« Hors collection »

  • Dersou Ouzala
  • Gagarine ou le rêve russe de l’espace
  • Courir l’Himalaya
  • Tamir aux eaux limpides (La)
  • Julien, la communion du berger
  • Lettres aux arbres
  • 100 Vues du Japon (Les)
  • Légende des Pôles (La)
  • 100 Objets du Japon (Les)
  • Chemins de Halage
  • Vivre branchée
  • Solidream
  • Cap-Vert
  • Voyage en Italique
  • Esprit du chemin (L’)
  • Testament des glaces (Le)
  • Un rêve éveillé
  • Pouyak
  • ?uvres autobiographiques
  • Périple de Beauchesne à la Terre de Feu (1698-1701)
Couverture
Le fauve sauvage :

« La journée avait mal commencé : Julien était fatigué et triste. À 6 ans, il prenait pleinement conscience d’être orphelin de mère. Ce n’était bien entendu pas une révélation, toutefois, à l’âge où l’on commence à s’inviter chez les uns et les autres, l’absence d’une mère ne passait pas inaperçue à ses yeux. Les gestes affectueux des mères vis-à-vis de leurs enfants, les douceurs et les attentions lui faisaient cruellement défaut. Sans parler de la présence permanente au foyer d’une maman qui gère les besoins de la famille. Certes, Marie était là, mais pas en permanence. Elle n’avait pas non plus l’âge d’être sa mère. De plus, elle pensait que c’était au père de donner de la tendresse à son fils. Alors, elle créait des situations propices à cela, sans grand succès, et limitait ses effusions. Quant à Christian, il s’occupait peu de son fils. Pas de geste affectueux, pas de câlins, peu de ces attentions qui donnent du baume à la vie : la tartine que l’on prend le temps de beurrer, les surprises que l’on offre, les jeux que l’on partage? Lorsque Marie n’était pas à la maison, il le nourrissait et le couchait. Christian éprouvait une sorte de gêne à s’occuper de son fils. Ils allaient dans la vie non pas comme père et fils, plutôt comme deux individus partageant la même habitation.
Pour une fois, Marie avait préparé un repas afin que Julien mange à la cantine, car elle avait dû s’absenter. Devant l’école, sans aucune raison puisque Marie s’occupait de Julien depuis toujours, ses camarades ne se retenaient pas de commenter :
— Il n’a même pas de maman. C’est une vieille qui s’occupe de lui. Il est déjà vieux. Moi, je suis amoureux de ma maman parce qu’elle est jolie, Julien est amoureux d’une vieille.
C’était vil, méchant, mesquin, déplacé. Bref, c’était puéril.
Il était facile de se moquer de Julien. Pas très grand, ni très costaud, pas méchant pour deux sous. Lorsqu’il était attaqué verbalement, sa technique consistait à esquiver, à aller jouer seul dans son coin. Solitaire chez lui, il avait du mal à s’intégrer dans les groupes. Il avait bien entendu des camarades, mais pas vraiment de copains. Il faisait un peu peur aussi : ses silences et cet air de chien battu qui se transformait en un visage insondable faisaient qu’on ne le demandait pas pour jouer. Dans des moments déterminés, son regard gris-bleu semblait percer le secret des autres, fouiller leur intimité pour trouver la faille, et poignarder. Même les adultes étaient parfois gênés, eux qui souhaitaient témoigner un peu de compassion au jeune orphelin. Sa froideur naturelle faisait qu’on le laissait seul. »
(p. 25-26)

La découverte de la montagne (p. 101-103)
Pierre, le berger (p. 146-147)
Extrait court
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