dans l’herbe verte. Il détela son cheval et l’entrava, puis s’assit en tailleur à l’ombre du chariot et sortit une pipe de son deel. Tout en tirant de petites bouffées de fumée, il se mit à jouer avec les brins d’herbe. »
(p. 37)
Livre deuxième (p. 261-262)
Livre troisième (p. 481-482)
Livre quatrième (p. 694-695)